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En bas, l’arbitre, un robot ISIS vêtu de noir, venait de donner le coup de sifflet de début de partie. Le tirage au sort préalable avait donné le ballon à l’équipe des jaunes. Sous les encouragements de dizaines d’ISIS très légèrement vêtues assises dans les gradins, les joueurs des deux camps couraient avec enthousiasme derrière un ballon rond en alternant dribble, petits ponts, grands ponts, râteaux pour finalement essayer de placer la balle au fond d’un filet gardé par un ISIS.
– Je suppose que vous avez compris que les qualités sportives des joueurs n’ont que très peu d’influence sur l’issue du match. Nous disposons de plusieurs moyens d’influencer le cours de la partie, tout ça dans l’unique but qui nous intéresse. Par exemple, il est important de respecter une alternance de victoire entre les deux équipes. L’équipe perdante se voit infliger plusieurs sanctions : moins de nourriture, des entrainements plus longs et plus durs mais surtout, aucune relation sexuelle. Les matchs ont lieu toutes les semaines ce qui veut dire que la moitié de la population ne produit rien pendant une semaine. Néanmoins, nous avons observé que ces périodes d’abstinence sont salutaires. Ainsi, lors de la prochaine victoire, la production est décuplée en qualité et en quantité.
– Donc tout le scénario est écrit d’avance.
– Pas tout à fait. Aujourd’hui ce sont les rouges qui vont gagner mais nous ne savons pas qui va être élu joueur d’or.
– Joueur d’or ?
– Oui, le joueur le plus performant. C’est les spectateurs, donc les ISIS qui votent. Leurs critères sont assez objectifs et d’habitude le résultat n’est pas truqué. Ils désignent le joueur le plus actif sur le terrain. Celui-ci a droit à un traitement spécial à l’issue du match.
– J’en reviens à ma question de tout à l’heure, n’avez-vous jamais de rébellions, des grèves ou des mutineries ? Comment ce fait-ils qu’ils acceptent de se prêter à cette comédie ?
– Vous seriez surprise de constater à quel point les mâles sont manipulables lorsqu’il s’agit de sexe. La plupart seraient prêts à faire n’importe quoi pour passer un moment d’intimité avec l’un de nos robots ISIS. Pourtant ils ne sont pas très variés, nous n’en avons que 5 modèles : blonde, brune, rousse, asiatique et ébène. Nous faisons certes varier quelques paramètres anatomiques mais dans l’ensemble on ne peut pas dire que l’offre est pléthorique. Néanmoins la plupart s’en contentent. Je vous rassure, nous avons quand même quelques cas « pathologiques ». Pour eux, nous utilisons la stimulation magnétique transcranienne ou SMT. Vous voyez le disque noir fixé à la tempe des sujets.
– Oui, je le distingue.
– Il s’agit d’une sonde SMT. Elle est fixée à l’os de la boîte crânienne et permet d’envoyer une impulsion magnétique de plusieurs Teslas sur une zone précise de cerveau. Celle-ci contrôle notamment les fonctions motrices et sensorielles. En modulant la fréquence des impulsions, il est possible de provoquer une paralysie temporaire, de déclencher plusieurs types de mouvements réflexes ou alors de générer une douleur intense. C’est par ce moyen que nous maîtrisons les plus rétifs des sujets. Parfois nous arrivons à les récupérer et dans ce cas ils s’avèrent être d’excellents producteurs. Mais dans la plupart des cas nous devons nous résoudre à les désactiver.
– Les désactiver ?