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Billet de blog 24 février 2012

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Onirique (6) : le rêve, l’érotisme et la terreur

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A quand les philosophes, les logiciens dormants ?
André Breton
Chaque fois que je puis trouver trace de rêve, dans quelque œuvre que ce soit, je suis prêt à toutes les concessions. Le merveilleux, qu'il soit d'origine scientifique, littéraire, religieuse, m'a toujours captivé. Car, à chaque victoire de l'imagination sur le réel, un des liens qui retiennent notre esprit se détache et tombe. La libération commence et déjà on en aperçoit les conséquences formidables.
Raymond Queneau


   
Avant d’aborder la question de l’érotisme dans le rêve, je dois évoquer un problème rencontré et présenter deux sources qui m’ont été particulièrement utiles pour rédiger ce billet.
  
Le problème rencontré est celui de la grande rareté des récits de rêves érotiques écrits par des femmes (rareté qui contraste, d’ailleurs, avec l’abondante iconographie qui associe la dormeuse passive et le désir érotique). Les civilisations phallocentriques, si elles n’ont pu totalement abroger le culte des déesses (comme en témoigne le culte de la Vierge), auront néanmoins fait peser une censure sur la sexualité féminine, si puissante qu’elle semble retentir jusque dans l’espace du rêve. Il nous faudra donc faire avec une documentation lacunaire, tout en gardant à l’esprit que la femme, autant que l’homme, est sujette au rêve érotique, à l’orgasme onirique ou à l’émotion amoureuse dans le rêve.


Daniel Lezama, le songe de Tepeyac, 2003


      
Deux sources se sont imposées lors de la rédaction du billet : Artémidore d’Ephèse, onirocrite du IIe siècle après JC, et Emmanuel de Swedenborg, mystique du XVIIIe siècle. Ces deux auteurs nous ont laissé des récits de rêves érotiques, retranscrits avec une étonnante candeur, du seul que leur système d’interprétation des rêves les persuadait que ces songes parlaient d’autres choses que de sexualité. 
       
Ainsi, pour Artémidore, les rêves incestueux (1), unissant le fils et la mère, sont moins relatifs à la sexualité qu’aux choses diverses que la mère peut symboliser. Les rêves incestueux, affirme-t-il, sont d’heureux présage pour les chômeurs, les ouvriers et les artisans « car on appelle le métier "mère". » Ils le sont également pour les malades, parce que « la Nature est la mère commune de toutes choses. » Mais aussi - et peut-être surtout -, ils sont excellents pour les hommes politiques, « car la mère signifie la patrie. » Suétone ne rapporte-t-il pas que Jules César a « rêvé qu'il violait sa mère » et que les devins en conclurent que « ce songe lui annonçait l'empire du monde, cette mère qu'il avait vue soumise à lui n'étant autre que la terre, notre mère commune » (2). Il est aussi des cas, où ces rêves sont funestes, par exemple quand la mère est placée au dessus du fils, car la mère symbolise alors la terre qui ensevelira son enfant. Les rêves incestueux peuvent annoncer une détérioration de la relation père-fils et/ou un évènement funeste pour le père du rêveur : « Pénètre-t-on sa mère chair contre chair, dans la position que certains disent conforme à la nature et alors qu’elle vit encore, si le père qu’on a est bien portant, on sera en haine de son père à cause de la jalousie, qui existe aussi dans le cas des autres rivaux ; si le père est malade, il mourra : car celui qui a vu ce rêve aura la tutelle de sa mère à la fois comme fils et comme mari. » Ajoutons que pour Ibn Sîrîn, onirocrite musulman du VIIIe siècle, « faire l’amour avec sa propre mère, sa soeur ou toute autre proche parente avec laquelle il nous est interdit (haram) de nous unir signifie, en période de hajj [pèlerinage à la Mecque], mettre le pied sur le territoire sacré (ard el haram). Si la vision a lieu en dehors du hajj, elle signifie que l’on va rétablir des liens avec sa parenté et entretenir désormais avec elle de bonne relation » (3). Ces interprétations peuvent prêter à sourire, encore qu'elles ne soient pas forcement, au plan psychologique, toujours aberrantes.


