
On souhaite ne jamais devoir en finir avec Blutch. Quand l'auteur du Petit Christian, de Waldo's bar ou de C'était le bonheur, Grand Prix du festival d'Angoulême 2009, se penche sur sa cinéphilie, c'est avec une acuité baignée de mélancolie sourde et onirique.

Pour en finir avec le cinéma, premier album de Blutch chez Dargaud, est un one shot cinégénique. On y découvre Blutch amoureux, féru, passionné et critique. Le cinéma d'antan, celui des Huston, Visconti, Godard, Sautet, n'est plus. Disparus les Lancaster, les Ronet, les Robert Ryan. « Qui pense encore à Robert Ryan ? ».
Le cinéma d'aujourd'hui n'est plus celui de son narrateur, double fantasmé et cinéphile avéré. Que reste-t-il de ce cinéma hors de la mémoire de rares élus que l'on regarde curieusement de nos jours, parfois avec dédain ? La cinéphilie serait-elle morte en même temps que les figures mythiques d'un cinéma qui n'a plus cours ?
Véritable ode au 7ème art, Pour en finir avec le cinéma est un livre à sketchs, une comédie italienne des années 50 qui puise dans les souvenirs et la nostalgie, dans l'âge d'or du cinéma. Le dessin comme le propos sont emprunts d'un surréalisme touchant au fantastique. Godard, Bunuel sont convoqués, mais aussi Guitry, Sturges, et même le May-Irwin Kiss d'Edison en 1896. Pour en finir avec le cinéma, une ode rageuse et littéraire, intime et sensible.
DB

- Pour en finir avec le cinéma, textes et dessins de Blutch, Dargaud, 19 € 95

Jusqu'au 29 octobre, la Galerie Martel expose Blutch. Planches originales et dessins de Mitchum, Peur du noir, Vitesse moderne, Peplum...

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