Brigitte Font le Bret, psychiatre dans l'Isère s'inquiète de la «lenteur» du traitement des dossiers médicaux des fonctionnaires de France Télécom. «Ceci a des conséquences parfois très graves sur l'état psychique de l'agent et des répercussions financières mettant certaines familles en état de précarité.»

Lettre ouverte à monsieur le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique
Monsieur le ministre,
Psychiatre recevant essentiellement des patients pour des consultations de souffrance au travail, membre du comité scientifique de l'Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées de France Télécom, je me permets de vous saisir pour vous faire part de mon inquiétude concernant la gestion des dossiers médicaux des agents relevant du régime de la fonction publique.
Je reçois chaque jour de nombreux témoignages concernant la lenteur du traitement des demandes de congés longue maladie, de congés longue durée, de temps partiel thérapeutique, d'accident de service, d'imputabilité au service des troubles présentés...
Trouvez vous par exemple normal qu'un médecin agréé réalise une mission en janvier 2010 et qu'à ce jour la commission de réforme attende encore son rapport pour statuer ? Ceci a des conséquences parfois très graves sur l'état psychique de l'agent et des répercussions financières mettant certaines familles en état de précarité.
L'augmentation des risques psychosociaux dans la fonction publique amène de plus en plus de demandes d'avis concernant le lien entre le travail et l'état de santé. La non-obligation de formation des médecins agréés est dans ce cas préjudiciable car la lecture de certaines expertises montre souvent que la question de l'organisation du travail n'est pas interrogée. Pour les cas dramatiques de tentatives de suicides sur le lieu de travail il me semblerait très important qu'un diplôme de psychopathologie du travail soit requis.
L'accord récemment signé sur le stress dans la fonction publique fait mention de ces problèmes. Le calendrier ne doit subir aucun retard au risque de voir se poursuivre la dégradation de l'état de santé des agents de la fonction publique.
Je me permets d'insister sur les agents de France Télécom car je reçois de nombreux appels au secours sur cette question depuis la centralisation des comités médicaux et des commissions de réforme qui ne permet plus le dialogue concerté qui existait avant entre les médecins des comités et commissions, les médecins traitants et les médecins du travail. Dans une entreprise suffisamment touchée par le nombre de suicides un retour à une gestion de proximité des problèmes médicaux semble s'imposer.
Je vous remercie d'avance pour votre lecture attentive et je reste à votre disposition pour répondre à tout autre questionnement sur ce sujet qui me tient à cœur.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'expression de mes salutations respectueuses.
Dr Brigitte Font Le Bret, psychiatre
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