Est-ce que tout cela est bien raisonnable ?
Tout le monde ne le pense pas. L'association Vivre dans les monts d'Arrée s'exprime à ce sujet : je partage.
L'association Vivre dans les monts d'Arrée a examiné le dossier présenté par EDF. Avant toute chose, nous demandons, comme nous l'avons fait en 2010 et comme nombre de citoyens et d'associations le font, que soit tenu un débat public national sur le démantèlement des centrales nucléaires.
La période choisie pour l'enquête qui se termine le 3 janvier, juste après les fêtes de fin d'année, n'est pas favorable à l'information du public.
Sur le fond du dossier présenté, nous avons des interrogations et des inquiétudes, dont certaines ont été également notées par l'Autorité environnementale et l'IRSN.
L'option consistant à attendre une décroissance de la radioactivité n'est pas étudiée alors qu'elle avait été envisagée précédemment par EDF et CEA.
Comme retour d'expérience, EDF s'appuie sur l'expérience de la centrale nucléaire de Niederaichbach (Allemagne), également modérée à l'eau lourde et refroidie au gaz carbonique. Mais cette centrale n'a fonctionné que 18 jours.
Au sujet des activités humaines (pièce 7, chap. 9), parmi les activités de loisirs, le centre de loisirs (Monts d'Arrée communauté) de Nestavel, n'est pas mentionné.
Pour la gestion des terres (pièce 7, chap. 5), si EDF ne peut « éliminer toute source de matières chimiques ou radioactives […] à un coût économiquement acceptable […], EDF engagera une démarche d’optimisation visant à définir des objectifs d’assainissement poussé, en vérifiant que l’état des sols atteint est compatible avec l’usage futur retenu, à savoir un usage industriel conventionnel. » Cela manque de précision et c'est contradictoire avec l'objectif de restituer le site compatible avec tout usage.
Limiter le démantèlement du radier à un mètre est inacceptable. Est-ce un choix technico-économique ? Par exemple, pour le démantèlement des éoliennes, le retrait total du socle en béton est exigé. EDF avance un objectif d'« assainissement », mais rien n'est prévu en cas de non-atteinte de cet objectif. Que se passera-t-il alors à l'arrêt du rabattement de la nappe ?
Il n'y a actuellement pas de solution définitive pour les déchets les plus radioactifs. Les transports de déchets vont traverser la France sur plus de mille kilomètres pour un entreposage provisoire.
Il reste beaucoup d'incertitudes sur la contamination du site (sous le BCI, regard F, galerie G 25, local Sulzer...). L'inventaire radiologique est fait par méthode calculatoire.
Les engins téléopérés fonctionneront-ils en milieu radioactif ?
Pour les ouvriers travaillant au contact, la contamination au tritium (respiratoire et cutanée) est-elle suffisamment prise en compte ?
Le risque incendie pour la découpe et l'entreposage du zircaloy est-il suffisamment étudié ?
L'« assainissement » (grattage du béton sur cinq millimètres) et la déconstruction de l'enceinte réacteur n'est pas très précise.
Pour la surveillance de l'environnement, des stations de prélèvement pour analyse sont supprimées, ou la fréquence des analyses est diminuée. Alors qu'il y aura mobilisation de radioactivité, il est aberrant de diminuer les analyses.
L'association Vivre dans les monts d'Arrée demande que soit étudiée l'option de démanteler après décroissance de la radioactivité et, en l'absence de débat public national sur le démantèlement des centrales nucléaires et la gestion des déchets, elle donne un avis défavorable à la demande d'EDF.