17/05/2011 à 09h42 - mis à jour le 17/05/2011 à 10h26 | 2624 vues
La candidature de Dominique Strauss-Kahn à la présidentielle était une baudruche virtuelle, gonflée par les sondages et manipulée par une équipe de communicants. Stéphane Fouks, Gilles Finchelstein, Ramzi Khiroun... d'EuroRSCG après s'être précipités à Washington pour gérer la crise ouverte par l'affaire Piroska Nagy et redonner une virginité à leur champion s'employaient depuis à imposer l'idée d'un DSK indispensable à la France et seul en mesure de battre l'actuel président.
Martine Aubry a pâti de cette entreprise. Et sans doute peut-on lui reprocher d'en avoir été comme intimidée. En mars, alors qu'elle montait dans les sondages, qu'elle venait de présenter le programme du PS dont elle avait présidé à l'élaboration, elle se refusait à se déclarer la mieux placée pour le défendre. Au nom d'un regrettable "pacte" passé avec Strauss-Kahn, elle semblait encore attendre le feu vert du patron du FMI pour se déclarer candidate aux primaires.
Or, à peu près au même moment,, une déclaration d'Anne Sinclair ici, un communiqué d'EuroRSCG là s'employaient à faire croire imminente la candidature de DSK à ces mêmes primaires, ôtaient pratiquement à Martine Aubry tous les micros et déplaçaient vers Washington tous les projecteurs.
On voit maintenant pour quel spectacle,hélas ! Mais les images d'aujourd'hui et leurs ravages pas plus que les sondages d'hier ne doivent nous masquer l'essentiel. Contrairement à ce qu'affirme Sophie Landrin dans le Monde daté de ce mardi, le PS a bien un candidat "dominant". Et ce candidat, qui doit se déclarer, c'est Martine Aubry.
Et tout simplement d'abord parce qu'elle est au PS la première. La Première Secrétaire qui dirige depuis deux ans d'une main ferme ce parti composite toujours enclin aux divisions.
Si le PS a d'abord besoin d'un candidat de rassemblement, Martine Aubry a montré dès longtemps qu'elle l'était. Sa candidature à la tête du parti a d'abord été une candidature de rassemblement, de la gauche hamoniste à la droite strauss-khannienne ou hollandiste. Même si les royalistes ont perdu la direction, on ne peut nier que Martine Aubry ait fait beaucoup pour les maintenir dans le parti et redonner un rôle à leur championne.
Ce rassemblement, on l'a vu aux régionales, aux cantonales mais aussi pendant la bataille sur les retraites, va bien au-delà du PS. On a vu que Martine Aubry était le seul premier secrétaire depuis Mitterrand et peut-être encore mieux que lui à pouvoir parler au nom de toute la gauche, au moins celle qui se veut de gouvernement. Le Parti de Gauche de Mélenchon, les communistes et les écologistes ont tous reconnu à Martine Aubry le leadership dans la bataille des régionales. Martine Aubry s'est retrouvé avec les chefs de ces mêmes partis en tête des principaux cortèges contre la réforme des retraites. C'est au nom de ces partis comme du PS qu'elle a formulé les contre-propositions au plan Woerth-Sarkozy. Avec eux toujours, elle vient de mener victorieusement la bataille des cantonales.
Mais Martine Aubry n'est pas seulement une rassembleuse, c'est une travailleuse et, cela va de pair, une travailleuse en équipe. Le programme qu'elle a présenté début mars n'est pas spécifiquement le sien mais c'est celui dont elle a suscité et organisé l'élaboration. Si les candidats des primaires peuvent justement s'appuyer sur le socle d'un programme avant de présenter la façon personnelle dont ils le mettront en oeuvre c'est d'abord grâce à Martine Aubry.
Alors Martine Aubry, justement parce qu'elle est la plus apte, la plus légitime et la plus rassembleuse, doit se déclarer candidate à ses primaires dans les plus brefs délais. Aucune considération ne doit plus désormais la faire hésiter. François Hollande qui semble avoir aujourd'hui le vent des sondages en poupe n'a pas eu scrupule à devancer depuis deux mois le calendrier pour se lancer dans sa campagne. La faiblesse de son charisme, son incapacité naguère à imposer la discipline dans le parti, la droitisation de son programme, tout cela ne va pas tarder à réapparaître. La gauche, dans la bataille décisive qui approche, doit non seulement serrer les rangs mais aussi choisir un champion de trempe.
Martine Aubry est celui-là. On l'attend dans l'arène plus que jamais.
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