Enfant, et plus tard adulte (pour ce que signifie ce mot), j’étais émerveillé et le suis encore par les tours de passe-passe des illusionnistes. Les trucs de cartes, de verres pleins et vides, les tours qui ne nécessitent pas un matériel important, juste ce que chacun d’entre nous utilise au quotidien. Ces objets du quotidien qui deviennent, là, le temps d’un tour, « magiques » !
J’ai vu en direct un illusionniste verser de l’eau puis du vin dans un verre, sans que les liquides se mélangent… et j’étais le nez sur le verre, que j’ai manipulé, sur les 2 liquides que j’ai moi-même versé dans 2 petites carafes que j’ai soigneusement examinées.
J’ai beau savoir qu’il y a un truc, je me concentre sur le tour avec toute l’énergie et l’attention dont je suis capable et… pschitt, je ne vois strictement rien de l’astuce et « le tour est joué », selon l’expression idoine.
Je sais qu’il y a un travail de très grande dextérité et d’agilité, un entraînement digne de celui d’un sportif de haut niveau, des secrets de fabrication, que le tour est mille fois remis sur l’établi afin d’atteindre la substantifique moelle avant d’être présenté à un public qui, lui aussi, va s’efforcer de comprendre le truc.
Pour ne pas le comprendre, sinon, le tour n’existe pas, et signe son arrêt définitif.
C’est toute l’astuce, celle justement de ne pas la dévoiler et de surtout faire en sorte que celle-ci reste secrète, loin des yeux.
Les illusionnistes nous montrent seulement ce que nous devons voir, et tout le reste, le truc du tour de passe-passe, reste invisible, nous ne le voyons pas car nous regardons ailleurs, exactement là où ces maîtres de la distraction attirent nos regards, nos sens, afin d’opérer en toute tranquillité.
Surtout regardez bien ce que je vous montre, en attirant vos regards.
Ainsi travaille l’illusionniste, un peu comme ces lampadaires qui attiraient les insectes nocturnes, du temps où il y en avait encore. Oui, les pesticides et autres saletés chimiques sont efficaces, mais c’est un autre débat (mais très lié, non ?).
Les regards du public sont attirés par les lumières du lampadaire de l’illusionniste, lui laissant toute latitude d’exercer son art dans l’obscurité. Dans l’ombre.
Ce préambule (un peu long) me permet de faire le lien avec cette extraordinaire et scandaleuse réunion du début du mois de Septembre, réunion de « présentation » de ce projet dément « d’hôtellerie de plein air de luxe » sur le site du lac du Tolerme, Nord-Est du département du Lot.
Cette réunion a fonctionné exactement sur le même principe, celui des illusionnistes.
Je ne reviens pas sur les différents arguments au sujet de la sur-dimension de ce projet, de l’urgence climatique qui impose d’en finir avec le tourisme de masse, de l’énorme consommation d’eau que cela induit (douches, piscines, toilettes…afin d’assurer le bien-être égoïste des touristes alléchés par Sandaya-La-Prédation) alors que nous savons que nous allons connaître des périodes de canicules et de sécheresses de plus en plus intenses (oui, nous le savons, y compris chez les élus qui feignent de l’ignorer, mais ils savent, et comment !), que ce type de tourisme produit des déchets en quantité importantes, que ce projet participe de la destruction du vivant, aux côtés des unités de méthanisation, de porcheries industrielles qui deviennent le seul horizon économique et politique de cette partie du département du Lot encore pas trop « salopée »…. Que les canicules et les sécheresses dicterons des mesures de restriction d’eau, mais qui sera restreint, alors ? Le touriste de luxe va-t-il accepter de ne pas voir les piscines remplies ?
Je ne reviens pas sur les approximations hasardeuses des mêmes élus, au sujet d’un hypothétique repeuplement des villages, des écoles, par des employés et employées saisonnièrEs, c’est assez pathétique de leur part ! Comment les élus peuvent un seul instant penser que des gens sous statuts saisonniers et précaires peuvent « s’installer », et fonder des familles ? Mais dans quel monde vivent-ils ? Mais qu’ils nous le prouvent, chiche, qu’ils acceptent de vivre avec les salaires de précaires saisonniers… et fondent des familles qui s’installent ! Oh mais comme c’est beau, non, ces illusions !
Je ne reviens pas sur les autres propos, sur ce lac créé il y a 30 ans, afin de favoriser le tourisme. C’est une réussite, il y a un tourisme populaire, très présent.
Je ne reviens pas sur ce que ces 30 dernières années nous ont enseigné, en terme de dégâts climatiques dus aussi à l’augmentation des déplacements de masse du tourisme de masse en masse (triple-sic !) : que des augmentations d’émissions de gaz à effet de serre !
