Réunion autour de l’intitulé des licences d’ethnologie-anthropologie
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
10 Septembre 2013
Participants
Représentants du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Jacques Fontanille, Conseiller auprès de la Ministre
Dominique Pistorio, DGESIP, Chef de Département des Habilitations et des Accréditations,
Rachel-Marie Pradeilles-Duval, DGESIP, adjointe au chef du Service de la Stratégie de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle (Jean-Michel Jolion).
Délégation représentative de la pétition « Pour la Promotion de l’Ethnologie »
Philippe Chaudat, Maître de Conférences à l’Université Paris V, Directeur du Master Professionnel « Expertise ethnologique en projets culturels et touristiques ».
Grégory Delaplace, Maître de Conférences à l’Université Paris Ouest, Directeur du Département d’Anthropologie, responsable de la formation de licence.
Dejan Dimitrijevic, Professeur des Universités à l’Université de Nice, Directeur du Master d’Ethnologie « Transformations des sociétés contemporaines », membre du CNU section 20.
Jean-François Gossiaux, Directeur d’Etudes à l’EHESS, ancien directeur adjoint SHS, CNRS.
Jacques Fontanille, Conseiller auprès de la Ministre, ouvre la réunion, en annonce l’objet et donne la parole à la délégation pour présenter son rapport. Un document intitulé Les licences d’ethnologie-anthropologie en France. État des lieux – Propositions, est distribué aux représentants du ministère. Dejan Dimitrijevic explicite le projet et en développe les principaux points.
Les formations de licence d’anthropologie et d’ethnologie en France :
Éclaircissement sur les emplois des termes « anthropologie » et « ethnologie », et sur la nécessité d'utiliser les deux termes conjointement comme intitulé officiel de la discipline ;
La place de la pluridisciplinarité dans les formations d’ethnologie et d’anthropologie ;
Présentation de la proposition de mention « sciences de l’Homme et ethnologie-anthropologie ».
Cette proposition s’inscrit dans l'esprit de la réforme, tel qu’il a été exposé lors de la réunion précédente. Elle a été développée en tenant compte des intérêts des étudiants, de la discipline, de l'Université et des besoins socio-professionnels auxquels une formation de ce type pourrait répondre.
Cette mention se fonde sur une double exigence : pluridisciplinarité d’une part (afin de faire bénéficier les étudiants en ethnologie-anthropologie d’une ouverture large vers le domaine des sciences humaines en général) et liberté de composition d’autre part (afin de permettre à chaque université de proposer un programme de licence selon ses ressources et ses particularités).
L’accent mis sur l’ouverture aux sciences de l’Homme dans les formations d’ethnologie-anthropologie vise d’une part à mettre en valeur une dimension déjà existante de ces formations (toutes les licences d’ethnologie-anthropologie en France incluent des enseignements de sciences humaines dans leur cursus) et d’autre part à encourager une ouverture vers des disciplines qui dépassent le cadre traditionnel des sciences humaines, comme les langues ou le droit (d’où le choix de l’intitulé sciences de l’Homme, plutôt que sciences humaines).
Cette mention vise ainsi à renforcer les potentialités actuelles de notre discipline et à ouvrir de nouvelles perspectives en termes de poursuite d’études et de débouchés :
en offrant aux étudiants les compétences nécessaires pour qu’ils puissent réussir dans les différents masters des disciplines partenaires de la formation ;
en favorisant l’émergence de formations qui contribuent aux grands débats des sociétés contemporaines, et en donnant des outils pour y intervenir professionnellement. Les licences d’ethnologie-anthropologie forment en effet des spécialistes dans deux domaines qui sont au centre des bouleversements sociaux contemporains : l’altérité socio-culturelle et l'organisation sociale. Cela pourrait être davantage valorisé sur le plan des débouchés de nos formations. Parmi les secteurs professionnels accessibles, les membres de la délégation ont plus particulièrement mis en avant ceux qui sont traditionnellement négligés et qui pourtant ouvrent le plus de perspectives : les champs de la politique de la ville, de l’action sociale, de la santé, de la formation et de l’éducation, mais aussi ceux du développement et du patrimoine, parmi bien d’autres possibles.
Dans un second temps, les représentants du Ministère formulent un certain nombre d’observations et de demandes de précision qui, indique J. Fontanille, n’interfèrent pas avec le processus en cours concernant la nomenclature, mais dont la teneur sera vraisemblablement reprise lors des procédures de certification au niveau des différentes universités. Ces questions portent principalement sur le contenu de la formation et notamment sur sa dimension pluridisciplinaire. Un consensus se dégage rapidement, qui définit la « pluridisciplinarité » dans ce contexte comme l’inclusion possible, et même souhaitable, de disciplines extérieures au domaine SHS (ALL, DEG, STS...) dans les enseignements de licence. Cependant, la question du schéma fait l’objet d’une discussion soutenue. La spécialisation progressive est admise comme principe de base, mais son application concrète peut prendre différents aspects. Deux possibilités principales, mais non exclusives, sont distinguées :
une pluridisciplinarité qui mènerait progressivement à une spécialisation unique en ethnologie-anthropologie au cours des trois années de la formation (schéma 3-2-1 : 3 disciplines en L1, puis deux en L2, puis une en L3).
une pluridisciplinarité plus importante qui aboutirait à une « double compétence » au terme de la licence (schéma 4-3-2 : 4 disciplines en L1, puis 3 en L2 et 2 en L3)
Par ailleurs, si les formations « pluridisciplinaires » envisagées proposent une « majeure » en ethnologie-anthropologie et une « mineure » dans une autre matière, quelles seront alors les possibilités de réorientation des étudiants vers leur composante « mineure » au niveau du master ? D’une manière générale, le ministère souhaite vivement que les licences « sciences de l’Homme et ethnologie-anthropologie » ne débouchent pas sur un seul master, ou seulement sur des masters de la même université. La licence mention « sciences de l'Homme et ethnologie-anthropologie » doit rendre possible la mobilité non seulement au sein de son Université d’origine mais aussi à l’échelle nationale.
Enfin, les représentants du Ministère insistent de nouveau sur la nécessité d’envisager des débouchés professionnels spécifiques au niveau licence, et posent la question de l’articulation de la licence générale et des licences professionnelles, avec des passerelles dans les deux sens. Ils concluent en mettant l’accent sur l’importance de la communication à destination des étudiants et sur la nécessité d’un accompagnement dans les processus d’orientation.
Le point essentiel de la réunion est l’acceptation par le Ministère de la mention de licence sciences de l’Homme et ethnologie-anthropologie. Cette acceptation est confirmée par J. Fontanille à la fin de réunion. La DGESIP se chargera de présenter cette mention au CNESER lors de sa réunion du 16 septembre et de proposer son intégration dans la nomenclature des licences. La décision sera définitivement actée lors de leur réunion mensuelle de décembre.
Dejan Dimitrijevic
Pour la délégation représentative de la Pétition « Pour la Promotion de l’Ethnologie »