Alors qu’une commission du Sénat travaille depuis le début de l’année sur une réforme éventuelle du bac et doit rendre ses conclusions en juin, et que le ministre Xavier Darcos vient de confier au recteur Jean-Paul de Gaudemar «la mission de préparer avec l’ensemble des partenaires concernés l’élaboration d’un nouveau lycée général et technologique» (cadre de travail à préciser le 10 juillet prochain) Nicolas Sarkozy se précipite au mépris ouvert de toute concertation véritable.
Au nom d’une prétendue directive européenne, le gouvernement français vient de faire adopter par le Parlement, dans un texte de loi destiné en principe à lutter contre les discriminations, un article qui permet d’organiser «des enseignements par regroupement des élèves en fonction de leur sexe».
Sarkozy, Fillon et l’UMP avaient multiplié les signes d’ouverture en direction des enseignants au moment des élections présidentielles. Mais la dure réalité les rattrape : les enseignants se sont très fortement et profondément mobilisés contre leur politique effective.
Elle s’inscrit évidemment dans le cadre imposé des suppressions de poste. Mais il ne sera pas si facile de s’y opposer parce qu’elle s’inscrit également dans une longue évolution structurelle et organisationnelle. Ainsi, comme l’a dit Nicolas Sarkozy, ce seront " les réformes qui permettront les réductions de postes ".
Si l’on en croit les sondages, la seule question pour laquelle les Français sont partagés quant aux conséquences de Mai 68 est celle de l’Ecole, notamment pour ce qui concerne l’autorité et la discipline. Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos n’ont pas manqué de tenter d’exploiter le filon,
C’est par cette expression que le grand historien Lucien Febvre désignait la pièce maîtresse qui fait l’originalité (pour le meilleur, mais aussi pour le pire) du système éducatif français, à savoir l’enseignement secondaire, et en particulier l’ensemble des lycées avec leurs pseudopodes dans le supérieur (classes préparatoires aux grandes écoles ou sections de techniciens supérieurs). Et ce cœur même de la singularité de l’Ecole française est tout particulièrement bien irrigué par le sang des temps modernes : l’argent.
Les luttes engagées contre la décision de supprimer 11200 postes d’enseignants sont particulièrement intenses dans l’ordre d’enseignement qui coûte le plus cher et qui est le mieux doté, à savoir le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, les lycées.