Souvent, l’Europe est considérée comme une menace pour le principe de laïcité, lui-même présenté comme une « exception française ».
On laisse, d’ailleurs, souvent planer, dans ce cadre européen le risque d’une aggravation du pluralisme scolaire pour notre pays.
Mais non, surprise, la question scolaire n’est pas aussi prégnante dans la plupart de 27 pays où existe l’enseignement catholique, regroupé dans le CEEC « Comité européen de l’enseignement catholique ». Dans cet ensemble, la France ese taille la part du lion: 27 % des élèves du CEEC, soit plus de 2 millions sur 7, et plus de 29% du nombre des établissements, soient 8700 structures sur 37 000.
La France est aussi en tête pour le financement public, avec les Pays Bas et l’Irlande. Pour les 3 /4 des pays où le CEEC est implanté, l’enseignement privé catholique ne représente pas 4%. Pour ceux-ci l’essentiel du financement est assuré par les familles et l’Eglise. Ainsi cet enseignement n’est pas financé ni par les collectivités publiques, ni par l’Etat. Dans trois pays très marqués par le catholicisme : la Pologne, l’Italie et le Portugal, l'enseignement privé représente respectivement, 0,90%, 3.80% et 3.70%. En matière d’éducation la plupart des pays européens appliquent de fait le principe « A école publique, fonds publics. A école privée, fonds privés ». La France, pays laïque, est loin du compte.

Dans les établissements catholiques français, les élèves, les familles, les enseignants et l’encadrement sont pourtant très majoritairement éloignés de la religion. A peine 10% des familles se reconnaissent dans le « caractère propre » catholique.
La France est aussi un des rares pays où l’enseignement catholique s’arroge le droit de représenter l'ensemble des établissements privés sur la base de ce « caractère propre ». Et ceci, en dépit de la loi qui considère chaque établissement comme une entité juridique indépendante. Ainsi, au fil du temps, en contournant la législation, les représentants de l’Eglise catholique, directeur diocésain choisi par l’évêque ou secrétaire général de l’enseignement catholique nommé par la conférence épiscopale, disposent d’un pouvoir politique qui s’auto désigne comme le représentant de prés de 17% du système éducatif. La législation scolaire, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat et la Constitution sont ainsi bafouées. Le Consistoire juif, le Conseil français du culte musulman, la Fédération protestante de France….n’ont aucune légitimité pour représenter des écoles confessionnelles juridiquement indépendantes. Aucune autre religion ne dispose d’un tel passe droit.
Eddy KHALDI
Auteur de Main basse sur l'école publique