Billet de blog 28 novembre 2013

Gervaise THIRION

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ST.ART 2013 : la culture s’invite au Forum

Gervaise THIRION

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis des siècles, la culture et son versant le plus visible traverse l’Europe de la mer du Nord à la Méditerranée, peinture et sculpture. Les migrations libres des penseurs et des artistes ont en effet favorisé des échanges fructueux dès le début de la Renaissance. Aujourd’hui, les arts plastiques ignorent  souverainement les frontières planétaires. C’est pourquoi le Conseil de l’Europe a eu le bon œil en s’associant à la Foire Européenne d’Art Contemporain  qui présentait tous les grands courants du 20° et 21° siècles à l’occasion du Forum Mondial de la Démocratie. Le secrétaire général T.Jagland a signé  une préface du catalogue.

Une centaine de galeries françaises et internationales.

Le comité de sélection a dû faire des choix délicats pour retenir les galeries les plus diverses, surtout françaises, en majorité parisiennes  mais régionales aussi (Montpellier, Cannes, Lyon… et évidemment Strasbourg). Beaucoup d’Allemands, Italiens et autres Européens et des Asiatiques (Japonais, Sud-Coréens). Mais l’important n’est-il pas dans les œuvres choisies et offertes à des regards  de connaisseurs autant que de profanes  curieux ? On y vient en amateur et en famille car les enfants ne sont pas les derniers à participer à cette fête. C’est le mérite de cette exposition de ne pas être réservée aux initiés et aux marchands comme à Bâle. Le foisonnement d’œuvres qu’on y découvre permet une belle promenade dans l’ensemble des mouvements artistiques contemporains, une mini-histoire de l’art en quelque sorte.

On consacre peut-être trop d’espace dans un hommage appuyé aux peintures noires d’Olivier Debré. Soit, mais la fondation Messmer/Riegel am Kaiserstuhl fait découvrir un artiste suisse surprenant, André Evard et avec lui des  adeptes plus avant-gardistes de l’art construit ou de l’art cinétique.

St-Art est le lieu de toutes les confrontations amicales et pacifiques : de belles pointures H. Di Rosa, Sam Francis, Villeglé, Vialla…y côtoient de  jeunes artistes émergents que certaines galeries se font la spécialité de promouvoir (Arionte, Twenty Two Gallery ).

Les techniques et les matériaux les plus variés parfois insolites répondent à l’imagination fertile des créateurs.

Illustration 1
© Georges Mazilu

Quand le Street Art est capable d’affronter les tableaux déroutants d’un Georges Mazilu ( Galerie Vieceli) ( photo)c’est la fête qui à travers un humour tragique rappelle Jérôme Bosch.

Des expériences intéressantes, originales.

Tout semble possible ici pour innover comme la création de tableaux par des duettistes résidant chacun des deux côtés de l’Atlantique. C’est ce qu’a tenté et réussi l’association Trafic d’Art avec Par Avion Project en réunissant 25 artistes bostoniens et 25  strasbourgeois - Boston et Strasbourg sont jumelées – intervenant l’un après l’autre sur la même toile en toute liberté sur le principe des cadavres exquis.

Ils donnent ainsi à voir 50 petits tableaux produits par deux personnes étrangères l’une à l’autre, qui sont vendus aux enchères sur le net ( www.paravionproject.com) et font l’objet d’un catalogue.

Rien n’est plus stimulant que cette balade au cœur de l’art contemporain tandis que dans les plus hautes instances  on en est encore à disputer à Strasbourg le maintien de toutes ses institutions européennes.

A l’instar de la Syrlin Galerie de Stuttgart qui célèbre cette année les cinquante ans de l’amitié franco-allemande et le jumelage des deux villes, l’art est bien un excellent ambassadeur pour allier des langages différents, des cultures différentes et des histoires différentes, invitant à l’ouverture et au respect des différences et favorisant un vivre ensemble harmonieux.

A Strasbourg l’Europe n’attend plus qu’on la fasse, elle existe déjà grâce à la culture. C’est  par là qu’il faut commencer comme, dit-on, le suggérait tardivement Jean Monnet.

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