24/05/2011 à 16h25 - mis à jour le 25/05/2011 à 11h16 | 6952 vues | 56 réactions
Si l'on dit qu'il vaut mieux tard que jamais, il vaut mieux aussi tôt que trop tard. Après l'affaire Piroska Nagy, après les révélations de Tristane Banon confirmées par sa mère, Anne Mansouret, la situation de DSK comme possible candidat à la présidentielle paraissait dores et déjà hypothéquée.
Quel que soit le savoir faire de l'agence de communication Euro RSCG qui s'est employée à promouvoir ce grand bourgeois social-libéraliste, elle n'aurait pas empêché que les "fragilités" du personnage ne soient mis à jour dans une campagne présidentielle qui s'annonce sans concession (cf. la note compromettante que l'Elysée a voulu faire fuiter).
ont passé en boucle l'image de DSK devant sa juge. Les journaux nationaux l'ont également montrée. Ils n'avaient pas à le faire. Le fait que ces images existaient n'est pas un argument recevable.
Les télévisions françaises qui accordent plus de 60% de leur grille à des programmes venus d'Amérique doivent-elles en plus se laisser imposer les images d'actualité par les Américains alors qu'elles sont en France à la limite de la légalité ?
Ceci dit, si DSK était fortement soupçonné d'être coupable, sa fortune, son rang de directeur du FMI, sa situation de candidat potentiel aux primaires socialistes ne lui donnaient droit à aucun ménagement. Des amis de DSK en ont réclamé. Certains ont eu des réflexions goujates sur la présumée victime.
D'autres, comme Michèle Sabban par exemple, membre de la direction du PS et vice-présidente de la région d'ile de France, ont ajouté au mépris porté à la dénonciatrice une attitude envers des accusateurs de Strauss-Kahn qui est irresponsable et sanctionnable.
Cette strauss-kahnienne a été jusqu'à demander l'exclusion du parti socialiste d'Anne Mansouret du seul fait que cette femme a confirmé les accusations publiques portées naguère par sa fille, Tristane Banon, contre DSK. Mais le comportement répréhensible de quelques personnalités socialistes très engagées auprès de Strauss-Kahn ne doit pas faire oublier la "décence" pour reprendre le mot de Benoit Hamon de la grande majorité des socialistes, responsables ou militants.
Ceux-ci, dans leur majorité d'ailleurs, ne sont pas strauss-kahniens. Les royalistes qui avaient en 2006 choisi la présidente du Poitou contre DSK aux primaires ne le sont pas. Les hamonistes, à la gauche du parti, ont multiplié les jugements sévères contre le président du FMI et le défenseur de la retraite à 62 ans. Les aubryistes, enfin ceux qui se sont déclarés pour la candidature de Martine Aubry avant le 15 mai, ne le sont sans doute pas non plus dans leur majorité. Les hollandais sont sur une position politique presque aussi droitière mais préfèrent leur champion.
A mon sens, DSK aurait été battu s'il s'était présenté aux primaires. Martine Aubry, qui prenait le chemin de l'affronter, était déjà pour moi la vainqueur potentielle. Son absence n'a en tout cas rien de bouleversant pour le Parti socialiste, fort bien géré par Martine Aubry et qui est sans doute dans un des meilleurs états qu'il ait jamais connus. Les élections régionales et cantonales l'ont placé sur les rails qui mènent à la victoire.
A un an des présidentielles, il s'est mis d'accord sur un programme solide et entraînant, acceptable pour toute la gauche et qui peut rassembler au-delà parmi les déçus du sarkozysme. Les dissensions qui subsistent en son sein sont même tout à fait normales tant que les primaires n'ont pas eu lieu. Et celles-ci se dérouleront sans précipitations à la date prévue.
Mais oui, le PS est en forme et Martine, à sa tête, laisse enfin parler son envie. Que demande le peuple ?
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