Le Corrège, Vénus et l'Amour découverts par un satyre, 1528


       
Quand à Emmanuel de Swedenborg, mystique du XVIIIe siècle, il relate dans son journal des rêves érotiques, qu’il interprète comme des reflets oniriques de son cheminement vers l’amour de Dieu. Ainsi des rêves de la nuit du 25-26 avril 1743 : « Une femme mariée voulait m’avoir, mais j’en aimais une qui n’étais pas mariée ; la première se fâchait et me persécutait, mais je parvins tout de même à obtenir celle qui n’était pas mariée et fut avec elle, et l’aimai. Doit signifier mes pensées. Il y avait une femme qui avait une très belle propriété autour de laquelle nous marchions, une femme avec laquelle je devais me marier. C’était « pietas » ou, je crois, également « sapienta » qui possédait ces biens ; je fus aussi avec elle, lui fis l’amour de la façon habituelle, qui semblait avoir lieu pour le mariage lui-même. Comme aussi il me fut représenté, d’une certaine façon, que je ne devais pas me contaminer par d’autres livres qui concernent des propositions théologiques et autres ; car cela je le tiens des paroles de Dieu et de l’Esprit Saint » (4). Autrement dit, la femme mariée symbolise les textes des autres théologiens dont il lui faut s’éloigner, pour pouvoir accueillir les pensées neuves qui lui viennent directement de Dieu, et qui sont symbolisées par les demoiselles non mariées.


Rembrandt, Jupiter et Antiope, 1659


      
Son journal est révélateur d’une crise psychique radicale (peut-être une schizophrénie), qui va transformer un philosophe des Lumières plutôt matérialiste en un théosophe délirant. Il développera une « théologie » originale, qu’il exposera notamment dans son traité sur « les charmes de l'amour dans ce monde et dans l'autre », doctrine qui met le désir au cœur de la foi, l'amour profane lui semblant la voie royale vers l'amour de Dieu. Pour Swedenborg, le propre du désir est de tendre vers son propre épuisement : « la jouissance est devenue pour nous le tombeau du plaisir ; c'est de là qu'au désir succède l’indifférence, qui entraîne l'insensibilité, qui nous conduit au dégoût ; c'est de là que l'amant dans la couche de l'hymen, ne trouve plus les charmes qui l'ont séduit, & qu'il oublie les plaisirs de la veille, en s’effrayant d'avance de la répugnance du lendemain. » Swedenborg, imagine d’ailleurs, l'Au-delà comme un lieu où chaque homme, selon ce que furent ses plaisirs sur terre, est assigné à réaliser éternellement les mêmes désirs – par exemple, le gourmand est condamné à un banquet éternel, où il finit par s'ennuyer souverainement et s’écœurer de la nourriture. Le désir est un piège. Certes, il y a bien le pis-aller, qui consiste à toujours changer d'objet pour entretenir son désir, mais l'inconstance est source de bien des maux. Et de toute manière, on se retrouve dans l’Au-delà en enchaîner les conquêtes sexuelles et à trouver cela fort ennuyeux.
      
Pour « survivre » à la « jouissance », le désir doit subir une « transsubstantiation » par laquelle, le « principe d'amour » se transforme au contact au « principe de sagesse » et vice-versa. Pour Swedenborg, le masculin est animé par le « principe d'amour », principe qui pousse à posséder l’objet de désir et qui livré à lui-même se mue en impulsion brutale, mais qui trouve sa régulation si son désir se « transsubstantie » en assimilant le désir de faire du bien à l'autre (principe de sagesse). Pour dire la chose en termes plus contemporains : la pulsion (ou « principe d'amour »), chez l’homme, doit devenir plaisir de donner du plaisir, par désir de faire du bien (ou « principe de sagesse »). Le désir féminin, au contraire, est enraciné dans un « principe de sagesse » et il doit, lui aussi, subir une « transsubstantiation » au contact du « principe d'amour. » Ou si l'on préfère, l’aptitude féminine à faire du bien en accueillant le désir de l’autre (« principe de sagesse »), la femme doit l’érotiser pour en jouir elle-même (« principe d’amour ») (5). Les amants deviennent en quelque manière identiques puisque leurs désirs se sont tous deux hybridés par l’entremêlement des principes de sagesse et d’amour. Dans d’autres développements, Swedenborg affirme l’androgynéité des anges qui symbolisent cette « transsubstantiation » du désir. Swedenborg affirme un continuum entre le désir sexuel, l’amour profane et l’amour sacré. Et si les amants vivent heureux dans l’Au-delà, c’est parce que leur désir « transsubstantie » leur permet de sortir de la répétition qu’induit la quête de jouissance et les rends capables d’accueillir avec émerveillement les manifestations du sacré.


Constantin Andreevich Somov, Les amants, 1931


     
Voici l’un des rêves qui permis à Swedenborg d’asseoir sa conviction de l’existence d’un continuum reliant amour physique, l’amour profane et l’amour divin : « On me dicta quelque chose de saint qui se concluait par "sacrarium et sanctuarium". Je découvris que j’étais au lit, couché avec une femme qui disait : Si tu n’avais pas dit "sanctuarium", nous aurions fait la chose. Je me détournai d’elle, elle, de sa main toucha mon [membre] qui devint grand, grand comme il ne l’a jamais été, je me retournai, l’appliquai, il se plia mais se fraya pourtant un passage dedans ; elle dit qu’il était long, je réfléchissais pendant ce temps qu’il en adviendrait un enfant et éjaculai en merveille. Il y en avait une près du lit qui guettait, mais elle s’en alla tout de suite. Cela signifie un amour extrême pour le sacré, car tout amour tire de là son origine, est une "series" ; dans le corps, il est en fait la "projectione seminis" ; quand toute la semence est là, et pure, cela signifie l’amour pour "sapientia", la première femme symbolisait "veritate", toutefois, comme il y en avait une autre qui écoutait, cela ne se fit pas avant qu’elle fût partie. Signifie que là-dessus, il faut se taire et ne pas en parler, car pour l’entendement du siècle, c’est "impurum" alors qu’en soi c’est "purum" » (6)


