Un nouveau disque des Wampas, c’est comme une galette des rois. Ca revient périodiquement, ça n’a jamais le goût que ça avait quand on était petits mais on ne peut pas s’empêcher d’en manger quand même.
De temps en temps, on en trouve une meilleure qu’une autre. C’est le cas avec ce disque, qui s’avère être leur meilleure livraison depuis Kiss en 2000.
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Les Wampas ont tout vu, tout traverser, et sont revenus de tout. Ils ont même inventer le rock’n’roll, c’est dire. Alors s’ils sont convaincus d’être la preuve que Dieu existe, ma foi, qui serions-nous pour les contredire ? Jugez vous-même avec ce meddley d’extraits de l’album concocté par le studio NoiseNews :
Les Wampas sont la preuve que la recette du Punk-Rock n’est pas périmée. Un savant dosage de mélodie et de violence, qui varie en proportion suivant les ambitions et les époques. On constate avec plaisir, que l’ambiance est plutôt à la brutalité sur ce disque. Bon c’est pas Agnostic Front, bien sûr, mais c’est peut-être l’album le plus tatapoum qu’ils aient produit. De plus, certainement du fait du temps qui passe dans une vie de rock’n’roll, le braillement de cartoon sous acide de Didier prend curieusement des teintes très street-punk par moment.
Il faut donc y voir la fin de la période popisante où les Wampas ont essayé de foutre le bordel dans le star-system. En effet, après le succès du single Manu Chao au début des années 2000, s’est enchainé une phase de nimporte quoi absolu qui les a amené jusqu’aux victoires de la musique contre Kyo en 2004 :
Ou encore en compétition pour représenter la France à l’Eurovision 2007 avec une chanson vraissemblablement écrite aux chiottes en 7 minutes le matin même de l’enregistrement :
Cette période correspond surtout à leur signature sur Barclay, label jadis respectable, mais avalé par Universal dans sa frénésie boulimique de l’époque JM Messier. Les Wampas règlent ici leurs compte avec la World Company du Music-Business avec le premier titre de l’album : U.N.I.V.E.R.S.AL (Un single sinon la porte/Navré ça ne m’interesse pas (...) C’est comme ça qu’on a signé/Avec les pieds).
Les Wampas sont la preuve que c’est difficile de chanter du Rock en français. Les Wampas auront été considérés toute leur vie comme des clowns parce que les textes de Didier ont toujours été perçus comme, au mieux naïfs, au pire crétins. Tout est faux, les textes de Didier sont tout ce que nous ont enseigné 55 ans de rock’n’roll : des histoires à l’eau de roses qui camouflent des sentiments un peu moins chastes (je me suis noyé, Persistance rétinienne), des histoires de rivalités avec les autres groupes, des galères de tournées (Elle est où ma loge ?), la nostalgie du bon vieux temps du rock’n’roll (J’écoutais les Cramps)…
S’ajoutent à ça les sujets de société traités avec la « Wampas touch ». Didier sait qu’il n’est ni politologue, ni un analyste pointu. Alors quand il traite de l’homoparentalité et du mariage homosexuel (Mon Petit PD), des scandaleux profits engrangés par les patrons alors que le monde sombre dans la crise financière (I hate Switzerland), ou de l’absurdité du monde moderne (Les Wampas sont la preuve que Dieu existe) il le dissimule là encore derrière des angles faussement au raz des pâquerettes.
Didier Wampas et Francis, le premier batteur du groupe
Les Wampas sont la preuve que le temps passe. « Les Wampas attaquaient sur la scène minuscule/Et ça gueulait plus fort que la sono » chantait Pigalle dans Rascal et Ronan, son hymne à l’âge d’or du rock alternatif du début des années 1980. C’était quand Didier écoutait les Cramps et que le guitariste Marc Police était encore de ce monde. C’était le temps de l’indépendance. Puis les majors compagnies sont arrivés, ont divisé la scène, en ont fait des produits. La plupart n’ont pas survécus à cette tempête. Certains ont monté leurs propres label, et se sont posés en parangon de l’intégrité contre les quelques uns qui ont signé sur une major. Les Wampas furent de ceux-là. Il ne sont pas pour autant passé à Dimanche Martin.
Le statut de clown des Wampas les a maintenu dans l’ombre des groupes à succès. Tels que la Mano Negra pour qui ils ouvrirent lors de la tournée au Japon [1]. Ils ont pourtant toujours été là. Surmontant la disgrace du rock alternatif et le drame du suicide de leur premier guitariste. Le groupe ne s’est jamais séparé, jamais reformé (mais c’est vrai que le line-up n’a plus grand chose à voir avec celui du début). Lui qui paraissait frêle esquif a pourtant sût essuyé toute les tempête sans perdre la barre. Les disques sont inégaux, rarement grandiose et jamais originaux. Mais de temps en temps, l’un d’eux sort du lot. C’était le cas de Kiss en 2000, et c’est aussi le cas de celui-ci.
Bien vivant et toujours là, égaux à eux-même. En soit, c’est déjà une preuve que Dieu existe.
sortie le 19 janvier 2009