Ce dimanche 27 mars 2022, nous, féministes radicales antifascistes, avons décidé de briser le silence politique, médiatique et institutionnel face à l'assassinat fasciste de Federico Martín Aramburú.
Au 146 boulevard Saint-Germain, là où il est tombé (cinq tirs, dont trois l'ont touché), une banderole a été installée toute une journée, marquée de ces mots rouge-sang : ICI LE FASCISME A TUÉ. Autour de l'arbre où ont été déposés des bouquets par les passant.e.s, la famille, les ami.e.s, nous avons déposé des pancartes pour que résonnent les mots que tous taisent ostensiblement : "Federico Martín Aramburú (20/01/1980 - 19/03/2022) assassiné par l'extrême-droite, crime du racisme".

Cet assassinat, ces circonstances, ceux qui ont perpétré ce crime, traduisent clairement l'impunité aujourd'hui du fascisme en France tuant en plein coeur de la capitale un homme qui s'était dressé contre la xénophobie et la violence raciste. Anciens membres du GUD (Groupe Union Défense, où figuraient plusieurs cadres du FN), auto-dissout en 2017 au profit de Bastion Social lui-même dissout fin avril 2019, Loïk Le Priol est un ancien militaire radié en 2017, fiché S, et Romain Bouvier, ex-étudiant à Assas, proche de Marine Le Pen. Tous deux figurent à de nombreuses reprises auprès des anciens dirigeants du Front National de la Jeunesse, Julien Rochedy et Paul Alexandre Martin. Ils sont connus pour de graves faits de violence.
Loïk Le Priol, sous contrôle judiciaire, devait se présenter au commissariat chaque semaine dans le Sud. Il avait interdiction de se rendre à Paris et d'être en contact avec Romain Bouvier, lequel, à noter, a été mis en examen pour deux infractions liées à la détention d'armes.

Depuis deux ans, Laurent Nunez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, alerte sur la gravité du danger de l'extrême-droite : "des structures qui ont le culte de la violence et qui recherchent l'affrontement".
Au-delà des évidentes responsabilités de l'Etat, nul ne doit ignorer la dimension politique de ce crime, et c'est contre cette dépolitisation coupable que nous avons souhaité agir. Le silence politique général, indigne du courage de Federico Martín Aramburú rajoute une violence insupportable face à cette flagrante impunité. Nous devons toustes réagir sans délai et nous appelons urgemment à cette prise de conscience collective.
Sommes-nous arrivé.e.s à un tel degré de résignation ou de lâcheté face à l'extrême-droite normalisée par l'échiquier politique qu'aucune voix courageuse ne se fait plus entendre ? Où êtes-vous, allié.e.s de cette lutte ? Nous, les femmes, communautés LGBT et racisées, sommes les premières victimes de cette violence aujourd'hui sans limite. Nos slogans féministes collés dans les rues : "je veux être libre pas courageuse", "la rue est à nous", "fachos hors de notre quartier et hors de nos luttes" sont plus que jamais d'actualité aujourd'hui. Désormais, est-ce une guerre ? Qui nous protégerait des fascistes ? Qui apportera une véritable réponse antifasciste ? Qui se lèvera avec nous pour lutter face à de telles menaces ?

Le courage de Federico Martín Aramburú ne doit pas être oublié et nous devons en être dignes, à sa hauteur. Le combat commence, rejoignez-nous !
Féministes radicales antifascistes et en colère
PS : nous remercions les médias libres StreetPress, Mediapart et Les Jours pour leur travail essentiel sur l'extrême-droitisation de la France.

Sources :
https://www.streetpress.com/sujet/1647875425-loik-le-priol-neo-fasciste-recherche-meurtre-rugbyman-federico-martin-aramburu-paris
https://www.streetpress.com/sujet/1648053629-romain-bouvier-gentleman-fasciste-implique-meurtre-rugby-aramburu-le-priol
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/ultradroite-en-france-des-structures-qui-ont-le-culte-de-la-violence-et-qui-recherchent-l-affrontement-denonce-laurent-nunez_4257909.html
http://www.regards.fr/la-midinale/article/mathieu-molard-loik-le-priol-a-ete-forme-pour-etre-un-tueur
https://www.mediapart.fr/journal/france/230322/assassinat-d-aramburu-au-coeur-de-l-enquete-des-militants-d-extreme-droite-fascines-par-les-armes