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Palestine

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Billet de blog 8 février 2017

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"COLONISATION ISRAÉLIENNE : DANGEREUSE ÉTAPE FRANCHIE"

L'État peut désormais déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens. La loi protège d'éviction les colons ayant construit illégalement en Cisjordanie; ce gouvernement de droite et raciste, s'enhardit par la nouvelle administration aux États-Unis, et s'estime en droit d'agir pour légiférer sur des lois illégales, pour continuer son vol de terres et son expansion. Hanan Achraoui. OLP

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Parce qu'elle confirme la puissance des pro-colons au sein de la coalition gouvernementale,

mais surtout parce qu'elle oriente davantage encore le pays vers une annexion de la Cisjordanie,

la loi adoptée mardi remet en question en question la solution d'une Paix à deux États.

La Knesset, le Parlement israélien a voté dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 janvier 2017 une loi légalisant

rétroactivement

quelques 4000 logements construits sur des terres privées palestiniennes.

Des colonies jusque-là considérées comme illégales,

y compris pour l'État israélien, 

car elles étaient situées sur des terrains appartenant à des palestiniens. 

Avec cette loi, les terrains sur lesquels ont été construits ces logements occupés par des Israéliens pourront désormais être déclarés "terre israélienne."

Une loi qui concerne déjà, selon l'ONG Shalom Arshav - "La Paix maintenant"- 

16 implantations et pourrait s'étendre à quelque 53 à 55 colonies dites "sauvages",

qui seraient alors pleinement reconnues et pourraient donc s'agrandir légalement ...

aux yeux de la loi israélienne.

Leurs occupants eux seront protégés de toute éviction, comme celle la semaine passée, 

de la colonie sauvage d'Amona,

soulignent, satisfaits, les défenseurs de cette loi. 

                      VOL LÉGALISÉ 

Pour les détracteurs de cette loi, il ne s'agit ni plus ni moins que de légaliser le vol de terre aux Palestiniens. 

Le texte nie en effet aux propriétaires palestiniens le droit de revendiquer le terrain ou d'en prendre possession, 

"jusqu'à ce qu'il y ait une résolution diplomatique du statut des Territoires".

Et propose même une indemnisation aux réels propriétaires lésés. 

"Ce soir, il est devenu clair que Natanyahu est prêt à compromettre l'avenir des Israéliens et des Palestiniens afin de satisfaire un petit groupe d'extrémistes pour sa propre survie politique" a regretté immédiatement "La Paix" dans un communiqué.

"En adoptant, cette loi, Netanyahu fait du vol une politique israélienne officielle et tache les livres de droit israéliens. 

"Cette loi est un nouveau pas vers l'annexion 

[de la Cisjordanie, NDLR]

et s'éloigne d'une solution à deux États"

dénonce l'ONG qui a annoncé avec deux autres organisations de déposer un recours devant la Cour suprême israélienne.

        NOMBREUSES PROTESTATIONS     ISRAÉLIENNES 

Mais les ONG de gauche sont loin d'être les seules à monter au créneau dans le pays.

La loi franchit une ligne qu'Israël n'a jamais dépassée auparavant 

y compris aux yeux de certains hommes de droite comme l'ancien ministre du Likoud Dan Meridor, qui a qualifié la loi de "mauvaise et dangereuse".

Il souligne dans les colonnes du quotidien Haaretz que ce n'est pas au Parlement israélien de légiférer sur la propriété palestinienne en Cisjordanie :

"Les Arabes de Judée et de Samarie [expression désignant la Cisjordanie pour les Israéliens, NDLR], n'ont pas voté pour la Knesset, et elle n'a pas l'autorité de légiférer pour eux.

Ce sont les principes fondamentaux de la démocratie et du droit israélien."

C'est en effet la première fois qu'Israël applique sa loi civile en Cisjordanie ce qui peut la aussi être un digne d'amorce d'une annexion du Tertitoire.

Même le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré que

si la loi est contestée devant les tribunaux,

il ne la défendra pas car elle viole la quatrième Convention de Genève 

relative à la protection des civils en temps de guerre. 

Compte-rendu des protestations et des recours qui vont être déposés, il n'est pas certain que la loi soit réellement appliquée.

Mais c'est une nouvelle étape dangereuse qui vient d'être franchie par l'extrême droite israélienne, qui prouve l'importance qu'elle a pris au sommet de l'État hébreu. 

Car Benyamin Netanyahu, qui avait demandé aux leaders de Habayit Hayehudi (Le Foyer Juif, membre de la coalition) de reporter l'examen de cette loi après ses visites en Grande-Bretagne et aux États-Unis ces jours-ci, n'a pas été entendu.

PROTESTATIONS INTER'ATIONALES ....     SAUF À WASHINGTON 

De Paris au Caire - Siège de la Ligue arabe -, en passant par Londres, Ankara ou Amman, la loi a suscité de vives condamnations.

Le patron de l'ONU Antonio Gutteres a pour sa part averti que la loi

"en infraction avec la loi internationale" 

aura d'importantes conséquences juridiques pour Israël".

Quant au coordinateur de l'ONU pour le processus de la paix,  Nickolay Mladenov, il a estimé qu'une 

"ligne rouge très épaisse a été franchie sur la joue d'une annexion de la Cisjordanie."

En revanche la réaction de l'administration américaine de Donald Trump a offert un frappant contraste avec ce tollé, 

le Département d'État et la Maison Blanche se refusant à collecter cette loi 

"avant toute décision de justice"

a indiqué un responsable du Département d'État en faisant référence aux recours possibles. 

Depuis son investiture le 20 janvier le président Donald Trump a gardé le silence sur les annonces en rafales du gouvernement israélien.

Au point que le député Bezalel Smotrich, 

l'un des plus ardents défenseurs de la loi, 

a remercié les Américains d'avoir élu président Donald Trump, 

"sans lequel la loi ne serait probablement pas passée."

Reste à voir si le nouveau président gardera une constance sur le dossier israélo-arabe en continuant à défendre bec et ongles l'État hébreu.

Lui qui avait annoncé vouloir déplacer 

l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem

a déjà reporté la mise en place de sa décision

"à plus tard"

Et il n'est pas certain que la question des colonies soit la plus urgente à discuter pour Netanyahu et Trump lors de leur rencontre du 15 février :

en priorité de l'ordre du jour figurera la question iranienne. 

L'Obs- Céline Lussato, mercredi 8 février 2017.

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