
La souffrance du monde ambulancier avait particulièrement été mise en exergue pendant la crise sanitaire, et ce, dans une quasi indifférence générale.
Placés sous la cotutelle du ministère des Solidarités et de la Santé et du ministère des Transports, les ambulanciers n’ont pas bénéficié du même traitement que les autres soignants, notamment en termes d’équipements de protection et d’indemnisation.
Aujourd’hui, c’est un nouveau volet qui s’esquisse avec l’annonce d’une baisse du nombre d’heures de formation d’ambulancier. L’indignation est à son comble chez la plupart de ces professionnels.
Le CATSUF et la OATPH sont immédiatement montés au créneau
« La réduction du volume horaire entrainera inévitablement une réduction des compétences » selon Alexandre Vergnaud, président du CATSUF. Des « propositions dangereuses » qui risquent d’occasionner une baisse de la qualité et même des conditions salariales, déjà très basses. « Cela va à l’encontre des évolutions des autres professions de santé qui sont à l’augmentation en compétences plutôt que le contraire » a-t-il ajouté.
Le projet des syndicats agace d’autant plus le président du CATSUF étant donné que le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’a soutenu officiellement lors du Congrès National de l'Ambulancier et de la Mobilité Sanitaire qui s’est déroulé les 24 et 25 septembre 2020. Le ministre estimait que leurs demandes, notamment l’accès au diplôme par une VAE, étaient « légitimes » arguant que le référentiel de formation datait déjà de 2006.
Une réforme mal venue quand le CATSUF milite pour la revalorisation de la profession
« A l’heure actuelle, les principales problématiques sont le manque de reconnaissance de nos missions et de nos compétences » estime Alexandre Vergnaud. Un manque de considération souvent « nourri par une méconnaissance générale de notre métier ». Le CATSUF et ses partenaires travaillent depuis plusieurs mois sur un projet de refonte de la profession d’ambulancier qui inclut justement une augmentation du nombre d’heures des formations. Alexandre Vergnaud explique que l’association travaille « sur deux grands axes : le dialogue entre les structures professionnelles qui le souhaitent et la rédaction d’un ensemble de propositions concrètes » qui impacteront « tous les aspects de la vie de l’ambulancier ».
Ces propositions de réforme replacent la profession d’ambulancier parmi les professionnels de la santé. Après tout, ce corps de métier, créé par le baron français Jean-Dominique LARREY, chirurgien en chef de la Grande Armée et père de la médecine d’urgence, au 18ème siècle, avait pour vocation de sauver la vie des soldats. Les équipes nommées par le chirurgien leur donnaient les premiers soins durant le trajet, entre les zones de combat et les hôpitaux.
Un manque de cohésion qui pourrait freiner une refondation du métier
Selon Alexandre Vergnaud, les organismes de défense des ambulanciers ne semblent pas vraiment parvenir à agir de concert. Il estime que « chacun fait son travail de son côté ». Chose qu’il déplore puisque « ce manque de cohésion ne permet pas d’avancer et de faire évoluer notre profession par le haut malheureusement ». C’est sans compter toutes les tensions entre les ambulanciers eux-mêmes, entre les chefs d’entreprises mais également entre les grands groupes et les petites entreprises, de plus en plus fragilisées.
D’autre part, entre les ambulanciers et les organisations de défense, c’est le chien qui se mord la queue. Certains ambulanciers rechignent à cotiser, estimant que c’est aux organismes d’obtenir des résultats pour donner envie d’adhérer. Or pour obtenir ces résultats, les structures comme le CATSUF doivent être reconnues par les pouvoirs publics, sous certaines conditions telles qu’un nombre d’adhérents suffisant.