Alors que, le 16 Janvier 2023, le gouvernement britannique a décidé de censurer une loi du parlement écossais visant à donner plus de droits aux LGBT, donnant plus de carburant à une éventuelle sécession de l'Écosse du Royaume Uni, l'assemblée législative de l'état du Dakota du Nord, aux États-Unis, largement détenu par le parti Républicain, est en train de passer une loi visant à interdire les personnes LGBT dans les toilettes des établissements scolaires. Ce n'est malheureusement pas la première loi de ce genre dans cet état : le Dakota du Nord est même considéré par beaucoup de journalistes américains comme l'état le plus transphobe des États-Unis, ayant mis en application nombre de lois limitant les droits LGBT.
Cette loi tient son origine d'un canular issu d'un groupe nommé Libs of Tik Tok, réputé anti-trans, surnommé "Litterbox Hoax" (canular litière) dénonçant l'utilisation de litières dans les établissements scolaires par des personnes se considérant comme des chats. En effet, du fait de l’impossibilité de modifier ou supprimer le second amendement de la constitution des États-Unis, en raison de la puissance du lobby pro-armes NRA (National Rifle Association), nombre d'élèves américains imaginent (sous la plaisanterie) mettre des litières en classe afin de pouvoir faire ses besoins au cas où une tuerie serait en cours dans l'établissement, l'accès aux toilettes serait évidement interdites pour des raisons de sécurité. Malgré que le canular soit évident pour quasiment tout internet, l'assemblée législative du Dakota du Nord a décidé d'utiliser cette opportunité pour légiférer sur l'utilisation des toilettes en milieu scolaire et de réduire encore plus les droits LGBT dans l'état.
Toutefois, la loi en cours d'adoption contient un article des plus particuliers :
2) Sauf exception décrite dans la sous-section 3, un groupe scolaire, un établissement scolaire public ou privé ou un enseignant dans une école public ou privée ne pourra pas :
c) établir des mesures permettant ou visant à offrir un endroit, des locaux, un programme scolaire ou un logement aux étudiants se percevant d'une espèce autre qu'humaine.
Si la plupart des journalistes ont considéré ce passage comme une référence au canular de Libs of Tik Tok, prouvé comme basé sur du vent, et les LGBT comme assimiler des personnes Trans à des animaux, en réalité, la catégorie "étudiants se percevant d'une autre espèce qu'humaine" correspond bel et bien à un groupe de personnes bien défini : la communauté Furry.
Pour ceux qui ne savent pas, la communauté Furry se constitue de personnes aimant les personnages anthropomorphes et parfois se déguisant en ces derniers. Si l'origine de la communauté est encore aujourd'hui sujet à débat, ce n'est que dans les années 90 que la communauté Furry commence à s'étendre, en grande partie grâce à internet. Toutefois, dans les années 2010, le groupe finit par clasher avec le site dénommé 4Chan, tristement connu pour avoir organisé le Gamergate, vaste opération de sexisme dans le jeu vidéo. 4chan, site de discussion anonyme ayant une influence énorme sur internet (au point d'être à l'origine de la majeure partie de la culture de cette dernière), avait une rivalité avec les Furries et les anons n'ont rien trouvé de mieux pour discréditer la communauté ... que de les associer à la pornographie anthropomorphique. Campagne allant au delà de toute espérance puisque désormais, du fait de l'influence de 4chan sur internet, Furry et obsédé sexuel sont devenus indissociables. Ainsi, il est devenu impossible sur le net de dire Furry sans que ce mot aït une connotation sexuelle.
Toutefois, cette réputation, inventé de toute pièces, semble avoir dépassé le domaine d'internet puisque certains états américains semble légiférer en la matière : ainsi donc, le sénateur républicain (quelle surprise !) Shawn Jett a déposé un amendement pour l'état d'Oklahoma sur l'instauration d'un programme d'aide à l'éducation. Malheureusement, on se rend très vite compte des racines conservatrices de l'auteur puisqu'on y trouve un terme "Trigger District" dans lequel sont inclus, certes les furries (explicitement cette fois), mais aussi les LGBT, les écologistes, les anti-spécistes, les personnes voulant réduire les fonds de la police ... soit les membres de Black Lives Matter ... soit les Afro-Américains et les Marxistes. Ouf ! La loi ne précise pas ce que le terme "Trigger District" signifie mais d'après cet article, vu que la loi touche l'éducation et que les catégories incluses sont clairement classés à gauche, ce terme laisse sous-entendre vouloir réduire au silence l'expression des idées précédemment cités et promouvoir une idéologie plus à droite de l'échiquier politique.
Cette institutionnalisation de la haine anti-furry pourrait ancrer dans les esprits le fait que les furries pourraient devenir des parias dans la société. Fort heureusement, cette législation anti furry se cantonne aux États-Unis, mais contrairement à ce que nos fachos bien de chez nous veulent bien faire avouer, les paniques réactionnaires américaines sont très souvent importés en France. L'hexagone n'est d'ailleurs pas à l'abri d'une vague anti-LGBT puisque les actions transphobes sont en augmentation en France. Fort heureusement, la communauté Furry française est bien plus petite que celle des États-Unis et pourrait passer sous le radar des cibles de l'extrême-droite française. Malheureusement, il se pourrait bien être une question de temps avant que les furries ne soient une nouvelle cible pour les fachos de France et de Navarre.