Je sais, le GIEC peut publier dix-mille rapports, les élus s'en fichent ! Il faut une catastrophe locale, des incendies, des inondations, des morts… pour peut-être les faire réagir ! C’est ainsi ! Cependant, des morts, des incendies, des inondations, il s’en produit de plus en plus, avec des fréquences beaucoup plus rapprochées…. Mais c’est ailleurs !
Nous sommes au bord du gouffre, alors faisons un pas en avant ! Voilà ce que nous disent les élus.
Les illusionnistes ?
Ah oui, les illusionnistes !
C’est simple, non ! Le domaine public, c’est la vache à lait de l’opérateur privé, et cette vache à lait sera offerte à l’opérateur privé ! Par les élus, et c’est à cela que se résume cette transaction, entre les élus et l’opérateur privé, le prédateur.
Le domaine public, offert, est la garantie de faire des affaires, car ce domaine sera alors rentabilisé, d’abord par des « transats » sur la plage publique pour les clients de l’opérateur, puis par d’autres installations probables, y compris en dur, afin de chasser les « derniers des Mohicans » du tourisme populaire actuel. Bref, qu’ils dégagent, non ?
C’est exactement comme cela que fonctionnent les prédateurs, ils séduisent les élus, avec des arguments tels les emplois précaires et saisonniers qu’ils transforment en familles qui s’installent et repeuplent les écoles ! Illusions !
Illusions reprises en chœur par les élus !
Le domaine public est LA richesse commune, alors vite, privatisons-la ! Le voilà, le projet des élus aux ordres de l’opérateur privé ! Les tractations sont et resteront privées.
Je pose la question aux gens favorables à ce projet dément ET aux élus : que feront-ils et elles, quand des mesures sévères de restrictions de l’usage de l’eau seront imposées par le préfet ? Oui, il y en aura, ne le savez-vous donc pas ? Mais si, vous le savez, vous êtes tellement bien et mieux informés que moi, non ?
L’opérateur privé fait main basse sur deux ressources communes essentielles : le domaine public, généreusement offert par les élus (et nous ne savons rien de la transaction, les élus restent muets !), et l’eau, l’or bleu !
Ah, il y a cette promesse de piscine…. Oui, les promesses n’engagent que les gens qui y croient ! Pensez-vous un seul instant que la gestion de cette piscine qui, comme toutes les piscines, sera largement déficitaire, sera à la charge de l’opérateur privé ?
Y-a-t-il un ou une élue pour le penser ?
Oui ? Sérieux ?
Des éluEs pensent que Sandaya, après avoir obtenu de vos faiblesses communes des espaces du domaine public et l’accès à l’Or Bleu, va « abonder » les déficits de la piscine promise ? En échange d’emplois précaires saisonniers qui vont repeupler les écoles et les villages ?
Je sais, vous allez me dire que vous en êtes certains, et c’est en cela que vous êtes le problème !
Vous êtes victimes des illusionnistes, victimes consentantes ou pas, mais victimes.
Vos évitements, vos détournements, vos absences de réponses, vos stratégies d’évitements, vos reprises des éléments de langage de l’opérateur privé, vos absences de la moindre prise en compte d’éléments factuels (tel le rapport du GIEC dont vous vous fichez, au détriment de vos enfants, cela dit en passant vu dans quel état vous laissez la planète), vos absurdes soumissions délétères face à un ogre qui va vous dévorer, vos orgueils mal placés qui vous poussent à ne surtout pas vous déjuger car une fois le bras pris dans le rouage impossible de s’en libérer, vos postures au final immatures car vous êtes bloqués dans des perspectives de développement des années 1980 largement dépassées qui sont la cause de cette urgence climatique que vous voulez accélérer comme des hamsters dans leurs cages et leurs roues, votre déni radical de l’état des connaissances scientifique d’aujourd’hui qui donne envie de vomir (voilà, c’est dit et c’est clair!)… la liste est longue, celle de vos renoncements et de vos régressions qui montrent votre absolu manque d’imagination et de créativité, bref, de vie.
Dire que nous aurions pu, localement, expérimenter des pratiques démocratiques. Mais les élus ont définitivement décidé de tuer le match, alors que le carton rouge de l’urgence climatique aurait du les alerter ! Un carton rouge, merdRe alors (merci Zazie!), qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? Des morts après des catastrophes climatiques ?
Mais c’est terminé, chers illusionnistes, vos petits tours de passe-passe en faveur de l’opérateur privé ne passent pas inaperçus ! C’est raté !
Ni le domaine public, ni l’eau ! Ya Basta !