Au moins 50 personnes sont mortes ce weekend lors de manifestations en Égypte, où des milliers de partisans du pouvoir et des centaines d’opposants islamistes étaient rassemblés pour le troisième anniversaire de la révolution de 2011.
Ces dernières 48 heures en Égypte ont été le théâtre d’un bain de sang : 247 personnes blessées et une cinquantaine de morts, selon un communiqué du ministère de la Santé. Le président égyptien par intérim a annoncé dimanche qu'une élection présidentielle serait organisée sous trois mois, avant des législatives.
En six mois : un millier de manifestants pro-Morsi tués
Le bilan des manifestations du weekend a été revu à la hausse. Il fait désormais état d'au moins 49 morts. En outre, le ministère de l'Intérieur a de son côté indiqué que 1079 personnes avaient été arrêtées en marge des défilés, alors que les nouvelles autorités mènent une implacable répression de toute manifestation de l'opposition depuis que l'armée a destitué et arrêté le président islamiste Mohamed Morsi.
Devant une morgue de la capitale, des proches des victimes scandaient dimanche « À bas le régime militaire » en formant des cortèges funéraires, alors qu'ailleurs au Caire, les forces de l'ordre étaient déployées en masse notamment aux abords des commissariats et des postes militaires.
Depuis le coup d'État du 3 juillet 2013, mené par les forces armées égyptiennes contre le président Morsi, on recense plus d'un millier de manifestants pro-Morsi tués par les nouvelles autorités.
La présidentielle avancée
« J'ai pris ma décision d'amender la feuille de route vers l'avenir dans le sens que nous commencerons par organiser l'élection présidentielle en premier, suivie par des élections législatives », a déclaré Adli Mansour dans une allocution télévisée, sans préciser la date du scrutin. Les ambiguïtés sur le calendrier de la transition promise par l'armée début juillet, lorsqu'elle a destitué le président islamiste Mohamed Morsi, sont ainsi levées.
Pour les experts, l'organisation de l'élection présidentielle avant les législatives devrait jouer en faveur du général al-Sissi, qui avait annoncé lui-même l'éviction du seul chef d'État jamais élu démocratiquement d'Égypte, et ne cache plus son intention de se présenter à la magistrature suprême.
Les scrutins présidentiel et législatifs avant l'été doivent clore la « transition démocratique » promise par les militaires et lancée mi-janvier par un référendum sur une nouvelle Constitution, adoptée à plus de 98%.
Les égyptiens s'attendent désormais à ce que le général al-Sissi, ancien chef du renseignement militaire sous Moubarak, annonce sous peu sa candidature à la présidentielle, dont il deviendrait alors le grand favori. Ses opposants, libéraux ou islamistes, craignent un retour à une forme de pouvoir autoritaire comme au temps d'Hosni Moubarak.
Eric Freymond