L’Europe hors-jeu de la mondialisation ?
En France Macron transforme la campagne électorale pour l’élection européenne en grand show personnel tandis que la gauche se divise et méprise ses électeurs par cette irresponsabilité de quelques dirigeants orgueilleux, autocentrés ou aigris. Le débat européen est escamoté.
Pourtant cette élection sera déterminante non seulement pour la politique qui sera conduite par l’UE mais aussi parce que l’UE, si elle ne se réforme pas, si elle ne mobilise pas le peuple, si elle ne propose pas une alternative à la mondialisation, libérale en économie et autoritaire en politique, sera marginalisée et mise hors du jeu international.
Aujourd’hui, le « nouveau monde » se construit sans l’Europe et contre les valeurs de l’Europe.
Le nouveau monde se construit sans l’Europe autour de l’informatique, de la communication universelle instantanée, de la robotique et de l’intelligence artificielle avec le pôle américain, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Appel, Microsoft ) et un pôle émergent chinois avec BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi). L’Europe a été incapable de s’inscrire dans ces innovations et la conquête des marchés. Pire, elle permet aux GAFA de capter l’acticité et la richesse européenne sans y payer les impôts qui devraient revenir à l’Europe et sans y investir une partie suffisante des dividendes générés par leurs activités en UE. Cette fuite fiscale est d’ailleurs permise par la concurrence fiscale au sein de l’UE qui permet à ces groupes transnationaux de se réfugier dans de véritables paras dis fiscaux européens. Pire encore, leur puissance financière leur permet de piller les cerveaux européens et de s’approprier à bon compte les innovations européennes et demain, par le cadre des accords de libre-échange et de la justice arbitrale de dicter leur loi aux États, d »e détruire els droite humains et sociaux, d’imposer la pollution.
Hélas le nouveau monde ne supprime pas l’importance de la stratégie militaire et la puissance des armées des grands pays. Ici aussi, l’UE, soumise sous le « protectorat » dominateur de l’OTAN dont elle refuse de s’affranchir ne pèse pas malgré l’arme nucléaire française qui devient de plus en plus inexploitable pour une affirmation internationale. Ici, l’UE n’est qu’un satellite soumis des USA comme le prouve la politique de militarisation de l’OTAN à l’est de l’Europe pour provoquer la Russie et interdire tout rapprochement UE-Russie qui serait pourtant géographiquement, stratégiquement, économiquement et culturellement naturel. L’Europe est incapable d’assurer sa propre sécurité et sa stabilité. La Chine a intégré l’importance de la puissance militaire, elle développe son propre armement et compte sur la puissance russe pour équilibrer la puissance américaine. Cette triangulation mondiale USA-Russie-Chine marque la combat sans doute désespéré mais déterminé de la Russie pour rester l’un des 3 grands et exister au moins militairement et politiquement dans la mondialisation. Après l’humiliation de la période post communiste, toute la politique de Poutine s’inscrit dans ce combat pour la grandeur et la revanche que ce soit en Crimée et Ukraine, en Syrie ou dans sa relation avec l’Iran. Elle compte aussi pour cela sur ses richesses naturelles dont le Japon, l’UE et, dans une moindre mesure la Chine, sont dépourvues. La politique américaine, qui n’a pas sensiblement changée avec Trump, même si elle se donne un visage plus conquérant, vise à conforter sa suprématie face à la Chine. Dans ce combat de titans, l’UE est devenue une quantité négligeable qu’il suffit d’aider à affaiblir en encourageant les querelles entre États et en jouant la division aveugle de ses dirigeants. C’est ce que font les USA et la Russie. Par contre, pour grossir leurs muscles, les USA ont besoin de renforcer leur pré carré. Trump y contribue avec détermination. Il a imposé un nouvel accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) qui remplace l’Aléna et consacre la suprématie américaine dans une plus grande intégration économique. Même détermination au Sud. Les USA ont déstabilisé tous les États d’Amérique du sud qui ne se soumettaient pas à sa domination, avec le renversement des progressistes, la victoire de son ami Bolsonaro au Brésil et l’asphyxie programmée du Nicaragua où Trump est prêt à aller jusqu’à l’intervention militaire directe.
- Mais il est un troisième défi qui s’annonce aujourd’hui et que l’Europe n’a pas le droit de perdre et peut gagner, celui des valeurs. Pendant plus d‘un demi-siècle on a cru que la mondialisation allait se faire autour des valeurs démocratiques et des droits humains. Aujourd’hui la mondialisation se construit contre ces valeurs de l’Europe. Elle se construit autour des USA de Trump, de la Russie de Poutine, de la Chine de Xi Pinging mais aussi de leurs satellites, Bolsonaro au Brésil, Narendra Modi en inde, les princes d’Arabie ou les mollahs d’Iran et cette vague régressive atteint l’Union Européenne. Pour relever ce défi l’UE doit d’abord le relever en son sein en retrouvant l’adhésion du peuple grâce à un contrat social de progrès humain, social, démocratique et écologique adapté à la société de la mondialisation financière et économique, à la communication universelle instantanée, à la robotique et à l’intelligence artificielle. Mais elle doit aussi le proposer aux peuples du monde. Si l’UE ne relève pas se défi, la technologie nouvelle sera un instrument supplémentaire d’oppression et d‘exploitation des humains alors qu’elle peut et doit être un instrument de libération, d’amélioration des conditions de vie et de bonheur pour les humains. L’UE doit être pour l’humanité l’espérance d’un avenir plus juste, plus solidaire, plus pacifique et elle doit permettre l’émergence d’un contrat social planétaire. Ce combat n’est pas perdu. On voit naître aux USA des idées nouvelles socialistes et écologiques, on voit naître dans les pays émergents des revendications pour une vie plus libre et plus digne, on voit grandir dans les syndicats européens et dans les pays d’Europe Orientale une volonté de changer la vie. Mais ces bougies de l’humanisme ne suffisent pas à éclairer le monde car il manque une puissance de dimension mondiale pour réunir toutes ces bougies en un flambeau de la liberté, de la justice sociale et du progrès pour les humains. Cela peut, cela doit être la mission de l’Union Européenne. Face au Davos de la mondialisation financière, l’UE doit affirmer, dans le pays le plus pauvre d’Europe, « le Varna de la mondialisation des droits humains, sociaux, démocratiques et écologiques ».