« Le génie du Tintoret n’apparait pas moins dans ses dessins que dans ses peintures. »
François Fosca (expert du Tintoret, dans les années 1940)
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En 5 épisodes, premiers éléments de réponse
Voici, en ce dessin, une bonne représentation de l'esthétique du Tintoret, ce me semble. – Merci d’apporter quelque attention complémentaire pour notre débat :
Car quel métier ! Un vrai Tintoret hors de portée des manipulateurs et restaurateurs, alors que l’on nous a fait croire (cf. une certaine histoire de l’art classificatrice), que seules les réalisations des moines Zen, celles qui cristallisent la Loi de l’univers... ou les envolées chinoises au pinceau-encre des époques Yuan et Ming, s'étaient intéressées à ce sublime-là. Celui d'un spirituel ou mental-visuel-de-la-main, écriture et capture du souffle de l’impermanence qui savait aller à l’essentiel. Confère un art extrême-oriental, paraît-il sans équivalent dans l’art occidental (dit de la représentation), avant l'art non-figuratif, l’abstraction…
Naturellement, j'ai bien vérifié ; ce dessin n’est absolument pas exceptionnel chez Le Tintoret. 1- Première constatation d’ordre générale sur la fluidité fantastique du ‘peindre' à la pierre noire/fusain, façon de retenir une figure humaine. Or voici un système de représentation dans l'espace qui n'a pas grand-chose à voir avec celui – plus nettement saccadé – de Paul Cézanne.
Nous allons voir tout ceci par définition de petits ensembles à l’intérieur du dessin, fragments de mise en évidence, avant d’en tirer une leçon formelle bien plus générale pour l’art des anciens maîtres :
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2- La position générale de cette figure est un contra-posto dans une bascule en référence avec l’inventivité de Michel-Ange. Dans sa jeunesse, le Tintoret a beaucoup dessiné aussi, dans l’atelier du Titien, d’après des modèles qui circulaient alors à Venise. Ci-dessus, je scinde les deux parties du corps dont l’une pivote vers le haut, à gauche, avec une tension maximum de la tête pour exprimer des yeux levés vers un au-delà. Alors que dans l’autre, une pointe, comme tirée à l’extrême de ce que nous nommerions 'un bas’, va vers l’angle gauche de la feuille. D’où l’idée d’un être humain tendu dans un élan… mais toutefois retenu dans une articulation contrariée, plus ou moins dépliée.
3- Il y a aussi ce qui est replié, défini en ronde bosse, ou comme en boutons et….
à suivre, le 7 oct. 2020 : https://blogs.mediapart.fr/etienne-trouvers/blog/071020/siderations-visuelles