Artemisia Gentileschi, Danae, 1612


        
Arrêtons-nous sur ce rêve riche en détails.


       
« Je découvris que j’étais au lit, couché avec une femme qui disait : Si tu n’avais pas dit "sanctuarium", nous aurions fait la chose. Je me détournai d’elle, elle, de sa main toucha mon [membre]... »
       


Balthus, La chambre, 1954


        
Le rêve érotique ne peut être réduit à un rêve avec des représentations sexuelles ou des allusions sexuelles. L’irruption du « sexuel » peut occasionner gêne et angoisse. Artémidore rapporte ce rêve : « Quelqu’un rêva qu’une femme ayant relevé sa robe, lui montrait son sexe. Cette femme devint pour lui la cause de beaucoup de maux ; car elle s’était découverte comme devant un être tout méprisable » (7). Rêve qui évoque les « Baudo », étudiées par G. Devereux (8), représentation de vulves exhibées qui représentaient, dans les religions antiques, la toute puissance du féminin, le vagin par lequel chacun est venu au monde.
        
Ce qui fait l’érotisme dans le rêve, c’est l’irruption des sensations corporelles. Alors que le rêveur est endormi, immobile, il se produit, sans la moindre action « mécanique » - et donc par la seule action de l’imagination -, des sensations corporelles très nette. Toute une mémoire « corporelle » semble alors mobilisée pour créer l’impression de « vrais » baisers, de « vrais » caresses, de « vrais » pénétrations, pour parfois aboutir à l’occasion à un véritable orgasme, qui chez l’homme, laisse des preuves indubitables dans les draps.


Karl Brioullov, le rêve de la nonne, 1831


       
Honoré de Mirabeau rapporte un rêve qui le laisse tout exaspéré de désir au réveil. Il le raconte dans une lettre adressée, depuis le donjon de Vincennes, où il est enfermé par lettre de cachet, à sa maîtresse Sophie de Monnier, elle-même enfermée dans une maison de force pour avoir abandonné son époux de 70 ans pour convoler avec Mirabeau : « Maintenant chaque nuit me rappelle quelques-uns des événemens passés de nos amours; souvent l’illusion est si forte, que je t’entends, je te vois, je te touche. Il y a trois jours que j’étais [en rêve] chez la Barbaud ; le jour même où tu consentis à me rendre heureux. Tout se retraça, ou plutôt se répéta à moi jusqu’aux plus petits détails. -ô dieux! Je frissonne encore d’amour et de volupté, quand j’y pense. Ta tête appuyée sur mes bras... ton beau cou, ton sein d’albâtre... livré à mes brûlans desirs : ma main, mon heureuse main ose s’égarer : je soulève ces remparts redoutables dont tu m’avais toujours écarté avec tant de soin... tes beaux yeux se ferment... tu palpites, tu frémis... Sophie... oserai-je? ô mon amie! Veux-tu faire mon bonheur? -tu ne réponds rien... tu caches ton visage dans mon sein... la volupté t’enivre, et la pudeur te tourmente... mes desirs me consument; j’expire... je renais... je te soulève dans mes bras... inutiles efforts! ... le parquet se dérobe à mes pieds... je dévore tes charmes et n’en puis jouir... l’amour rendait la victoire plus difficile pour en augmenter le prix. Ah! Ces obstacles étaient bien inutiles... d’importuns voisins m’ôtaient toutes les ressources... quels momens! Quelles delices! Que de contrainte! Que de transports étouffés! Que de demi-jouissances cueillies! » Et il ajoute dans une autre lettre : « ô mon amie! Ces rêves brûlans m’offrent l’objet que je désire; mais je n’en saurais jouir... s’ils donnent quelque plaisir, il est sitôt évanoui! Loin d’appaiser la soif qu’il procure, il ne sert qu’à la redoubler » (9).


Jean-Honoré Fragonard, Rêve d'amour, 1768


        
Ce récit ne va pas sans nous remémorer les rêves d’affamés évoqués dans le billet « le sein du rêve entre extase et cauchemar », que nous avions relié à l’aptitude du nourrisson à halluciner le sein. Nous avions constaté l’ambivalence du sein qui, tour à tour, peut-être le « bon sein » qui procure l’extase et le « mauvais sein » qui produit le cauchemar.
         
