Comme chacun le sait maintenant, une abominable opération terroriste a été menée contre le journal Charly Hebdo ce mercredi 7 janvier 2014. 12 morts au total - dont la plus grande partie de l'équipe éditoriale de Charly (Charb, Wolinsky, Cabu, Bernard Marris, Tignous sont morts), ainsi que deux policiers (un du SPHP et un de la PJ de Paris).
L'opération, pour tout observateur lucide a été conduite de manière "professionnelle" :
Préparation, froide efficacité, attaque rapide, 12 exécutions en un temps records sans que les assaillants paniquent, tirs groupés, repli en ordre...
Qui a pu faire cela de cette manière ?
Cette attaque, après l'incendie de Charly Hebdo en 2011, laisse peu de doutes quant aux motivations de ceux qui ont perpétré ce crime.
La France se retrouve tragiquement dans le cas de figure qui menace depuis plus de deux ans déjà et sur laquelle nous avions allerté : une (ou des opérations à venir...) terroriste organisée par des citoyens français ayant combattu dans le cadre du djihad (en Afghanistan, au Mali et surtout en Syrie), entraînés, radicalisés et revenus sur le territoire national.
Entre 900 et 1000 Français ont combattu en Syrie. La plupart sont des post-adolescents attardés, malléables, faibles psychologiquement et dont la menace suit les méandres sinueux de leur psyché malade et déstabilisée. Mehdi Nemmouche, celui qui a perpétré seul l'attaque contre le musée juif de Bruxelles, en est l'exemple symptomatique.
Mais hors de ceux-là, il y a une centaines de professionnels comme ceux qui ont aujourd'hui commis cet horrible massacre dans Paris.
Qui sont-ils ? Des gens souvent intelligents, déterminés et calmes, généralement à la marge de la loi avant leur radicalisation religieuse, criminels de droit commun professionnalisé, parfois passés par la case prison, des durs de quartier, puis partis combattre en Syrie (ou en Afghanistan), entraînés militairement dans des camps djihadistes. Pour certains – “l’élite” – la formation a été parachevée par telle ou telle unité des forces spéciales de l'OTAN - le plus souvent étasunienne.
Ce fut le cas en Afghanistan à l’époque du combat contre les Soviétiques et dont naîtra Al-Quaïda. Ce sera le coup d’Etat contre Mossadegh en Iran qui par effet ricochet, après l’installation de la dictature monarchique du Shah, amènera les Mollah au pouvoir. C’est aujourd’hui le chaos en Irak suite à la désintégration de l’Etat irakien ou encore en Libye où sous couvert de “lutte pour la démocratie”, les otaniens, français et britanniques en tête, ont de facto soutenu ceux qui composeront les milices djihadistes qui se déchirent maintenant sur tout le territoire libyen et menacent toute la région.
Dans le cadre du conflit syrien, nombreux sont ces professionnels du terrorisme qui ont été formés en Jordanie par des services occidentaux, au point que des officiers du renseignement, étasuniens ou européens refuseront de continuer de les instruire par crainte de créer des Frankenstein incontrôlables. Perspicaces prémonitions des “services”.
Mais voilà, les “services” n’ont pas été écoutés par les politiques, ni aux Etats-Unis, ni dans un aucun des pays de l’OTAN et surtout pas en France. La tragédie subie par Charly Hebdo et la police nationale est la conséquence directe du fait que nos dirigeants n’ont prêté attention aux alertes répétées des “services” durant les 18 derniers mois. Au contraire : d’Afghanistan à la Syrie, en passant par la Libye, la politique étrangère folle et suicidaire étasunienne et celle suiviste de la France (sous Sarkozy comme sous Hollande) a consisté à soutenir les pires extrémistes islamistes.
Il faudra un jour rendre des comptes. On ne peut pas impunément déstabiliser le monde.
De la même manière qu’il faudra rendre des comptes au regard des dispositions particulièrement amicales de nos dirigeants envers les pétromonarchies qui financent le terrorisme islamiste, Arabie Saoudite et Qatar en tête - ce dernier étant le chouchou d'une grande partie de nos politiciens de gouvernements qui ne manquent pas d'y aller pour se ressourcer dans tous les sens du terme tout en livrant la France à ses instincts prédateurs. Sans parler des relations incestueuses entre le pays champion de la “lutte contre le terrorisme” (même si cela n’a aucun sens de lutter contre un concept), à savoir les Etats-Unis, et le principal pays producteur de terroristes, l’Arabie Saoudite.
On ne saurait dans la République accepter qu'un pays finance tant d'actions sur le territoire national et en même temps finance des terroristes contre lesquels nos troupes combattent au Mali comme en Irak.
Pour que notre République ne tangue pas sous les assauts des extrémistes islamistes comme fascistes, il est important de rappeler ces faits, l’origine des choses, afin que l’opprobre ne soit pas jetée sur l’ensemble de la population musulmane comme certains d’extrême droite ne manqueront pas de le faire.
Demain, les mouvances radicales de l’extrême droite en profiteront pour tenter de déstabiliser la République.
La question que pose cette terrible tuerie est aussi celle de la sortie de l'OTAN et de la mise en cause de la géopolitique imbécile menée par Sarkozy et Hollande.
La pire réponse serait de bombarder de pauvres gens quelque part sur terre au titre de leur religion - "faute" délibérée commise systématiquement par les Etats-Unis avec les conséquences que l’ont connait en Irak : un pays ravagé où en moyenne 1000 Irakiens meurent CHAQUE mois dans des attentats terroristes, où la mort en masse des enfants irakiens a été considérées comme “acceptable” par les différentes administrations étasunienne, à commencer par celle de Clinton, où la politique criminelle étasunienne a favorisé l’émergence d’une armée islamiste fanatisée.
Comme on peut le voir, la géopolitique choisie par Sarkozy et Hollande ne conduisent qu’à des bains de sang, ici et ailleurs dans le monde. Il est urgent de rompre avec l’OTAN, de condamner les exactions des Etats-Unis pour ce qu’elles sont, de renouer avec la “politique arabe” qui a fait les succès du quai d’Orsay, de cesser des guerres qui ne produisent que plus de guerre.
Mais il faudra aussi montrer une détermination inflexible à détruire la menace terroriste islamiste telle qu’elle existe actuellement. Il y a des moyens bien plus efficaces que ceux de la guerre de bombardement : le renseignement et l'action ciblée.
Mais avant de répondre à ces questions et pour le moment, il faut rendre honneur à ceux qui ont succombé de la main de la bêtise et de la haine, comme cela a été fait par le peuple de Paris dès le soir du massacre place de la République et comme cela a été fait en soutien dans de nombreuses villes de France et du monde.