En finir avec les J.O.

Une seule solution, l'annulation des jeux olympiques

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Billet de blog 5 septembre 2023

En finir avec les J.O.

Une seule solution, l'annulation des jeux olympiques

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La charité selon saint Macron, saint Arnault et saint Carrefour

La famille Arnault verse 10 millions d'euros aux restos du cœur. On convertira cette somme dépensée d'un claquement de doigts, en litres de sueur d'exploités et en millions d'euros optimisés fiscalement. Une marge d'erreur de l'ordre du milliard d'euros sera tolérée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La conception de la politique sociale chez les Macron, c'est pièces jaunes et restos du cœur. Retour de cet homme du futur vers le milieu du XIX ème siècle. C'est un sentiment très altruiste de foi dans l'humanité, basé sur la confiance dans modération des appétits industriels comme de ceux de la distribution, grande ou petite, des propriétaires immobiliers, des banques et des actionnaires de toute sorte. Pour Macron et ses amis, « confiance » n’est pas synonyme d'ingénuité et les chômeurs et les allocataires des « classes dangereuses » qui font la manche dans les bureaux de pôle emploi sont tenus de rendre des comptes, sous peine de perdre leurs « avantages ». Les pauvres, il faut les res-pon-sa-bi-li-ser , ce qui présente l'avantage de les préparer aux files d'attente des associations caritatives où ils finiront de perdre leur  dignité. 
La fréquentation des œuvres des œuvres de charité suit la même courbe que celle du taux d'inflation que favorise la politique de ce gouvernement. L'augmentation de la clientèle captive des bureaux de bienfaisance et l’apparition de nouvelles tranches d'âge impactées prouve aux financeurs publics et privés que ces associations remplissent un rôle primordial, réduire l’étalage de misère et de pauvreté et tenter de modérer le sentiment de révolte qui peut s’emparer de la population. À l'aube d'une rentrée sociale délicate et d'une année marquée par l’organisation de la coupe du monde de rugby et des jeux olympiques, il faut éviter que les micros et les caméras s'en fassent les témoins. Comme ils disent, il en va du prestige de la France et de l'image du Désintéressé présidentiel qui se verrait bien tenter une funeste connerie, sous la forme d'un troisième mandat.   
Rançon du succès, le risque de faillite pointé par le président des restos du cœur, entraîne la possibilité de voir stoppé ou diminué le soutien apporté aux indigents. La mauvaise Berger déclare in petto, pas de ça Lisette ou Aurore, que tant de misère l'émeut, en l'occurrence la cote de popularité de son chef. Ce qu'entendant le roi du « Quoiqu'il en coûte aux autres » annonce que les contribuables français auront la chance de participer à une opération de solidarité nationale, avec 15 millions d'euros de leurs impôts. B. Arnault déclare que de son côté qu’il en ajoute dix. Dix millions d'euros parce que pour connaître le nombre de pauvres auxquels il contribue, on prendra rendez-vous avec son comptable, lui n'a pas ce chiffre en tête. Magie de la téléphonie sans fil et de l'internet réunis, d'autres familles possédant de très grosses fortunes et autres entreprises du CAC40 sucent aussitôt la roue du maillot jaune du cynisme.
On notera tout de même le mauvais caractère de ces mal aimés de milliardaires. Ils ne sont pas opposés à faire la charité à condition de décider eux-mêmes à qui elle est destinée. Il faut les comprendre, ils ne supportent aucune manifestation d'autorité. De vrais libertaires auxquels, par chance le communicant en chef que les électeurs se sont donnés par deux fois sait comment leur parler. Premier principe, éviter les questions qui fâchent comme le blocage des prix ou des loyers. Pas question non plus d’évoquer une limitation des dividendes des actionnaires, des salaires des élus, des patrons et des très hauts cadres. Prescrire une augmentation des « charges » patronales et de leur imposition sur le revenu provoquerait chez eux un prurit si difficilement supportable qu'ils sont prêts à prendre les eaux en Belgique même si cela doit passer par l'euthanasie du foyer fiscal français. Ils peuvent dormir tranquilles tant que le Généreux de l'Elysée est à son poste. Il a suffisamment claironné que nous ne vivions pas dans une économie réglementée. Après le « En même temps » et le « Quoiqu’il en coûte », voici l’Homme du « Touche pas aux bénéfices ». Quel talent !  D’autres dirigeants d'entreprises du CAC40 viennent d'annoncer que leurs petits cœurs de capitalistes étaient sensibles à la détresse de ces mal lotis qu'ils ont contribué à paupériser et à précariser. 
Les quinze millions d'argent public s’ajouteront donc aux déficits abyssaux en cours. On ne peut que conseiller aux associations de charité de tendre au plus vite leur sébille à la sortie de la messe élyséenne hebdomadaire pour profiter de l'aubaine. L'armée du salut vient d'ailleurs  d'emboîter le pas à la concurrence. A ce propos, on peut s'interroger sur les rouages qui différencient le business de la solidarité de ceux d'une activité économique classique (*). Actions publicitaires cherchant à augmenter la clientèle, recherche des financements publics,  campagnes de sensibilisation, pérennisation des emplois de permanents.     

Arnault, Carrefour et tous les autres, se montrent les dignes descendants de leurs prédécesseurs du XIX ème siècle. Ils font la charité aux pauvres dont ils prélèvent tout le succès avant d’accorder une obole à ceux qu'ils ont choisi et qui doivent se montrer dignes de recevoir leurs libéralités. Hier, en montrant un brevet de bonne conduite vierge de fréquentation des rouges et d'arrêts prolongés à l'assommoir. Demain, extrême droite oblige, en montrant une carte d'identité pour remplir son cabas. Un curseur qui séparera le bon grain national de l'ivraie étrangère, indigne de toute manifestation de pitié.
Détail piquant, parmi les habitués des restos du coeur, gageons qu'il s'en trouve un nombre important qui ont contribué peu ou prou à faire la fortune du milliardaire et de ses amis. En matière sz charité bien ordonnée, Macron et ses amis ont tout compris. Ils ont commencé se la faire à eux-mêmes. On pourrait souhaiter que les restos du cœur et leurs collègues-concurrents retournent leurs chèques à ces patrons impudents mais elles ne seraient plus des bureaux de bienfaisance aussi utiles à leurs bénéficiaires qu'aux pouvoirs en place. Soufflons à Macron et à ses amis du genre capitaliste en mal d’afficher leur générosité qu'ils devraient abonder les caisses des prochaines grèves, puisqu'elles ne devraient pas tarder.  
 (*) ce n'est sans doute pas la raison de l'investissement des bénévoles. 

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