Trois choses sont censées nous protéger de la barbarie…
L’empathie, la culture, et la loi…
L’empathie est la capacité que chacun de nous peut posséder, cultiver et ressentir envers son prochain, même si je n’aime pas trop le mot prochain qui a une connotation religieuse mais qui a le mérite de bien définir celui ou celle qui est autre que notre propre individualité…
La culture est le savoir inculqué sur des bases historiques, sociales, politiques, citoyennes, artistiques et religieuses sur lesquelles nous basons la manière que chacun d’entre nous a de réagir face à l’Autre… Ce sont des exemples, des règles, des reflexes, des attitudes, que dans l’idéal nous avons acquis auprès de nos parents, à l’école et dans tous les rapports que nous entretenons avec les êtres humains qui croisent notre chemin…
La loi est là pour fixer les limites que nous pourrions franchir sous l’emprise d’une envie, d’un besoin, d’une tentative, d’un test, d’une pulsion et donc pour mettre en face de ces franchissements, des peines sous formes d’amendes et/ou de privation de liberté… Privation plus ou moins longue selon le degré de gravité de la faute…
Que nous débattions de la meilleure façon de punir et de ce qui doit déterminer notre sévérité ou notre mansuétude envers des délinquants que nous voudrions exempts de toute récidive, me paraît normal dans le genre de société dans laquelle nous vivons… Taubira, je cite son nom car elle cristallise aujourd’hui tous les anathèmes et tous les reproches d’une partie de notre peuple, pose des questions et propose des solutions qui peuvent effectivement choquer ceux qui pensent que le tout carcéral est la seule façon d’aborder le problème de la délinquance…
D’accord… Nous sommes en démocratie et le tout carcéral faisant partie de notre arsenal législatif, cet argument est tout à fait recevable et envisageable… Non seulement, il est envisageable mais il a été appliqué ces dernières décennies…
Sauf que ça ne marche pas… Les délinquants vont en taule mais à un moment, ils en ressortent… Sur ces ex détenus, un pourcentage significatif récidive… A moins de décider d’enfermer à perpétuité n’importe quel délinquant pour n’importe quel délit, ce qui ne peut pas être envisageable, un condamné à une courte peine est libéré… Et peut recommencer…
Ou pas… Les cas qui posent problème, évidemment, sont ceux qui recommencent…
Taubira propose que l’on procède autrement, dans certains cas, sous certaines conditions et dans un cadre fixé et apprécié par des juges…Cela suppose des moyens financiers et humains… Un paquet… Si ces moyens ne sont pas au rendez-vous, on va à l’échec… A titre citoyen et sous la réserve qu’effectivement ces moyens soient mis en place, j’aimerai bien que notre pays, comme d’autres l’ont fait, mettent en place ce système et tente autre chose que de foutre des petits délinquants en taule jusqu’à ce qu’ils en ressortent plus tarés que lorsqu’ils y sont entrés…
Une fois ceci posé, reste un autre problème… Les barbares… Cette minorité de vrillés du cervelet alimentant les faits divers à un rythme soutenu et réitéré… Ceux pour qui les trois notions avec lesquelles je débutais ce commentaire, ne sont que des concepts aussi abstraits que la géométrie euclidienne l’est pour un lombric… L’empathie ? Tiens, fume… La culture ? Je l’emmerde… la Loi ? Je l’encule…
J’avoue que je suis un peu dans l’état d’esprit du shérif, héros du livre « No country for the old man » de Cormac McCarthy qui se trouve dépassé par un maelstrom de violence contre laquelle il n’est pas outillé, ni intellectuellement, ni physiquement… Il est juste dépassé par les évènements car rien, dans sa longue vie ne l’a préparé à la violence extrême qui déboule dans sa petite ville… Ni les codes auxquels il se réfère, ni les lois qui ne sont que décor en carton pâte pour des godzillas à deux pattes, ni ses références, ni son expérience ne pouvaient le préparer à combattre ce déchainement… Et c’est ce qui se passe, aujourd’hui, au cœur de nos nations que l’on disait civilisées… Les barbares existent… La notion du bien et du mal… La morale… Les limites induites… Rien de tout ça n’a droit de cité dans leur esprit fermé à la moindre considération de l’autre…
Il faudrait donc prendre en compte deux sortes de délinquants… Celui que l’on peut considérer comme récupérable et c’est le projet de la Loi Taubira et l’autre, celui que l’on est bien obligé de constater irrécupérable et là, je pose la question : qui va évaluer cette éventuelle récupération et surtout dans quel cadre cette évaluation va t’elle être effectuée pour tenter de mettre hors d’état de nuire ces barbares que cette loi ne va faire que chatouiller légèrement ?
Pour que les choses soient claires, je précise que l’on peut être un barbare sans donner la mort et continuer à faire partie des délinquants concernés par la Loi Taubira…
Viols avec violences… Tabassages… Actes de tortures… Vols avec violence… Violences conjugales à répétition… Et tout ça bien sûr avec un taux de récidive à faire exploser tous les compteurs…
Pour continuer à être précis, je voudrais signaler que ces individus constituent, heureusement une frange minoritaire de la délinquance concernée par la Loi Taubira…
Mais il n’y a, à ma connaissance, pour l’instant, aucune réponse donnée quant au traitement par la Justice, de ces bombes à retardement…
« We need a bigger boat »…