Dans le rêve, l’objet de désir, peut d’ailleurs soudainement se muer en objet inquiétant. Ainsi ce rêve de Kafka, où l’ardente palpation des cuisses d’une prostituée ne va d’ailleurs pas sans évoquer les pressions que le nourrisson exerce sur le sein pour faire venir le lait : « J’avais principalement affaire à la fille dont la tête pendait dans le vide, Max, à celle qui était couchée à sa gauche. Je palpai ses jambes, puis me contentai de presser le haut de ses cuisses sur un rythme régulier. J’en tirai un si grand plaisir que je m’étonnai de n’avoir encore rien à payer pour ce divertissement, qui était justement le plus agréable. J’étais persuadé que je dupais le monde (et que j’étais le seul à le faire). Puis la fille, sans bouger les jambes, redressa le buste et me tourna le dos, un dos qui, à mon grand effroi, était couvert de grands cercles d’un rouge de cire à cacheter dont les bords pâlissaient, et d’éclaboussures rouges disséminées dans les intervalles » (10). De même que le lait peut être empoisonné, la partenaire onirique peut soudainement apparaître comme un être corrompue. Dans un retournement ultime le « bon sein » tété peut devenir une bouche ogresse, d’où l’apparition de vulve dentée, image du « Vagina dentata » étudié par Mircea Eliade, et qui dans des religions primitive représente la bouche-utérus de la Terre-mère (11). Ainsi, dans ce rêve d’Edmond de Goncourt qui voit paraître une actrice nue : « Alors elle se mettait à danser et, en dansant, faisait des écarts, qui montraient ses parties naturelles armées de la plus terrible mâchoire qui se puisse imaginer et s’ouvrant et se fermant » (12).


            
« elle, de sa main toucha mon [membre] qui devint grand, grand comme il ne l’a jamais été »

Satyres et femme endormie


        
 
      
Il est question d’un membre disproportionné, ce qui ne va sans évoquer ce que nous avons appelé, dans « rêver par delà le genre », le « Moi image », c’est-à-dire cette aptitude du rêveur à s’approprier des images corporelles autre que la sienne, surtout si celles-ci lui insuffle en lui un sentiment narcissique de toute puissance.
       
Des rêves cités par Artémidore, montre que le rêveur peut se trouver doter d’organes sexuels métamorphosés : « Un homme rêva qu’il avait le membre viril en fer. Il lui naquit un fils, et ce fils le tua. Car le fer lui aussi périt du fait de la rouille qui se forme en lui » ; « Un homme rêva qu’il avait trois phallus. Il était esclave et fut affranchi, et ainsi il acquis trois nom au lieu d’un seul, ayant pris en plus les deux noms de celui qui l’avait affranchis. » De même que l’enfant qui joue prête parfois une « personnalité » à son jouet, le rêveur peut attribué à son sexe la qualité d’être vivant à part entière : « Un homme rêva qu’il donnait à son membre viril des bouchées de pain et de fromage comme à un animal favori. Il mourut d’une maladie honteuse. Alors qu’il fallait porter la nourriture à la bouche, il la portait à son membre, comme s’il laissait entendre qu’il n’avait ni visage ni bouche. » Le pénis peut aussi se « vaginiser » selon le désir du rêveur : « Un homme rêva que son membre viril s’était couvert de poils jusqu’à l’extrême pointe et qu’il était très velu, une toison extrême ayant poussé là tout soudain. Il devint un prostitué notoire et se livra à toute espèce de plaisir obscène, c’est seulement de son membre viril qu’il ne se servait pas à la manière des hommes. Et ainsi donc ce membre restait en lui inactif, en sorte que n’étant pas usé par le frottement avec un autre corps, il lui était aussi poussé des poils » (13).
           


« Je me retournai, l’appliquai, il se plia mais se fraya pourtant un passage dedans ; elle dit qu’il était long, je réfléchissais pendant ce temps qu’il en adviendrait un enfant et éjaculai en merveille. Il y en avait une près du lit qui guettait, mais elle s’en alla tout de suite. »
       


Wilhelm Lehmbruck, Apparition, 1914


       
Nous avons vu dans « le mental a rendez-vous avec le corps, mais le corps », qu’il y avait, au cœur des rêves, une tension entre, d’une part, un « Moi corporel » (par lequel le rêveur se vit en acte et « personnage central » du rêve) et un « Moi mental » (par lequel le rêveur se décentre du rêve pour adopter une posture réflexive, voire spectatrice). La jouissance semble supposer un équilibre entre le « Moi corporel », activement impliqué dans la copulation imaginaire, et le « Moi mental », qui se décentre pour « réfléchir » (au fait qu’il en résultera un enfant) et qui polarise son attention sur autre chose (la femme qui épie). Il y a une manière d’être dans et hors de la situation qui semble permettre l’orgasme.


