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Billet de blog 16 octobre 2009

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"Fais un effort : vends une carte !"

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Hier jeudi 15 octobre, les députés ont examiné une proposition de loi du Parti Socialiste visant à interdire le crédit renouvelable, dit "crédit revolving", afin de prévenir le surendettement des ménages. Selon le PS, ces crédits, jugés d'ailleurs "utiles" par la ministre de l'Économie Christine Lagarde, seraient l'une "des causes principales des difficultés financières des ménages, représentant 87% des cas de surendettement". Dans un grand magasin de mode national, le personnel est poussé à bout pour vendre ces cartes de crédit. Témoignage...

Manque d'éthique ?


"Je suis rentrée aux Galeries Lafayette il y a 5 ans, nous raconte M. A l'époque, j'avais compris que mon embauche serait facilitée si je vendais des cartes Cofinoga. En 3 ans, j'en avais vendu 110 ; j'étais la 3ème meilleure vendeuse du magasin." Appelé également crédit permanent ou crédit renouvelable, le revolving se présente comme une réserve d'argent permanente, accessible à tout moment et qui se renouvelle en partie au fil des remboursements. Ce type de crédit est souvent proposé lors de la délivrance d'une carte d'un grand magasin. BHV, Galerie : même combat, celui d'un contrat plus explicite. Aujourd'hui, au 4ème étage du bâtiment, Cofinoga ouvre ses bureaux à de futurs clients. En amont, les caissières et vendeuses doivent répondre à des objectifs pour satisfaire les besoins de vente de l'entreprise de crédit. "Des challenges nous sont fixés par la direction et des cadeaux sont à remporter si les résultats sont là". Des techniques qui sont monnaie courantes dans le monde du commerce : "c'est la carotte sur tout ; nous devons mentir aux clients sous peine d'être convoqués. En clair, les galeries font du luxe sans en avoir la capacité."

"Une vraie duperie"


Ici le client est certes roi mais son porte-monnaies l'est tout autant ! Pour preuve, la carte coûte en principe 7€ auquel on peut ajouter 3€ d'assurance. M. nous l'affirme : "nous avons eu comme consigne de la vendre directement à 10€, et de taire les inconvénients". Constat sanglant ... "Les clients ne prêtent pas attention au contrat et j'ai compris ce qui se passait réellement quand un jour, un client est revenu me voir pour me dire que je l'avais berné". En pratique, la carte offre 3 possibilités : le paiement immédiat, en différé ou en 3 fois (officiellement) sans frais. Bien entendu, des frais, il y en a ... En ayant souscrit, de façon quasi-obligatoire à l'assurance de la carte, la liste commence à s'allonger et si par malheur le paiement s'effectue en différé, alors il faudra "une anticipation incroyable". En clair, un achat effectué entre le 1er et le 19 septembre ne sera débité que le 8 octobre tandis qu'un achat effectué entre le 20 et le 31 septembre le sera le 8 novembre ! "Aujourd'hui, je ne respecte pas les consignes et je déconseille à certains clients de prendre la carte car c'est une vraie duperie. Aucun contrôle n'est effectué et une personne qui ne sait pas gérer ses comptes plongera forcément..."

Il faut mettre un peu de morale dans l'économie


Pour Laurent Grandguillaume, adjoint au maire de Dijon, mais aussi ancien employé de banque et d'établissement financier, le temps est venu de "mettre un peu de morale dans l'économie et la finance". La proposition du PS, même si elle n'aboutit pas, aura au moins le mérite de "reposer le débat pour trouver des solutions alternatives", précise-t-il avant de rappeler qu'il avait proposé durant sa campagne d'élu municipal de "mettre en place un plan de lutte contre le surendettement des ménages". Aujourd'hui, le Conseil Général "n'a signé qu'une simple convention de prévention avec la banque de France", déplore t'-il avant de prendre l'exemple de la Seine et Marne qui a mise en place un système de micro crédit social : "Aujourd'hui, il faut éviter le piège et imaginer des autres solutions pour la famille". A noter enfin que si la ministre de l'économie, Christine Lagarde, juge irresponsable d'interdire ces crédit, elle ne manque cependant pas de préciser qu'il faut "l'encadrer, prévoir une part d'amortissement, arrêter cette publicité insensée qui laisse penser au consommateur qu'il aura du crédit sans coût"...

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