L'auteur Claude BER livre un extrait de J'ETC
Je copie colle
l’insignifiant et l’indénombrable
ma main et un poignet - collier d'os à de l’os -
la torque des flammes, les pâtures océanes et le tremblé des nerfs à vif
l’usure de vivre et le bonheur simplement que tu existes visage à demi tourné vers l’ailleurs, regard à portée du mien
Front appuyé au froid de la vitre où fume une buée de bouche, je raccorde le non né, l’esquisse
et l’essentiel hors de portée des mots
l’étonnement fruité de l’amour et le défait du monde démis de rectitude
le tison d’un ciel saturé et l’omission d’elles-mêmes où se passent nos vies
le bric à brac des minutes et leur récit réaccordé
le charnier quotidien des écrans et le losange du volet qui en aspire l’entier dans des orbites humaines
***
Je croise tous les jours
une femme mendiant à l’entrée du métro (tête affaissée entre ses jambes épaisses, cornet de journal vide dans la main grassouillette)
quelqu’un criant les pièces elle les enlève au fur et à mesure la vieille peau!
d’autres éclats de voix et d’autres mendiants endormis sous des cartons ou qui pissent assis, jambes écartées, contemplant leur urine couler avec un visage pacifié et enfantin (Je regarde de la même manière l’eau d’une table du bar disparaître dans la pattemouille du serveur. Le tout de tout épongé par ma cervelle. L’hébétude alors me caractérise.)
Je ne croise aucun ici qui ne soit au tu
c’est une donnée de nous sur le cadastre mais rien non plus de nous
dans ce rogné de nous
sur la limaille de la ville
son lacis d’autoroutes roulé dans rien
et j’y croise des visages, des voitures, des intonations, des intentions, des sentiments, des lampadaires, des solitudes, des points de vue, des opinions, des feux rouges, des affiches, des proportions, des déductions… et
toujours ce qui n’est pas une figure de style mais une façon d’être au monde sans condition.
***
J’etc dans le minime du monde à ma portée
entre l’arbre et la mousse
dans l’incertain et le déduit de nous à pattes de secondes
la fine fuite d’un rai de jour - son ardoise effeuillée
la chair blanche des eucalyptus et le parfum poivré des immortelles
entre le nu de la mort et l’étonnement du jour ( ses ciseaux et sa portion de pêche )
au tympan du temps son cri
chevilles menottées de minutes
sa prophétie indirecte au fil des lèvres
navigant loin
A nous énumérer entre pollen et planètes
dans l’alphabet polyglotte des verbes qui nous conjuguent parmi les passereaux et les pis noires
j’etc
dans la fêlure et la forêt et encore la forêt
de notre multitude.
Parmi ses publications en poésie et en théâtre:
La Mort n’est jamais comme (Prix International de poésie Ivan Goll), L’Inachevé de soi, Méditations de lieux Sinon la Transparence, La Prima Donna suivi de L’Auteurdutexte, Orphée Market, Monologue du preneur de son pour sept figures, Ed. de l’Amandier, Vues de vaches, Éd. de l’Amourier, Lieu des Epars, Ed. Gallimard etc.
A cela s’ajoutent livres d’artistes, publications collectives et nombreuses parutions en revues, sites et anthologies dont Couleurs femmes, Métamorphoses, Anthologie Poésie de langue française, Anthologie Bipval 2011 Action Poétique etc...
Des études universitaires et des revues, dont récemment Nu(e) n° 51, ont été consacrées à son écriture.
Agrégée de Lettres, elle a enseigné les lettres et la philosophie en lycée et en université puis occupé des fonctions académiques et nationales; elle intervient actuellement à Sciences Po. et à la Sorbonne et donne de nombreuses lectures et conférences en France et à l’Etranger rassemblées dans Libres Paroles II et Aux dires de l’écrit Ed. Chèvre Feuille Etoilée. Membre d’associations pour le développement de la culture, de l’éducation et la défense des droits humains, dont le Forum Femmes Méditerranée UNESCO, elle a été décorée de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son parcours.