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Billet de blog 28 mars 2015

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Soutien aux salariés de Radio-France

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A vous tou(te)s qui faites de Radio-France une compagnie de chaque jour,

Quelle frustration de ne pas savoir comment concrètement soutenir votre lutte !

J’écoute avec frayeur ce qui vous arrive.

Je suis belge, et il y a encore quelques année, j’étais fière de notre radio de service public, la RTBF. Et puis certains ont eu l’idée qu’il fallait moderniser, dépoussiérer, rentabiliser … Et il ne fallait pas s’y opposer sous peine de passer pour ringard, ou protectionniste !

Aujourd’hui, lors de mes rares tentatives d’écouter les voix de chez moi, je tombe sur une page de pub qui me décourage de continuer, où j’entends une émission rediffusée pour la X ème fois … ou j’entends ce que j’ai vu à télé (Et oui, chez nous, la radio et la télé sont toujours liées)

Les voix anciennes se sont tues peu à peu, poussées vers une retraite prématurée, et leur savoir faire s’en est allé avec eux. Qui pour encore faire de la fiction radiophonique ? Qui pour nous éveiller aux mathématiques, à la philosophie, à l’intelligence ? Qui pour nous faire rencontrer des gens plutôt que des " people " ? Le placement de produit a peu à peu remplacé la liberté d’expression, et les nouvelles voix se doivent d’être de beaux visages. Où est-il encore possible de voyager avec les oreilles ?

À Radio-France, mais pour combien de temps ?

Qui peut penser que les fidèles auditeurs n’ont pas remarqué que les émissions de vacances ne sont plus les laboratoires des saisons futures ? Que les émissions de nuit, ces moments privilégiés pour rencontrer des " éveillés " particuliers, ces émissions de nuit laissent la place peu à peu à des rediffusions de la journée …

L’autre maladie qui menace la radio est l’image. Pourquoi faut-il absolument voir tout ce qu’on entend ? Au risque de modifier la parole des intervenants, de distraire l’auditeur du propos, et sous prétexte de séduire l’audimat, un grand public qu’on pense trop bête pour comprendre sans un peu de " fun " .

Oui, je suis effrayée.

Votre combat est celui de chacun de nous contre un monde qui tente encore de cacher l’idéologie qui dirige ses choix. Nous, je veux dire ceux qui n’ont pas les moyens d’ignorer des préoccupations bassement matérielles telles que où dormir, que manger, quel avenir donner à nos enfants …

La radio nous aide à mieux vivre dans ce monde, ne serait-ce qu’en nous prouvant que le " service public " vit toujours, que cette notion a toujours un sens, et que l’idée pourrait renaître dans les domaines d’où on l’a chassée.

Je pense à vous tous. Aux voix qui me sont familières, mais aussi à toutes ces mains qui construisent la radio de demain. N’en déplaise à certains, elle sera humaine et généreuse, ou elle ne sera que bruit.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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