Mohammed Merah :les mots pour dire les meurtres
S'il est avéré que Mohammed Merah a tué les trois militaires français et les trois enfants juifs, il est essentiel de ne pas confondre ces actes dans le même degré de réprobation. Merah a très vraisemblablement épousé la cause afghane qui n'est pas une cause religieuse mais qui est celle d'un peuple envahi et occupé depuis douze ans, vivant -au moins dans les deux tiers du pays- dans un état permanent d'humiliation et de peur. L'armée française est complice et responsable à un certain niveau de cet état. Il n'est donc pas anormal qu'elle soit la cible de ceux qui veulent y mettre fin. Ne cherchez donc pas de barbarie là. Cette barbarie existe dans le cas des meurtres d'enfants juifs. Mais elle n'est pas pire que la barbarie d'Etat, toujours impunie, de ceux qui ont laissé envoyer des bombes au phosphore dans des lieux dont les enfants palestiniens ne pouvaient s'échapper...
Il est vrai cependant que , dans le cas des meurtres d'enfants, la barbarie des uns laisse intacte la barbarie des autres, que la loi du talion poussée à ses extrêmes qui fait immoler les innocents d'un camp pour venger les innocents de l'autre doit être condamnée sans la moindre réserve.
Pour les meurtres de militaires, disons qu'un contexte international différent les rendrait moins compréhensibles. Où l'on rejoint la politique et apprécie la différence entre le candidat François Hollande qui a pris l'engagement de retirer les troupes d'Afghanistan dès qu'il sera élu et le candidat Sarkozy qui ne l'a pas pris. Hollande appelle à l'unité face à la barbarie. Je l'entends d'autant plus volontiers qu'il semble avoir compris l'essentiel : il faut extraire la barbarie de soi pour la faire apparaître, avec son acception première, étrangère à l'humanité.