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Ce n’était pas la première fois que les deux hommes se rencontraient : le premier contact avait eu lieu une dizaine de jours plutôt, le 2 juillet, à Bamako, en marge du dernier sommet du G5 Sahel. Emmanuel Macron avait tenu à marquer sa présence auprès de ce groupe de cinq États (Tchad, Mali, Mauritanie, Burkina Faso et Niger) qui présentent un front uni face à des défis communs, au premier chef desquels le terrorisme qui frappe toute la région. Le sommet de Bamako suivait de peu l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2359, qui donne toute légitimité à la mise en place d’une Force conjointe destinée à combattre tous les groupes terroristes de la bande sahélienne. La diplomatie française a pesé de tout son poids pour faire voter cette résolution en dépit de l’opposition initiale des États-Unis. Elle a bénéficié du soutien discret du Tchad, qui a beaucoup œuvré à travers Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des Affaires étrangères d’Idriss Déby.
La lutte contre le terrorisme est donc le premier sujet qui a rapproché les deux hommes, et leur entretien à Paris y a été en partie consacré. La crise économique et budgétaire que traverse le Tchad a également été longuement abordée. Le Président Déby avait clairement indiqué les semaines précédentes que le Tchad ne pourrait plus contribuer autant à la sécurité et à la stabilité d’une région vaste comme la moitié de l’Europe, dans la situation budgétaire qui est la sienne, sans un soutien franc. En liant les deux problématiques, le président tchadien s’assure que les nombreux sacrifices consentis par le Tchad sur l’autel de la stabilité du Sahel puissent en retour améliorer les conditions de vie des Tchadiens.
Idriss Déby n’en est pas moins resté fidèle à son indépendance : très peu de choses ont filtré de la demi-heure que les deux hommes ont passé en tête à tête, mais il semblerait que la question de la Zone Franc, au sujet de laquelle le président tchadien souhaite qu’une réflexion soit ouverte, ait occupé l’essentiel de leurs échanges.
À la suite de cette rencontre, le Quai d’Orsay a publié un communiqué qui donne le ton de cette rencontre : « Le Tchad est un pays ami et partenaire, avec lequel nous entretenons une coopération dense et diversifiée. (…) Nous saluons son engagement déterminé dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad, et soutenons un développement inclusif au bénéfice de la population tchadienne ». Idriss Déby semble avoir assuré au Tchad le soutien du nouveau président français, moins de deux mois après son entrée en fonction.