Damien Gautreau (avatar)

Damien Gautreau

Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques

Abonné·e de Mediapart

53 Billets

3 Éditions

Billet de blog 6 juin 2017

Damien Gautreau (avatar)

Damien Gautreau

Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques

Abonné·e de Mediapart

La Réunion est-elle si tolérante ?

La société réunionnaise passe pour être ouverte est accueillante mais cette réputation se vérifie-t-elle encore aujourd’hui ?

Damien Gautreau (avatar)

Damien Gautreau

Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’île de la Réunion, ancienne colonie Bourbon dans l’Océan Indien, passe pour être un département où il fait bon vivre et ce quelles que soient ses origines ou sa religion. Si la société réunionnaise est clairement cosmopolite et métissée, sa tradition de tolérance semble pourtant s’amenuir. On trouve toujours une multitude d’origines ethniques, du Créole au Zoreille en passant par l’Indien, le Chinois, le Mahorais ou le Mauricien. On trouve toujours, parfois à quelques mètres d’écart, des églises, des temples bouddhistes ou tamouls et des mosquées. Mais qui dit multitude d’origines ou de pratiques ne dit pas nécessairement mélange. En effet, les différents groupes coexistent sans jamais se mélanger. Les mariages entre membres de communautés différentes sont rares et même inenvisageables dans certaines configuration (mariage entre hindous et musulmans). De même les différents secteurs d’activités sont entre les mains de communautés spécifiques. Ainsi, les Indiens contrôlent le commerce tandis que la politique est réservée aux Créoles.

Certaines communautés sont moins appréciées que d’autres. Les Mahorais sont généralement mal vus par les Réunionnais qui leurs reprochent d’être des « profiteurs », des « voleurs » et autres qualificatifs péjoratifs. La passage de Mayotte en département n'a pas changé les choses, la communauté mahoraise demeure stigmatisée alors qu'elle représente moins de 1% de la population de la Réunion. D’une manière générale, on constate que les populations noires se retrouvent principalement en bas de l’échelle sociale.

La Réunion est traditionnellement une terre de gauche. Pourtant, la paysage politique change et le Front National y fait une percée inquiétante. Lors du scrutin présidentielle de 2017, Marine Le Pen obtient 23,46 % des suffrages exprimés au premier tour et 39,75 % au second. Résultats en hausse donc puisqu'elle n'obtenait en 2012 « que »10,31 %.

Dans le contexte d’augmentation significative de l'islamophobie en France, l’île de la Réunion n'échappe pas à la règle. La communauté musulmane (environ 5% de la population) est organisée et visible. Les Réunionnais musulmans, principalement d’origine indienne1, affirment leur croyance et cela semble déranger de plus en plus de monde sur l’île. Là aussi, un prétendu « refus d'intégration » est mis en avant. Ces reproches vont pourtant à l'encontre de la liberté religieuse.

Si la Réunion reste une île accueillante, la diversité est donc pointé du doigt et l'île semble être tentée par un repli communautaire pourtant contraire à son histoire.

1 Localement appelés « Zarabes »

Illustration 1

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.