Cela fait quand même quelques temps que nous vivons des canicules à répétition, voyant sous nos yeux le climat s’emballer sans agir le moins du monde pour enrayer cette course folle.
Pour moi, le déclic se fit en 2003, la première « grosse canicule », qui a duré quasiment tout l’été. Jusqu’à 42° à Toulouse où j’habitais alors. Je me souviens, j’étais paniquée : une angoisse totale face à cet air étouffant qui semblait ne jamais vouloir se renouveler. Peur de la mort, de l’asphyxie. Et incapacité d'agir.
Mais une fois cet été passé, tout le monde a repris « buisness as usual ». Les industries ont continué à produire de plus en plus, on est tous devenus accros aux écrans et à l’énergie, on a découvert les iphones, les écrans plats, les films en streaming, les vols low-coast qui permettent d’aller passer ses vacances à l’autre bout de la planète plusieurs fois par an, la destruction des lignes de train, des commerces de proximité, les voitures toujours plus puissantes … Tout ce bordel auquel je participe aussi (sauf pour les vols en avion et les puissantes voitures) et qui envoie une chaleur de malade dans l’atmosphère.
Moi, chaque été, je redoutais la répétition de l’été 2003. Je guettais inquiète la météo, les seuils à ne pas dépasser. Autour de moi, on se moquait « c’est bon, l’été il fait chaud ! »
Durant ces 20 années, on a continué à balancer, plus que jamais, de plus en plus, du CO2 dans l’atmosphère. Alors que l’on savait. On ne pouvait pas ne pas savoir, et pourtant les activités émettrices de CO2 ont augmenté dans une proportion jamais vue dans l’histoire de l’humanité, sur ces 20 dernières années. J’ai vu hier une vidéo sur le site du Monde, qui reprenait, chiffres et graphiques à l’appui, les éléments du réchauffement climatique. L’augmentation des températures suit la même courbe que l’augmentation de la production sur le siècle dernier.
En 2019, nous avons eu des record de température en Auvergne, où j’habite désormais, jusqu’à 41°. Mon angoisse était à son comble, même si finalement mon corps le supportait plutôt bien. Autant que je me souvienne, cette canicule, pourtant alarmante, n’a pas fait les gros titres des journaux, car elle devait être assez localisée. Atour de moi, passé le « putain fait chaud », personne ne semblait très inquiet, tout le monde semblait relativiser. Ceci ne faisait que décupler mon angoisse, je me sentais très seule face à une catastrophe que je semblais seule à voir.
Aujourd’hui, nous sommes en 2022, et nous nous apprêtons à battre de nouveaux records. C’est la deuxième vague de chaleur depuis le début de l’été, des incendies sévissent un peu partout dans le sud du pays. Étonnement, cette fois ci, en Auvergne, nous sommes un peu épargnés, du moins jusqu’à ce jour. Les maximales prévues sont « seulement » de 37°.
Mais en revanche, cette fois ci, tout le monde semble s’emballer : les médias ne parlent que des records de température, autour de moi aussi, tout le monde est flippé. Je ne sais pas si c’est un mal ou un bien. Je me dis que c’est peut-être le début d’une prise de conscience, mais pourtant rien ne semble changer réellement. Nous restons accros à l’énergie, à la consommation de biens polluants, aux déplacements incessants. Aujourd’hui, les gros titres des médias nous paniquent, mais cette panique n’est pas constructive. Elle est paralysante, elle nous empêche d’agir, nous restons pétrifiés de terreur.
Il nous faut absolument retrouver notre capacité d’agir, il nous faut absolument mettre en place des actions concrètes pour lutter contre le réchauffement, dès maintenant. Chacun peut faire quelque chose, à son échelle. Certains vont arrêter de prendre l’avion (moi), d’autres vont arrêter de manger de la viande (pas moi), certains vont faire leurs trajets quotidiens à vélo, isoler leur maison, ou arrêter de regarder des films en streaming. Nous avons tous une capacité d’action. Certains diront « oui mais ce sont les grandes entreprises qui polluent plus que la particuliers ». C’est vrai. Mais elles ne polluent que parce qu’il y a des individus qui achètent ce qu’elles produisent. Total pollue parce que des millions de personnes achètent de l’essence (je sais, certaines n’ont pas le choix). L’industrie de l’électronique ne pollue que parce que maintenant, dans chaque foyer de pays riche, il y a au moins un smartphone par habitant, changé régulièrement, et plusieurs écrans télé.
Bien sûr, je ne mets pas tout sur les consommateurs lambda : il est aussi indispensable d’agir pour que les super pollueurs, c’est à dire les super riches, soient taxés, punis, emêchés, que l’on arrête le grand délire méga polluants des milliardaires, les voyages en jet privés et bilans charbonne ahurissants (empreinte CO2 de Bernard Arnault sur le mois de mai 2022 = empreinte CO2 d’un français moyen en 17 ans).
En résumé, face à ces vagues de chaleur successives qui nous montrent bien à quel point le climat s’emballe, je pense qu’il est urgent de retrouver notre capacité à agir dans ce contexte grave. Agir dans le bon sens. Chacun, à son niveau, a une marge d’action, et quand tout le monde s’y mettra, les dirigeants seront bien obligés de s’y mettre aussi. Je dirais que c’est un devoir que nous avons envers notre environnement, envers les générations futures, qu’il faut préserver, mais aussi envers nous-mêmes, en tant qu’humains. The job will be done.