Emmanuel Macron , qui a déjà fait ce type d'annonce (mais en plus restreinte, puisque circonscrite aux écoles ''prioritaires'', environ 20 % d'entre elles) lors de la campagne des présidentielles, a pu juger du bénéfice politique qu'il a pu en tirer puisque c'est la principale mesure (sinon la seule importante) qui peut accréditer de son ''progressisme'' en matière d'école.
Il a bien retenu aussi que cette mesure ne peut avoir un effet durable que si le dédoublement au CP est suivi d'un dédoublement au CE1. Il a aussi peut-être intégré que la majorité des enfants d'origines socio-culturellement défavorisées ne sont pas accueillis dans des écoles jugées ''prioritaires'' et ne bénéficient donc pas actuellement de cette mesure.
Mais il se peut aussi qu'il s'exagère les effets bénéfiques de ces dédoublements (qui risquent malheureusement d'être moins importants que ce qui est le plus souvent attendu (comme le montrent les expériences qui ont eu lieu il y a quelques années , et comme le laisse déjà quelque peu entendre le ministère de l'Education nationale lui-même au vu des premières constatations).
Enfin et surtout, quid de l'augmentation substantielle (et relativement rapide) du nombre des professeurs des écoles que cela induirait, alors même que le Président de la République s'est prononcé pour une diminution du nombre des fonctionnaires d'Etat notamment?
Si l'on en juge par les indicateurs statistiques réunis dans le dernier ''Etat de l'Ecole en France'', le nombre d'élèves par classe (par ''section instituée'') a été en 2017 de 24,1 en préélémentaire public; de 23 en élémentaire public; de 25,3 en collège (hors SEGPA); de 29,3 en deuxième cycle général ou technologique; et de 18,5 en deuxième cycle professionnel.
Les évolutions importantes de taux d'encadrement passées montrent que cela prend nécessairement du temps et qu'elle ne peuvent avoir lieu que par des efforts (continus qui plus est...) dans différents domaines (investissements matériels qui ne prennent forme concrète que lentement , formation et financements importants de nouveaux personnels).
Dans le préélémentaire public, le nombre d'élèves par classe était en moyenne à hauteur de 43 élèves dans les années 1960. Il est passé de 43 à 30 élèves par classe de 1968 à 1978. Puis de 30 à environ 25 élèves par classe de 1978 à 1998. On est resté à peu près dans cet étiage là depuis.
Dans l'élémentaire, on est passé d'une moyenne de 30 élèves par classe en 1960 à 24 élèves en 1976. Puis on est resté à peu près là depuis
Le taux d'encadrement en collège est celui qui a le moins évolué dans le temps: depuis au moins les années 1970, il est resté fixé à un peu moins de 25 élèves par classe en moyenne (à 1% près, au-dessus ou en-dessous). Le taux d'encadrement du second cycle général et technologique s'est d'abord élevé lentement de 27 élèves par classe en moyenne de 1980 à 1990 pour revenir ensuite lentement au taux de 27 élèves par classe en 2000 et enfler à nouveau, à partir de 2010, vers le taux moyen d'au moins 29 élèves par classe atteint à nouveau il y a quelques années.
PS1: selon le journal "Les Echos'' du 15 janvier 2019, Emmanuel Macron a dit à Bougthéroulde ( Eure) : "On a cet objectif de 12 élèves par classe. Mon objectif c'est qu'on puisse arriver , dans toutes les classes de France, à avoir en CP-CE1, très peu d'élèves par classe''. Et il a cité des rectorats qui ont commencé à dédoubler des classes de CP et CE1''hors REP et REP+''
PS2: selon le site ''Educpros'', le 16 janvier 2019, lors de ses voeux à la presse spécialisée, le ministre de l'Education nationale a indiqué qu'"après les dédoublements de CP et CE1 en éducation prioritaire, il s'interrogera sur les possibilités de dédoublement en maternelle, en commençant par la grande section"
PS3: le chef de l'Etat et le ministre de l'Education nationale devraient débattre ensemble de toute urgence ( un Grand Débat National): lequel croire? Que croire?