Dans un communiqué en date du 1er octobre 2023 , le Comité de défense (avocats) annonce que Chäima Issa, comparaît, le 3 octobre 2023, devant le Tribunal militaire. Elle est poursuivie pour des déclarations faites à une station de radio lors d’une manifestation organisée en mai 2023 par le Front du salut national à la cité de Mnihla, concernant notamment le président de la République et l’institution militaire. Elle est accusée de complot contre la sûreté de l’État, incitation à la désobéissance civile et autres faits à caractère criminel.
Chäima Issa a été arrêtée le 22 février 2023 et détenue à la prison des femmes de La Manouba (proche de Tunis) pour une autre affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État » (voir le dossier du CRLDHT, Tunisie, le retour de la répression, juin 2023) dans laquelle sont également poursuivis Jaouhar ben Mbarek (en grève de la faim depuis le 25 septembre 2023), Khayem Turki, Ghazi Chaouachi, Issam Chabbi, Abdelhamid Jelassi , Kamel Letaief, Ridha Belhaj et Lazhar Akremi. Ce dernier a bénéficié, le 13 juillet 2023, ainsi que Cheima AISSA d’une libération provisoire assortie d'une interdiction de toute déclaration et de toute participation à des manifestations publiques.
Fille du peintre et ancien prisonnier politique, Aïssa Ibrahim, Chäima Issa est une activiste politique indépendante et la première femme prisonnière politique dans la Tunisie de l’après-révolution. Elle est membre du « Front du Salut » qui regroupe des partis politiques tels que Ennahdha, Itilef Al Karama, Qalb tounes ainsi que des personnalités indépendantes. C. Aïssa est l’une des figures marquantes du collectif « Citoyens contre le coup d’État » constitué au lendemain du coup de force de K. Saïed, le 25 juillet 2021. Elle a étudié les Beaux-arts à Tunis et à Rome puis la théologie à l’université de Zeitouna à Tunis et à l’université de Paris. Elle a un fils, Jazza.
Le CRLDHT exprime sa solidarité avec l'activiste Chäima Issa et réclame sa relaxe. Il dénonce le recours à la justice militaire pour poursuivre des civils dans des supposées affaires qui relèvent uniquement de la liberté d’expression. Il exprime à son tour sa grande reconnaissance au Comité de défense des prisonniers politiques, qui a démontré leur innocence et a révélé la vacuité du dossier d'accusation, ses étranges contradictions et les nombreuses transgressions qui ont accompagné l'arrestation et l'emprisonnement de l'ensemble des personnes ici citées. Il appelle à renforcer la mobilisation pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie.
Paris, le 2 octobre 2023
Consultez ici le rapport complet en format pdf sur la répression en Tunisie :
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