Le texte de Mayenburg s’oppose à l’uniformisation du monde et cherche un espoir de poésie et de différence.
Le moche a pour personnage principal Lette un ingénieur créateur de systèmes de sécurité. Il est talentueux dans son travail et bien marier. Il apprend par son patron, le jour où il doit présenter en public sa dernière trouvaille, que cela ne sera pas possible. La raison ? Il est trop laid. Ce sera son assistant, bien moins compétent, mais plus beau, qui présentera le nouveau projet. Après la confirmation par sa femme que son visage a toujours été « catastrophique », Lette décide, sans l’ombre d’un doute, de subir une opération chirurgicale. Il devient alors irrésistible. Son chirurgien utilise même son image qui devient une marque déposée. Les riches investisseuses et les fans affluent vers cette nouvelle idole. Mais la gloire ne va pas durer…
Nathalie Sandoz propose un spectacle qui nous cause souci. Sa mise en scène semble confondre vitesse et précipitation. Le rythme dramatique trouve bien le liant des scènes, mais le sens des actions n’arrive pas à jouer l’objectif de la situation. Les personnages n’ont pas le temps d’être autres. Les étapes du jeu d’acteur sont allègrement sautées. L’interprétation est la même que l’on soit Fanny ou une vieille dame, Karlmann ou le fils de la vieille … D’où la confusion chez beaucoup de spectateurs. Peut-être aussi que l’utilisation de la scénographie n’aide pas. Ce qui pourrait être une boîte magique à faire venir les clones de la chirurgie esthétique, la beauté, le pouvoir, devient un piège qui se referme sur des clichés loin de la vraisemblance d’une horlogerie théâtrale bien huilée. Le but de rechercher le délire du paraître dans un monde cupide, va bien dans le bon sens, mais se réduit à peau de chagrin quand la chose est surjouée, dans une vaine agitation. Nous aurions aimé voir justement ce dont parle Mayenburg : « (…) la mise en valeur des défauts, des soi-disant tares de chaque individu, un espoir de poésie et de différence ».
Le Moche de Marius von Mayenburg
Du 4 au 29 janvier 2017
Mise en scène : Nathalie Sandoz
Scénographie : Neda Loncarevic
Lumières et vidéo : Philippe Maeder
Univers sonore : Cédric Liardet
Costumes : Diane Grosset
Maquillages : Nathalie Mouschnino
Médiation : Carine Baillod
Régie technique : Julien Dick
Diffusion : Julie Visinand
Jeu : Nathalie Jeannet, Guillaume Marquet, Gilles Tschudi et Raphaël Tschudi
COPRODUCTION
Théâtre du Passage – Neuchâtel
Théâtre populaire romand, Centre neuchâtelois des arts vivants – La Chaux-de-Fonds
Coréalisation Théâtre de l’Atalante
Théâtre de l’Atalante
10 place Charles Dullin, 75018 Paris