Jan van Bijlert, un berger et une fille endormie, début XVIIe


Car, dans les rêves érotiques, ont constatent aussi que le rêveur reste bien souvent sur sa faim et « entêté » par la scène qu’il vient de vivre, surtout si en plus des impressions corporesl, il a éprouvé un sentiment de type « amoureux ».
       
Dans son poème « Mon rêve familier » (14), Verlaine témoigne de ce sentiment amoureux et d’empathie profonde :
           
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore.
Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
       
Un des récits de rêves d’empathie profonde et de coup de foudre amoureux parmi les plus délicieux, - et qui témoigne d’ailleurs de l’habileté du rêve à embrouiller les sentiments incestueux - est celui qu’Adorno fit dans la nuit du 29 octobre 1945 :
       
« Visite chez Anatole France. [...] Je frappai et France me demanda immédiatement d’entrer. C’était un grand homme maigre, au début de la quarantaine, rasé de près, brun, sans aucune ressemblance avec ses portraits. [...] On parla d’abord de son nouveau roman [...]. Se noua alors une discussion où s’exprimèrent de très vives divergences d’opinion, courtoises mais sources de malaise. Mon regard tomba sur deux photographies. L’un montrait Anatole France lui-même, l’autre une dame habillée avec une élégance médiévale, très décolletée, en qui je reconnus aussitôt une comédienne que j’admirais beaucoup pour sa grande beauté. C’était la mère de l’écrivain. Je suis aussi un enfant du théâtre, lui dis-je : ma mère était une danseuse adulée. Au même instant se produisit la métamorphose. France, manifestement ravi au plus haut point par ma confession, devint sous mes yeux une jeune femme très séduisante aux seins provocateurs et saillants sous le décolleté pointu d’une robe à dentelle noire, avec de longs bas de soie noire. Je l’embrassai sur l’échancrure, sur la bouche, je jouai avec ses jambes, il était convenu qu’elle serait désormais mon amante [...] » (15).
        
Le caractère « entêtant » des apparitions d’amante « idéale » se retrouve parfois dans le mythe. Ainsi dans ce mythe celte : « Oengus était [...] dans le sommeil. Il vit quelque chose : une jeune fille venant vers lui au chevet de son lit. C'était la plus belle fille qui fût en Irlande. Oengus allait lui saisir les mains pour la prendre avec lui dans son lit quand il vit quelque chose : elle avait fait un bond loin de lui. Personne ne savait où elle avait disparu. Il fut là jusqu'au matin et il n'avait pas l'esprit sain. La forme qu'il avait vue sans pouvoir lui parler le rendit malade. La nourriture ne lui allait plus dans la bouche. » Elle lui apparaît régulièrement pour lui jouer de la cymbale, entretenant l’amour Oengus. Il végète un an, jusqu’à ce que Fingen, un habile médecin, lui dise : "tu aimes d'amour quelqu'un qui est absent" Oengus raconte son songe et le médecin lui prescrit de vivre auprès de mère. Passe une année où le prince végète, jusqu’à ce que Bodb, roi du Sid de Munster, parti à la recherche de la femme rêvée, finisse par rencontrer le père de la femme rêvée. Le père use d’un stratagème pour la soustraire au mariage : sa fille se transforme en cygne une année sur deux. Oengus se rend au lac où elle barbotte. « Il alla à elle. Il tendit les deux bras vers elle. Ils dormirent sous la forme de deux cygnes et ils firent par trois fois le tour du lac. Il n'y eut et il n'y aura là rien qui lui fasse perdre son honneur. Ils partirent sous la forme de deux oiseaux blancs et ils allèrent au Brug du Mac Oc. Ils chantèrent ensemble de la musique et ils plongèrent les hommes dans le sommeil pendant trois jours et trois nuits. Puis la jeune fille demeura avec lui » (16).


Peter Paul Rubens, Samson et Dalila, 1609


          
Ce thème se retrouve encore, mais cette fois sur le mode de la comédie, dans  la nouvelle d'Hoffman intitulée "la Princesse Brambilla". La nouvelle débute par un récit d’un rêve par Giglio, un jeune acteur vénitien, qui le rapporte à sa fiancée, une couturière nommée Giacenta. Il est particulièrement enthousiaste, car dans son rêve il a aperçu une femme portant une très belle robe - identique à celle que Giacenta porte, justement, à l’instant même, et qu’elle a revêtu, pour s'assurer de sa bonne facture car elle doit bientôt livrée à une princesse qui en a fait la commande.
       
