Les hospitaliers ont cessé d'espérer. Le plan santé 2022 dévoilé en septembre a remis à un futur incertain les réformes : " les premiers résultats devraient être observés avec une meilleure structuration des soins de ville" . Quand ? dans 2 ans...Plan louable mais calendrier au mieux irréaliste, au pire malhonnête. L'attribution des 4000 assistants pour la médecine de ville (102 000 généralistes) ne permettra pas de combler le déficit actuel. Il devrait commencer à se combler, d'après la DRESS qu'après 2025 (http://dataviz.drees.solidarites-sante.gouv.fr/). Certes, l'ouverture du numerus clausus est positive mais pour faire un médecin il faut dix ans

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Plus récemment, la ministre a signalé" la plus forte augmentation de l'Ondam depuis six ans avec 400 millions d'euros supplémentaires….En vérité, certains ne souhaitent rien changer et disposer en même temps de moyens supplémentaires…" Outre que les 400 millions vont à la structuration de la ville (assistants médicaux et postes de praticiens subventionnés pour l'exercice de ville en groupe), la réponse revêt un caractère insultant -"ne rien changer mais disposer de moyens" - parfaitement déconnecté du réel. En tout cas loin du vécu des soignants.
Les propos ministériels sont extrêmement urticants

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(By BruceBlaus - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61465356)
Car, si on consulte la base de données SAE du ministère de la santé, l'augmentation d'activité est décorrélée de l'augmentation des effectifs
https://www.sae-diffusion.sante.gouv.fr/sae-diffusion/recherche.htm
En 2013 il y avait, dans les hôpitaux publics, 765 078 équivalents temps plein de personnels non médicaux, PNM, (dont 3568 directeurs et 192538 infirmières) et 68 088 personnels médicaux, PM, dans les hôpitaux publics
En 2017 ils sont 770 933 PNM (dont 3652 directeurs et 199886 infirmières) et 70 447 PM
L'évolution est bien positive +0.7% pour le PNM (+2.3 pour les directeurs et +3.8% pour les infirmières non spécialisées) et + 3.4% pour le PM
Et si, dans le même temps, le nombre de lits de MCO a baissé de 5%
Le nombre de séjours d'hospitalisation complète a augmenté de 0.5%
Le nombre de séjours d'hospitalisation partielle a augmenté de 17,7%
Le nombre de passage aux urgences a augmenté de 13,7%
Le nombre d'hospitalisés via les urgences a augmenté de 2.7%
le nombre d'actes et consultation externes des médecins, a augmenté de 47,8%
Le nombre de patients suivis pour cancers a augmenté de 10,6%
Le nombre de patients suivis pour Alzheimer a augmenté de 9.4%
Le nombre de patients hospitalisés, de plus de 80 ans a augmenté de 17,4%
Il faut croire que les hospitaliers savent changer sinon une telle activité n'aurait pu être déployée.
L'activité s'accroit très très fortement, et très très loin de l'augmentation de personnel. Et puisque les hôpitaux sont condamnés au déficit en raison du budget alloué qui n'augmente que de 2 à 2,5 % par an quand les dépenses programmées, elles, croissent de plus de 4%, la seule possibilité est donc la réduction d'effectifs.
La période disponible dans SAE couvre surtout le gouvernement antérieur, celui aux manettes n'annonce aucune réforme susceptible de modifier les choses rapidement, alors que l'urgence devient vitale.
La transformation de la médecine de ville prendra au mieux dix ans, y aura t il encore des centres hospitaliers publics pour en être les partenaires ?