Comme chacun sait "l'inflation c'est mal".
Mais de quelle inflation parle-t-on? Celle des biens et des services. A ne pas confondre avec l'inflation des actifs financiers (actions, immobilier etc..) qui, elle, est bénie des dieux, sachant qu'un dieu aujourd'hui s'appelle banque centrale.
Donc rectifions : "l'inflation des biens et des services c'est mal".
Mais mal pour qui au juste? Pour les épargnants, les créanciers et les rentiers. Des années d'endoctrinement -pardon de pédagogie- auront permis de maquiller l'intérêt des puissants en un joli paquet cadeau étiqueté "intérêt général". De l'autre côté l'inflation favorise les acteurs économiques endettés dont les ménages et l'Etat. Tout ceci à condition bien sûr que les salaires suivent...
Rectifions à nouveau : "l'inflation des biens et des services c'est mal pour les épargnants, les créanciers et les rentiers".
Aujourd'hui l'inflation est là et on apprend un peu éberlués que finalement ce n'est pas si grave. A condition d'éviter un nouveau danger absolument mortel, lui : la boucle prix-salaires. Or une inflation sans alignement des salaires revient exactement à une baisse des salaires dans un monde sans inflation.
Au final, voilà ce qu'il fallait entendre : "baisser les salaires c'est bien".
Mais c'est une pilule difficile à faire avaler. D'où le double jeu hypocrite du gouvernement depuis le retour de l'inflation en 2021 (voir bienvenue dans le monde d'après) . Double jeu impossible à tenir dans la durée sauf miracle. Et le miracle a eu lieu : une bonne vieille guerre!
Le programme de Macron s'inscrit parfaitement dans une économie de guerre...contre les pauvres. De hausses de salaires il n'en est plus question aujourd'hui. Des vrais hausses, pas celles qui consistent à piocher dans le salaire brut pour augmenter le salaire net (voir l'"excellent bilan" économique de Macron ).
A la place, des éléments de langage issus du management et des think tanks qui ont fait leurs preuves pour désamorcer les conflits et tuer dans l'oeuf tout retour de la lutte des classes. Dans notre affaire le concept clé est la résilience(*).
C'est la résilience avec une pointe de bienveillance qui doit nous inciter à de ne pas trop nous plaindre. Vous savez, les temps sont durs pour tout le monde. Et des hausses des salaires alors que les ukrainiens sont sous les bombes, est-ce bien raisonnable?
On frôle l'indécence. Et l'empathie, bordel!

(*) voir l'excellent article du monde diplo : Résilience partout, résistance nulle part