Le début du rêve est prosaïque : Giglio se dispute avec son imprésario, à propos d'une somme d'argent. La discussion tourne à la rixe. L'imprésario s'empare d'un fusil et tire. Il atteint le chapeau de Giglio. L'acteur voit alors son petit chapeau mortellement blessé agoniser péniblement sur le sol. Puis, changement de décor :
« -Voici qu'une douce voix se mit à parler, -non, à exhaler, dans un accent mélodieux, un parfum d'amour : "O Giglio, mon Giglio!" dit-elle. Et je vis alors un être d'un charme si divin, d'une grâce suprême que le brûlant sirocco d'une ardente passion envahit toutes mes veines et tous mes nerfs et que le fleuve de feu devint une lave jaillissant d'un volcan enflammé de mon coeur : "Je suis", dit la déesse, en s'approchant de moi, "je suis la princesse".
"- Comment - fit Giacenta en interrompant coléreusement l'acteur, qui était aux anges - tu as l'impudence de rêver d'une autre personne que moi ?" » (17).
       
Le début du récit de rêve parodie les principes de la « philosophie de la nature » qui a tant inspiré le romantisme allemand. Selon cette philosophie, il y aurait deux âmes en l'homme : l'une, « édénique », altruiste et innocente, et l'autre, « matérialiste » et égotique. Quand l’homme vivait au Paradis, l’âme édénique dirigeait l’esprit et l’âme matérialiste s’occupait du corps. Mais en chutant du jardin d’Eden, les deux âmes ont inversées leurs positions, en telle sorte que l’âme matérialiste dirige l’esprit et l’âme édénique le corps. D’où chez le philosophe G.H. von Schubert, la publication en 1814 d’une longue enquête sur la symbolique des rêves (18). Comme l’âme édénique, « refoulée » dans le corps, ne dispose plus que des rêves pour s’exprimer, Schubert étudie les symboles qui y surgissent comme des hiéroglyphes égyptiens, qui serait ce qui nous resteraient de la langue d’Adam et Eve. Dans le rêve de Giglio on assiste à un retour de l’âme édénique, grâce à la « mort » de l’âme matérialiste symbolisée par le petit chapeau. L'âme édénique peut alors s'épanouir. Comme elle n'est pas limitée par les barrières de l'espace et du temps comme l’est l’âme matérialiste, cette âme « voit » au travers des murs et des paupières closes, et aperçoit donc Gacienta qui a revêtu la robe de princesse. Et comme Gacienta est la meilleure des femmes, l’âme édénique la désigne sous le nom symbolique de « princesse ». Mais lorsque Giglio se réveille, l'âme égotique a repris le dessus, et le jeune homme se convainc aisément que ce songe lui prophétise qu’il se mariera bientôt avec une riche princesse plutôt qu’avec une minable petite couturière. La nouvelle raconte les péripéties qui permettront à Giglio de finalement reconnaître en Gacienta sa « princesse ». Pour Schubert, si le rêve contient des traces d’une autre conscience, essentiellement spirituelle, les rêves n'en restent pas moins l'expression d'une âme "refoulée", maintenue dans l'obscurité de l'organisme où elle végète et se corrompt. L'âme matérialiste exerce depuis trop longtemps sa tyrannie sur sa rivale, pour que le « retour » de l'âme édénique refoulée, n'entraîne autre chose que des délires et des troubles mentaux.


Henri Gervex, Rolla, 1878


       
Revenons à Emmanuel Swedenborg. Le document le plus curieux le concernant se trouve chez... Emmanuel Kant. En 1766, Emmanuel Kant fait paraître un ouvrage contre Emmanuel Swedenborg, intitulé « Rêves d'un visionnaire ». Pourquoi ce livre ? Swedenborg est un inconnu en terre germaniques et les quelques ouvrages traduits sont pratiquement introuvables. Pourquoi Kant va-t-il dénicher ce quasi-inconnu, qui dispose tout juste des faveurs d'une poignée de crédules, et prendre le temps d'écrire un livre sur un homme que les rares savants à le connaître tiennent pour malheureux collègue devenu fou à lier ? Kant avoue, d’ailleurs, que son sujet est « insignifiant » et qu'il « mérite plutôt le nom d'amusement que celui d'occupation sérieuse. »
       
Pour Kant, la folie de Swedenborg, tient au fait qu’il ne peut déterminer si ce qu’il perçoit se produit dans ou hors du corps. Celui qui, en état de rêverie, « voit » des personnages se dessiner dans les nuages, sait que les nuages sont à l’extérieur lui-même et que les personnages projetés viennent de lui-même, à sa voir de son imagination. Si l'homme normal est capable de distinguer ses imaginations et ses perceptions, c'est parce que, concomitamment au fait de percevoir, il ressent la présence de son propre corps et la place qu'il occupe dans l'espace. Par contre, durant le sommeil, « la représentation [du] corps s'évanouit comme chose de sensation » et c'est bien pourquoi le rêveur croit que ses imaginations sont des choses réelles. Si la sensation du corps vient à manquer, dans le sommeil ou la folie, plus aucune « sensation n'est là pour faire distinguer au moyen d'une comparaison l'original de son fantôme, autrement dit l'extérieur de l'intérieur » du corps (19).
        
