
Des tentes avec vue sur la tour Eiffel. Les traces d’un feu de camp. Du bois de palette démantibulé, peint, remonté, pour faire des sièges et des tables. Un barnum, une bâche qui flotte au vent, des piquets. Un tas de potirons magnifiques, qui déploient leurs cinquante nuances d’orange, de jaune et de vert. Quelqu’un absorbé dans sa lecture, alors qu’autour de lui ça remue, ça s’active, ça cloue, ça scie, ça discute, ça mange.
Ils étaient une trentaine à dormir sur place samedi soir, et on était le double dimanche midi, pour pique-niquer ensemble, avec à l’horizon cette image toujours si étonnante, si troublante, de Paris vu depuis un champ de maïs : la ville vue depuis son contraire. Se découpent la tour de Romainville, les gratte-ciels de l’avenue de Flandre, le Sacré-Cœur, la tour Eiffel, le nouveau palais de Justice, la Défense.
Tout cet amas de béton et de rues, et nous, nous sommes de l’autre côté de la D170, à l’orée des champs de maïs, au début de la fin de la ville. Nous sommes là où s’arrête le flux puissant de l’urbanisation, là où la ville meurt comme une vague sur le sable. Ici commence ce que Damasio pourrait appeler « la zone du dehors » : l’immensité de l’espace non-urbanisé, non-artificialisé, où la terre remue directement sous nos pieds et nos pas. Un extérieur où l’air est plus frais, la vie plus intense, mais qui, à côté du mastodonte urbain, paraît si précieux, si vulnérable.
La « ZAD du dimanche » est ouverte un week-end sur deux, à partir du samedi à 18 heures pour les plus courageux, ceux qui viennent camper ; et à partir du dimanche vers 10 heures, pour les autres, pour se retrouver et préparer la grande marche des 4 et 5 octobre.
Venez éprouver cette sensation d’être l’autre côté du miroir urbain, de contempler la skyline de la ville et se dire : « Mais pourquoi donc veulent-ils encore en ajouter » ?
Le plan et toutes les indications sont sur le site nonaeuropacity.com. Venez et faites venir !
