Le gouvernement thaïlandais a annoncé la mise en place de l'état d'urgence à Bangkok et sa proche banlieue, pour faire face aux manifestations contre la Première ministre Yingluck Shinawatra.
Cette mesure a été prévue, à l’approche des législatives du 02 février, pour contrer les manifestations qui réclament depuis plus de deux mois la chute de la Première ministre.
Deux mois d’état d’urgence
En raison des manifestations et des violences, qui ont fait au total neuf morts et des centaines de blessés, « le conseil des ministres a décidé d'invoquer l'état d'urgence pour faire face à la situation et faire appliquer la loi », a déclaré le vice-Premier ministre Surapong Tovichakchaikul lors d'une conférence de presse, rappelant que les manifestants qui ont assiégé ministères et administrations ont empêché les fonctionnaires d'aller travailler.
« Nous n'utiliserons pas la force. Nous n'avons pas de politique pour disperser les manifestants, nous n'avons pas annoncé de couvre-feu pour l'instant », a annoncé de son côté le ministre du Travail, Chalerm Yubamrung. Ce dernier a été désigné pour superviser l'application de l'état d'urgence, assurant aussi que la Thaïlande respecterait les normes internationales.
Une opposition toujours active
Pour tenter d'intensifier leur pression, les manifestants, menés par Suthep Thaugsuban, le leader de ces événements et ancienne figure du Parti démocrate, ont lancé la semaine dernière une opération de paralysie de Bangkok qui s'est depuis essoufflée, même si plusieurs carrefours importants de la capitale sont toujours occupés.
Suthep Thaugsuba a déclaré que l’état d’urgence n’arrêterait pas le mouvement. « Nous n'avons pas peur. Nous n'arrêterons pas », a-t-il déclaré devant ses partisans, assurant que les manifestants étaient « sans arme et les mains vides ».
Les militants sont déterminés à empêcher les législatives du 02 février, ordonnées par la Première ministre pour sortir de l’impasse. Un scrutin dont le parti au pouvoir est une nouvelle fois favori et que le Parti démocrate boycotte. Les manifestants souhaitent remplacer le gouvernement par un « conseil du peuple » non élu.
En principe, l’état d’urgence donne aux autorités la possibilité d'interdire les rassemblements, de détenir un suspect sans accusations pendant 30 jours et de censurer les médias, mais le gouvernement n'a pas précisé à ce stade quelles mesures seraient utilisées.
Eric Freymond