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Billet de blog 10 janv. 2011

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La fin du mâle -1

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Elle venait de pousser la porte de l’institut. C’était un immeuble à l’architecture prétentieuse, la façade faite entièrement de vitres fumées en plein cœur du nouveau complexe hospitalier du désert de Tamani. Un immense panneau lumineux translucide annonçait en lettres stylisées le nom de l’endroit aux visiteurs : DRICA. Le sous-titre précisait l’acronyme : «Direction du Repeuplement par l’Insémination et la Conception Assistée ». A l’entrée, au-dessus de l’accueil, un écran géant lui souhaitait la bienvenue. Une hôtesse à la blondeur platine et au teint ultra-violet l’apostropha :

– Bonjour Madame Thunder, soyez la bienvenue à la DRICA. Le Professeur Tresco est a vous dans 2 minutes. Puis-je vous offrir un café en attendant ?

– Non merci, je ne prends jamais de café.

Le hall d’entrée avait les dimensions d’une cathédrale cubique aux murs de verre et au sol en granite noir. Aux étages, derrière chaque pan de verre, on pouvait voir les employées s’affairer comme les ouvrières d’une ruche moderne. Le plafond transparent laissait passer la faible lueur du permawint. Quelques œuvres d’art au goût douteux décoraient l’espace. Il y avait des tableaux d’un artiste visiblement torturé. L’un d’entre eux représentait un homme nu, la tête jetée en arrière, la bouche grande ouverte sur ce qui semblait être un cri de douleur. De son sexe s’échappait un flot de sang qui se répandait à ses pieds en une flaque rouge. Plus loin, une statue représentant une énorme femme au sourire carnassier étalant de manière ostentatoire son obésité morbide semblait répondre au tableau.

– Notre collègue le professeur Roy est un peu artiste à ses heures perdues. Elle nous a fait don d’une partie de sa collection. Certaines œuvres sont à vendre si ça vous intéresse.

– Professeur Tresco je présume ?

– Enchantée de faire votre connaissance. C’est une joie d’accueillir en nos murs notre plus généreuse donatrice. Vous savez que c’est grâce aux dons privés que nous avons pu faire les progrès décisifs. Les subsides fournis par l’état n’assurent que le fonctionnement courant. C’est avec plaisir que je vais accéder à votre requête, même si, je dois l’avouer, elle m’a un peu surprise. D’habitude, les donatrices ont, comment dirais-je, des souhaits un peu plus … prosaïques.

– C’est que j’aime bien savoir ce qui est fait de mon argent.

– Et c’est tout à votre honneur ! Venez, suivez-moi.

Le professeur Tresco était une femme approchant la soixantaine. Malgré une apparence naturellement bien conservée pour son âge, elle avait eu un recours immodéré aux artifices de la chirurgie de jouvence durant les deux dernières décennies. Certaines la décrivaient comme autoritaire. D’autres prenaient ça pour du charisme. Il était clair qu’elle ne laissait personne indifférent : la majorité la détestait tandis que les autres, principalement celles qui continuaient à travailler sous ses ordres, lui vouaient un culte d’absolue soumission. Avec elle, si on n’était pas avec elle, on était contre elle.

– Installez-vous confortablement. En guise d’introduction nous allons vous passer un petit film. Joana, vous pouvez lancer la séquence !

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