Le « cas » Swedenborg permet à Kant de questionner l'imagination et la sensibilité. Pour Kant, le propre de l'imagination est de nous faire ressentir qu'une chose extérieure à nous-mêmes nous submerge pourtant de l'intérieur. L'imagination est analogue en cela au « sentiment moral » : en effet, qui n'a ressenti, à l'instant où il s'apprêtait à mal agir, « que nous sommes retenus et arrêtés par une certaine sensation, grâce à laquelle nous observons qu'une volonté étrangère agit pour ainsi dire en nous, et que notre bon plaisir exige pour condition un assentiment extérieur. Une secrète force nous contraint de régler notre volonté sur l'intérêt d'autrui, ou sur une volonté qui nous est étrangère. » Le sentiment moral serait la « sensation de cette dépendance de la volonté individuelle envers la volonté générale », ajoute Kant (20).
         
Le rêve produit le même genre de sentiment, comme en témoigne un cauchemar de Carazan, cité par Kant dans ces Observations sur le sentiment du beau et du sublime. Cet homme riche et avare s'était endormi en faisant ses comptes ; il se voit soudain emporté dans le ciel par un ange de la mort ; et il entend une voix qui clame : « Carazan, le service que tu devais à Dieu est échu. Tu as fermé ton coeur à l'amour des hommes et retenu tes richesses avec une main de fer. Tu n'as vécu que pour toi, tu devras donc à l'avenir et pour l'éternité vivre seul aussi, exclu de toute communauté avec la création toute entière. » Une force invisible le projette alors dans le néant ; il voit les mondes s'éloigner et sombre dans un espace sans limite et silencieux. Carazan comprend que cette chute est éternelle ; l'angoisse est à son comble, et suffoquant il parvient à s'éveiller (21).
      
Le rêve de terreur est, comme le rêve érotique, très « corporel » : le rêve reproduit toutes les impressions sensibles de la peur, de l’angoisse, et le rêveur, à l’éveil est parfois en sueur et entêté par ses visions. De même que dans le sentiment amoureux, l’objet d’amour nous submerge « de l’intérieur », dans le rêve de terreur, une puissance extérieure qui n’a pas d’image précise (le néant de Carazan), nous saisit d’effroi par l’intérieur. Le sentiment du sublime, observe Kant, cet effroi admiratif qui peut nous saisir en contemplant la puissance d’une tempête ou la vue d’un gouffre du haut d’une montagne, témoigne aussi de ce pouvoir de l’imagination à nous faire ressentir intérieurement, sensiblement, corporellement, une toute puissance qui « habiterait » le paysage extérieur.


Edward Munch, Désir, 1898


      
Kant doit, ici, répondre à des contradicteurs. Ces rêves ne sont-ils pas l’expression de l’âme aimante tendant vers le Dieu d’amour (chez Swedenborg) ou celle d’une âme craignant Dieu (chez Carazan) ? Pourquoi rejeter cette supposition, si c’est dans l’âme que se fonde le sentiment moral ?
     
Kant concède qu’il existe certainement une part spirituelle en l’homme. Mais elle ne s’exprime que dans le sommeil le plus profond, au travers d’une pensée sans représentations sensibles. Cette pensée « pure » existe bien, mais comme elle se manifeste que dans le sommeil profond, au matin nous ne savons rien d’elle. D’ailleurs, comme nous ne pouvons penser sans la médiation de représentations sensibles des objets qui occupent nos pensées, il nous est impossible de saisir les « pensées pures » du sommeil profond qui se déploient, elles, avec des représentations spirituelles et non sensibles. Autrement dit, nous avons bien une âme spirituelle, mais elle vit sa vie dans le sommeil profond et nous sommes complètement coupé d’elle.
   
Concernant les rêves, ils seraient une sorte de production bâtarde, qui mêlerait des reliquats de pensées pures et des représentations sensibles de l’éveillé. Dans le rêve, l’homme « entremêle les opérations de son esprit et les impressions de ses sens externes. De là vient qu’il se les rappelle ensuite partiellement [puisque ces « pensées » contiennent des représentations sensibles] mais aussi n’y trouve que chimère folles et absurdes, comme elles le sont inévitablement du fait qu’en elles les idées de la fantaisie et celles qui appartiennent à la sensation externe se trouve confondues pêle-mêle » Les rêves, pour Kant, écrit P. Carrique, sont « le résultat de la compénétration du spirituel et du sensible ; tout rêve est par essence un centaure, et cela seul rend la remémoration possible. A la clarté relative du sensible se greffe hasardeusement un agir spirituel, et cette fusion mutuelle engendre une sorte de co-agitation chaotique et insignifiante. » (22). Il n’y a donc pas à tenir compte des rêves, ni du point de vue de la raison, ni du point de vue spirituel. 


