Doléance #40

Il y a 50 ans, l’état français décide sans consultation préalable des citoyens, que l’énergie électrique sera dorénavant produite majoritairement par des centrales nucléaires.

L’état présente alors ce choix comme une panacée à une population ignorante des enjeux et des risques. Ainsi, l’accident majeur était inenvisageable, le problème des déchets allait être résolu par la science et la société qui resterait toujours stable, allait les surveiller pendant des milliers d’années. A peine si l’on entendait les critiques concernant les stocks limités d’uranium majoritairement importé, contredisant l’argument d’une indépendance énergétique. A peine si l’on évoquait les risques de prolifération des matières fissiles utilisables à des fins criminelles. On évacuait d’un revers de main les dangers de la concentration de la production d’énergie, ouvrant la voie à tous les abus de pouvoir et favorisant les régimes autoritaires. On négligeait également la possibilité en cas de conflit armé de voir un centre de production d’énergie nucléaire être pris pour cible!

Aujourd’hui, trois accidents majeurs plus tard, après seulement 40 ans de chauffage électrique et le décès de presque tous les décideurs du programme nucléaire des années 70 et 80, le jeu ne vaut toujours pas la chandelle...Les sociétés sont devenues instables, les conflits armés possibles, les coûts du nucléaire s’envolent. Les déboires techniques et les pertes de savoir faire s’accumulent et enfin paradoxalement, un défaut de confiance dans la science conduit à enterrer les déchets d’une manière définitive …

Il y a bien l’argument du nucléaire qui ne participerait pas au réchauffement climatique, mais c’est une technologie du temps long et aux investissements colossaux avec moins d’un siècle de réserve de combustible, alors que le temps presse!

Le développement des énergies renouvelables combiné à une moindre consommation est le choix de beaucoup de pays, alors pourquoi pas la France? N’est il pas temps d’arrêter avant l’accident? Au nom de quelle supériorité , une industrie déciderait-elle du sort de millions d’individus pour les siècles à venir? Pourquoi faudrait-il accepter, pour 40 ans de chauffage électrique supplémentaire, que la moitié d’un département français devienne inhabitable? Pourquoi faudrait-il accepter des déplacements de population, les enfants malades, l’accumulation des déchets ingérables et un avenir bouché? N’est il pas temps d’abandonner ce choix déraisonnable? Malheureusement, si de nouveau l’état choisit le nucléaire, il y a fort à parier que ce choix se paye au prix fort, comme dans toute situation liée à l’intégrisme.

Michel, 66ans, habitant du Cher