La même chose qu’ailleurs…
Une mise en compétition du moindre être humain avec le moindre de ses congénères (je ne parle pas, là, des farcis à la thune qui eux sont sur des gradins à mater la compèt’, en jetant quelques cacahuètes)… La segmentation du peuple en groupes de consommateurs… L’envoi, au tout à l’égout, des projets collectifs, à l’avantage de l’égoïsme le plus abouti… La mise au pilori de boucs émissaires variables mais indissociables de la radicalisation et de la pensée et de la parole… La montée de partis politiques xénophobes, nationalistes et démagos comme seuls savent l’être les futurs dictateurs… L’abrutissement généralisé par écrans interposés… Une pseudo modernité prônant les réseaux sociaux comme lien ultime entre les êtres (réseaux sociaux à fréquenter tout seul dans son appart devant un ordi)… Pour le monde du travail, une productivité suicidaire érigée en condition sine qua non du non-rejet de l’individu dans le vortex/trou noir du chômage… Les pauvres responsables de leur pauvreté et les riches méritant leur richesse… Des crises systémiques à répétition pour les classes moyennes et des jackpots non moins systémiques et à répétition pour les nantis… Du personnel politique, au mieux, largué, au pire complice de la déliquescence de nos institutions… Les progrès sociaux vilipendés et les régressions sociales présentées comme des réformes… Une oligarchie omniprésente… Des économies dérégulées par le Marché… Des besoins infinis face à un monde fini… Des enfants paumés dans le giron de parents déboussolés… Des crevures extrémistes relevant le groin… Des incivilités banales menant à la délinquance banale finissant à la criminalité banale… Des droites décomplexées… Des gauches libérales… Les garde-fous sociaux voués aux gémonies… La rente, l’héritage, les dividendes, les actions élevés au rang de religion… L’immoralité financière remplaçant la morale civique et sociale… Le désespoir, le « je m’en branle », le « qu’est-ce tu veux que j’y fasse », la solitude dans la multitude, le lâcher prise, le « je m’occupe de ma gueule »… La mise à sac de l’environnement et après nous le déluge… L’exemplarité des délits fiscaux et la ringardisation du devoir civique… Des petites idoles pour de petites vies… Des citoyens miliciens, des adeptes de la loi de Lynch, des professeurs de simplismes, des juges de comptoir, des avocats marrons, des Dupont la joie, des démagos à magots, des nazis dans le métro…
L’oubli comme style de vie…
L’ignorance comme but…
Le passé comme projet…
Oui… La même chose qu’ailleurs…