Le résultat électoral du 7 juin 2009 n'est pas un accident, mais une confirmation: celle de l'incapacité collective des socialistes à se réinventer un avenir, un projet, une vision. Pour la gauche tout entière, cet état de fait n'est pas une bonne nouvelle, tant son avenir dépend du sort d'un parti qui, depuis près de quarante ans, y occupe la place centrale. Encore moins quand nos sociétés affrontent une crise historique. Voici une réflexion de parti pris en forme de lettre ouverte aux dirigeants socialistes.
A ceux qui nous auraient trouvé excessif dans notre chronique des coups d’Etat à froid de la présidence Sarkozy, de ses attaques entêtées contre notre démocratie: en voici un nouvel exemple stupéfiant. Au détour du projet de loi de programmation militaire 2009-2014, le pouvoir veut à la fois étendre et barricader le secret défense, de façon à entraver les éventuelles curiosités de la justice. Il s’agit ni plus ni moins que de créer des forteresses hors du droit, à l’abri desquelles le pouvoir exécutif pourra enfouir ses secrets en toute impunité. Troisième épisode, non prévu à l'origine, de notre série «Qui arrêtera cette présidence?»
Ce qui distingue Nicolas Sarkozy des présidents qui l'ont précédé, par-delà une commune personnalisation du pouvoir, c'est de n'avoir aucun sens des limites imposées, en démocratie, au pouvoir exécutif. A lui, le mouvement et l'action, quels qu'ils soient ; aux autres le conservatisme et l'immobilisme. Ce faisant, cette présidence nous habitue à une pensée antidémocratique, et c'est son coup d'Etat essentiel, le plus inquiétant, le plus dangereux pour l'avenir.