
Selon les dernières informations, l'attentat d'extrême droite commis ce 23 décembre dans le 10eme arrondissement de Paris visait le centre culturel kurde Ahmet-Kaya à l'heure où devaient se réunir soixante femmes en assemblée.
Une réunion heureusement repoussée de quelques heures à la dernière minute.
L'attentat fait malgré tout trois victimes dont Emine Kara (Evîn Goyî), héroïne du combat contre l’État islamique, précurseuse du mouvement Femmes Vie Liberté et responsable du Mouvement des femmes kurdes en France (où elle demandât en vain le droit d'asile).
Le terroriste visait une soixantaine de femmes
Ni les victimes visées ni le moment ne sont le fait du hasard. Les soixante femmes, toutes militantes, devaient se réunir pour préparer la commémoration d'un triple féminicide : l’assassinat il y a 10 ans des trois militantes kurdes Sâkine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbin), et Leyla Shaylemez. Assassinat impuni pour lequel la France refuse toujours la levée du secret défense.
Elles prévoyaient notamment d'organiser "une mobilisation massive pour la manifestation en hommage aux trois femmes, et contre tous les féminicides" le samedi 07 janvier à Paris.
Féminicides politiques
Pourquoi "féminicides"? Parce que ces trois femmes n'étaient pas "que" des militantes kurdes. Elles diffusaient les idéaux féministes du parti; Sakine Cansiz par exemple, a créé la première organisation féminine du PKK et mis en place des ateliers de formation au féminisme appelés "Jineolojî" (littéralement "Science des femmes") qui ont essaimé en Europe au delà de la diaspora !
"Féminicides" parce qu'elle étaient des femmes qui osent parler. La plus "visible" d'entre elle, Fidan, a du reste reçu une balle dans la bouche. La symbolique est claire.
Emine Kara n'est pas davantage "une victime au hasard" de crime raciste. Les kurdes de France ne s'y trompent pas quand ils parlent de "féminicide politique" : c'est bien la représentante du mouvement des femmes kurdes en France qui était visée, la première militante à avoir lancé le cri de ralliement Femmes Vie Liberté.
Si l’État turc, avec la complicité possible d'autres États (misogynes), cherche par tous les moyens à silencier ces militantes, c'est qu'il est bien conscient de la force du mouvement de libération des femmes organisé de manière autonome dans la résistance kurde.
Le nouveau coup porté à la communauté kurde ce vendredi n'a rien d'un crime raciste aléatoire. C'est un symptôme de plus du backlash (retour de bâton). C'est un bâillon posé sur toutes les bouches qui crient Jin Jiyan Azadî. Femmes Vie Liberté.