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Billet de blog 18 juil. 2022

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Mon entretien avec Oissila Saaidia pour Golias

Golias a titré Les chemins de la rencontre pour présenter cet entretien avec Oissila Saaidia portant sur l'histoire du fait religieux dans l'Algérie coloniale et dans l'Algérie indépendante.

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Entretien réalisé par Emmanuel Alcaraz pour Golias Hebdo

Spécialiste du fait religieux en contexte colonial, Oissila Saaidia, professeur à l'université Lyon II,  étudie les cultes catholique et musulman en partant des archives de terrain, françaises et arabes. Quelles ont été les relations de l’Etat français avec l’Eglise catholique, que nous apprennent-elles ? Peut-on parler d’un dialogue islamo-chrétien ? L’universitaire s’exprime sur une histoire qui continue de s’écrire.

Golias Hebdo : Pouvez-vous nous parler de votre parcours de chercheuse ? Pourquoi cet intérêt pour l'histoire des religions, christianisme et islam, en situation coloniale ?

Oissila Saaidia : J’ai effectué mon cursus en histoire à l’université Lyon III où j’ai eu la chance de rencontrer des universitaires exceptionnels à la fois sur un plan académique et sur un plan humain, spécialisés en histoire religieuse : Claude Prudhomme, qui a dirigé ma thèse et qui a été le garant de mon HDR, Jean-Dominique Durand ou encore Denis Crouzet. Ma thèse a été publiée aux éditions Geuthner en 2004 sous le titre Clercs catholiques et oulémas sunnites dans la première moitié du XXe siècle : discours croisés. Ce travail repose sur une approche historique de l’altérité religieuse, et analyse des regards de clercs catholiques sur l’islam et des discours de musulmans sur les chrétiens. Mes recherches ont été menées à Paris, à Rome, au Caire et à Beyrouth. Toutefois, mon premier terrain de recherche, en maîtrise d’histoire, a été l’Algérie vers laquelle Claude Prudhomme m’avait orientée. J’y suis retournée à partir de 2004, dans le cadre de la préparation de mon HDR (habilitation à diriger des recherches). Cette dernière porte sur la manière dont l’Etat français a géré les religions catholique et musulmane dans l’Algérie coloniale de 1830 à 1914. Elle a été publiée aux éditions du CNRS en 2015 sous le titre Algérie coloniale, musulmans et chrétiens : le contrôle de l’Etat (1830-1914).

Golias Hebdo : Comment l'Etat français a-t-il géré ses relations avec l'Eglise dans l'Algérie coloniale ?

Oissila Saaidia : L’Etat colonial et l’Eglise catholique avaient besoin l’un de l’autre dans cette colonie de peuplement qu’était l’Algérie. Les diocèses algériens, à l’instar de tous les diocèses de métropole, étaient régis par le cadre concordataire. L’Eglise a été, durant toute la période coloniale, très attachée à maintenir des relations cordiales avec l’Etat. Par ailleurs, elle était le point de ralliement des populations européennes souvent originaires d’Europe du Sud et très attachées à certains sacrements. Un lien très fort liait les Européens à leur Eglise, au point que cette dernière est devenue l’un des piliers de l’ordre colonial. Quant à l’anticléricalisme, il est demeuré limité et a davantage relevé de querelles picrocholine

Golias Hebdo : Que nous apprennent ces relations sur la colonisation française ?

 Oissila Saaidia : L’Algérie française se voulait l’Autre France, d’où la place importante du catholicisme. Il n’y a pas de France sans l’Eglise. Le christianisme a joué un rôle structurant dans la construction de la nation française, même s’il y a eu laïcisation et sécularisation de la société française au XXe siècle. L’Etat français avait besoin de l’Eglise pour créer cette autre France et l’Eglise avait besoin de l’Etat français pour exister. Après la Première Guerre mondiale, le curé et le maire continuent à incarner les autorités officielles. Dans les cérémonies publiques, militaires comme civiles, l’Eglise est omniprésente. Le clocher fait face au minaret. Les cloches répondent à l’appel du muezzin. L’Algérie française a créé un nouveau paysage sonore et visuel dans lequel les musulmans étaient des figurants.

La suite sur https://www.golias-editions.fr/produit/728-golias-hebdo-n-728/

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