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Billet de blog 1 juin 2018

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« Et les colosses tomberont » de Laurent Gaudé, quand le peuple descend dans la rue

Qu'elle vienne du théâtre ou du roman, l'œuvre de Laurent Gaudé est éminemment politique. Ce n’est pas sa dernière pièce « Et les colosses tomberont », nec plus ultra dans ce domaine, qui nous démentira.

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Davantage connu du grand public pour son prix Goncourt, Le soleil des Scorta, que pour son théâtre, cet auteur a pourtant écrit sa première pièce, Onysos le furieux en 1997. Nous retrouvons déjà, dans cette histoire mi-humaine, mi-divine, une épopée antique au cœur de la cité, chère à cet auteur bardé de prix et récompenses.

L’allusion au théâtre Grec s’exprime dans son texte Et les colosses tomberont par des personnages contemporains, qui forment un chœur dans la ville, apparaissant le temps d'une scène ou d'un dialogue. Ces gens forment une foule, une voix collective qui fait récit. C'est le peuple. C'est l'histoire.

Le peuple veut la chute du régime !

Un peuple écrasé par la dictature d'un pays dirigé par l'arbitraire et la corruption. Un peuple où s’immole un homme au milieu d'une rue, poussé à bout par la rudesse de la vie. Un peuple qui met en avant un enfant qui devient peu à peu aveugle. L'homme c'est l'étincelle. L’enfant c’est le symbole d’une révolution qui ne laisse personne derrière elle : « une goutte d’eau qui devient un torrent de contestation sans frontière qu’on appellera le « Printemps arabe ». Le peuple fait partie d'un tout plus grand que lui, plus fort que tout quand il descend dans la rue. Chacun découvre le goût de la liberté : «  (…) écoute, là, maintenant, la ville est à nous. Pendant quelques heures. À nous seuls. On a gagné. Écoute. »

«  Les nouvelles nuits de Varenne »

Le titre de la pièce trouve sa source à partir d’un texte essentiel, Discours de la servitude volontaire écrit par La Boétie (1530-1563). Voici un petit résumé significatif : «  (…) ne le soutenez plus (le roi), et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.»

Laurent Gaudé nous raconte de manière magistrale, à travers le personnage de Mohamed Bouazizi, l’homme étincelle revenu devant le peuple, puis parmi lui. Les cris qui font tomber. Les rires qui font fuir les tyrans dans les "nouvelles nuits de Varenne" où du jour au lendemain, c'est la vacance, plus rien : "comme un souffle de vie, de rage, de jeunesse et d'esprit. Il faudra les dire* : al chaab yourid'iskat alnizam !"

*Slogan des révolutions arabes : Le peuple veut la chute du régime !

Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2003 le prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta. Son œuvre, traduite dans le monde entier, est publiée par Actes Sud.

Et les colosses tomberont de Laurent Gaudé

Actes Sud Papiers

Hors collection

Mai, 2018

56 pages

Prix indicatif : 12, 00€ 

https://www.actes-sud.fr/catalogue/pieces/et-les-colosses-tomberont

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