Jean Lecomte du Nouy, Rêve d'eunuque, 1874


        
Alors quid du sentiment moral ? S’il ne peut être relié à l’âme spirituelle qui vit sa vie sans communication possible avec la vie de l’éveillé, d’où vient le sentiment moral ? N’est-il que le résultat d’une impression imaginaire ? Et bien non, répondra Kant, puisque la morale ne se fonde pas seulement sur l’impression imaginaire qu’une Loi exerce sa puissance en nous-mêmes, dans sur Raison (les fameux « impératifs catégoriques »), qui exige le règne de la Loi.
         
Wasianski, un ami proche de Kant, nous a laissé ce témoignage sur le rêveur Kant : « Vers la fin de l’hiver [1803], il [Kant] commença à se plaindre de rêves désagréables, qui l’effrayaient. Ses rêves le harcelaient la nuit, lui faisant terriblement peur, bien qu’il dormit encore assez profondément, et le privaient du repos nocturne. Ses rêves de terreur devinrent de plus en plus effroyables et son imagination recomposa avec des scènes isolées de ses rêves de terribles tragédies complètes, dont l’impression était si forte que leur secousse le poursuivait longuement à l’état vigile. Il se sentait presque toutes les nuits environné de voleurs et de meurtriers. La progression de ces tourments nocturnes par des rêves fut telle qu’il en arriva, dans les premiers instants après le réveil, à prendre pour un meurtrier son domestique, qui se précipitait pour le calmer et lui porter secours. Nous [Wasianski et Kant] parlâmes un jour de la vanité de sa terreur. Kant en rit lui-même et écrivit pour lui dans son carnet : il n’y aura plus de débauches d’imagination nocturnes » (23).
      
C’est simple, donc : il suffit de poser la Loi, et tout rentre dans l’ordre !
      
Notes :
       
(1) Artémidore, La clef des songes, Paris, J. Vrin, 1975, pp. 88-92 [I, 79]
(2) Suétone, Vie des Douze Césars, CÉSAR, VII
(3) Ibn Sîrîn, L’interprétation des rêves dans la tradition islamique, Lyon, Alif édition, 1992, p. 86
(4) Emmanuel Swedenborg, Le livre des rêves, Paris, Pandora/le milieu, 1979, Rêve du 14-15 avril 1743, p. 110
(5) Emmanuel Swedenborg, Traité curieux des charmes de l’amour conjugal dans ce monde et dans l’autre, Paris-Genève, Slatkine, 1981, pp. 85-86 et p. 92
(6) Emmanuel Swedenborg, Le livre des rêves, op. cit. pp. 107-108
(7) Artémidore, op. cit., p. 241, [IV, 44]
(8) Georges Devereux, Baubo, la vulve mythique, Paris, Payot & Rivages PBP, 2011
(9) Lettres originales de Mirabeau écrites du Donjon de Vincennes, De Boffe. 1792, p. 60-61 et p. 91, BNF, Gallica. Editions électroniques sur rêves.ca : http://reves.ca/songes.php?fiche=124 et http://reves.ca/songes.php?fiche=125 
(10) Franz Kafka, Journal, Paris, Grasset/Livre de poche, 1954,[9 octobre 1911], pp. 77-78
(11) Mircea Eliade, Aspect du mythe, Paris, Gallimard coll Idées, 1971, p. 102
(12) Cité in "Les Chefs d'oeuvres du rêve", Anthologie Planète, Paris, Editions Planète, 1969, [Journal de E et J Goncours, 14 juillet 1883], p. 169
(13) Artémidore, op. cit., p 268 [V, 15], p. 283 [V 91], p. 277 [V, 62], p. 277 [V, 65]
(14) Paul Verlaine, Poèmes saturniens/melancholia, VI
(15) Theodor Adorno, Mes rêves, Paris, Stock, l’autre pensée, 2007, pp. 60-61
(16) Aislinge Oengusso (Le rêve d'Oengus), in Textes Mythologiques Irlandais, Rennes, éd. Ogam-Celticum, 1980.
(17) E.T.A. Hoffmann, Princesse Brambilla, Paris, GF Flammarion, 1990, p. 61.
(18) G. H. Schubert, La symbolique du rêve, Paris, Albin Michel, 1982
(19) Emmanuel Kant, Rêves d'un visionnaire, Paris, J. Vrin, 1989, p. 79
(20) Ibidem, p. 68.
(21) Emmanuel Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime, GF Flammarion, 1990, note 1 pp. 175-176.
(22) Pierre Carrique, Rêve, Vérité, essai sur la philosophie du sommeil et de la veuille, Paris, Gallimard NRF essais, 2002, pp. 124-125
(23) Cité in R. Bossard, Psychologie du rêve, Paris, Payot, PBP, 1972, p. 165

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