MALI- Proto-Califat du JNIM/AL-QAÏDA et tentative d’asphyxie du Mali [4]
Depuis octobre 2025, le Mali fait face à une crise sécuritaire majeure orchestrée par un groupe de mercenaires-terroristes-djihadistes JNIM (Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin ) ou (Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans). Le Dr. Yves Ekoué Amaïzo, Pt d’Afrocentricity Think Tank analyse et décrypte les arcanes de la nébuleuse terroriste, l’incidence sur la vie des populations. [4° partie]
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
« Pénurie de carburant : le Mali peut-il s’en sortir ? » Débat organisé par la Journaliste indépendante Samantha Ramsamy sur Telesud, dans l’émission Global Africa, entre Seddik Abba, Président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES) et le Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Directeur Afrocentricity Think Tank.
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MALI- PROTO-CALIFAT DU JNIM/AL-QAÏDA ET TENTATIVE D’ASPHYXIE DU MALI[i] : REORGANISER LES RENSEIGNEMENTS, LA DEFENSE NUMERIQUE ET LA PALABRE AFRICAINE INCLUSIVE[ii]
QUATRIÈME PARTIE
SOMMAIRE
27. Le JNIM utilise Starlink au Mali et au Sahel
28. Mais que renferme l’autorisation réglementée de Starlink sur le territoire malien ?
29. Relations ambiguës et opportunistes entre les Etats-Unis et le Mali : belligérance d’influence, captation d’influence, coercition technologique et neutralisation de la souveraineté numérique
30. Douce ingérence américaine : entre posture de condamnation diplomatique et passe-droits indirects
31. Comment Donald Trump peut espérer obtenir le Nobel de la paix en contribuant à l’élimination du JNIM et de l’Etat Islamique en Afrique ?
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27- LE JNIM UTILISE STARLINK AU MALI ET AU SAHEL
Les informations disponibles confirment que le système satellitaire Starlink, développé par Elon Musk, est devenu un outil de communication largement utilisé dans la région du Sahel, y compris par des groupes terroristes comme le JNIM au Mali, qui s'en servent pour coordonner leurs actions et diffuser leur propagande. Ce matériel, bien que légalement vendu à certains gouvernements comme celui du Niger[iii], est massivement introduit en contrebande au Mali via des réseaux nigérians et libyens. Cette contrebande se fait à travers des corridors bien établis, où les trafiquants payent des intermédiaires, policiers ou chauffeurs, pour faire passer les kits Starlink[iv] vers des zones contrôlées par les groupes armés.
Le Gouvernement malien a bien disposé du matériel Starlink qui est, entre autres, utilisé aussi bien par les forces maliennes que par les groupes terroristes, souvent par le biais du marché noir et de la contrebande[v].
Des financements extérieurs, notamment en provenance des Émirats Arabes Unis et du Qatar, ont été évoqués dans des analyses pour expliquer la montée du terrorisme dans la région, sans pour autant que cela soit lié officiellement à la vente des équipements Starlink par les États-Unis.
Lors de l'interdiction initiale[vi], le gouvernement s'était engagé à démanteler les terminaux Starlink, invoquant des risques pour la sécurité nationale. Le rétablissement temporaire et partiel des services Starlink par le Mali est une mesure visant à concilier ces besoins contradictoires, en garantissant la connectivité tout en empêchant Internet de devenir un outil au service des insurgés.
Les autorités ont finalement constaté que les kits vendus précédemment et entrés illégalement au Mali sont toujours opérationnels et se sont retrouvés dans les mains des mercenaires-terroristes-djihadistes qui ne se sont pas privés de l’utiliser pour organiser le blocus énergétique et le gel des circuits d’approvisionnement du pays.
En définitive, Starlink est un facteur complexe de la situation sécuritaire, car sa technologie très performante est exploitée par toutes les parties, y compris les terroristes, par le biais de réseaux illicites. Il semble que des équipements alternatifs de « brouillage » ont été acquis et permettent au Gouvernement malien de contenir l’avance technologique des mercenaires-terroristes-djihadistes.
Starlink demeure toutefois un outil dont les États-Unis restent officiellement fournisseurs légitimes au travers des marchés africains, mais qui a été détourné largement via la contrebande alimentée par des acteurs et financements extérieurs. Ainsi, cette situation complique fortement le contrôle américain, malien, et régional du matériel technologique dans un contexte d'instabilité et de conflits multiples
Toutefois au Mali, le Gouvernement s’est ressaisi en modifiant son code des postes et télécommunications en juillet 2025 pour classer les équipements permettant de contourner les opérateurs agréés, comme les antennes Starlink, en « non conformes », ce qui interdit leur importation officielle. Cette décision fait suite à des condamnations par le tribunal administratif lors de saisies de matériel Starlink bloqué par la douane malienne et fondées sur le non-respect des normes nationales, mais la transparence exacte sur les dossiers de saisies reste limitée dans l’espace public. Cette interdiction précise que ces kits n’ont pas fait l’objet d’une homologation officielle au Mali et que leur usage incontrôlé est dangereux dans le contexte sécuritaire malien[vii]. Aujourd’hui, le Gouvernement malien a ainsi mis en place un verrou réglementaire[viii] pour empêcher l’entrée et l’usage non contrôlé de Starlink sur le territoire.
28- MAIS QUE RENFERME L’AUTORISATION RÈGLEMENTÉE DE STARLINK SUR LE TERRITOIRE MALIEN ?
Le Mali a autorisé le système Starlink sur son territoire puis est revenu sur sa décision pour un encadrement plus strict suite au constat de la circulation des kits Starlink par la voie de la contrebande. L’Etat malien a levé l’interdiction de Starlink[ix] en octobre 2024, autorisant temporairement l’importation et l’utilisation des kits[x] pour une durée de six mois. Cette décision a été prise en Conseil des ministres, après une interdiction initiale en mars 2024, motivée par des craintes d’usage par des groupes armés. Le gouvernement a finalement opté pour une approche encadrée plutôt qu’une interdiction totale, reconnaissant l’utilité de Starlink dans les zones mal desservies par les réseaux classiques. Mais, il y a un problème. L’Etat malien ne maîtrise pas le fait que les terroristes peuvent avoir accès à Starlink par des moyens qui leur sont propres[xi] ou tout simplement par une « facilité » mise à leur disposition et qui n’est pas un simple « paiement des droits d’accès aux données et images satellitaires et communication », soit par des accords secrets liant les groupes mercenaires avec des puissances occidentales ou non-occidentales.
En poussant l’analyse plus loin, il est possible qu’il n’y ait pas eu de position commune au sein de l’Alliance des États du Sahel (A.E.S.). En effet, si le Mali a permis une autorisation temporaire avec encadrement strict, le Niger a autorisé Starlink[xii] et a pu documenter des usages clandestins par des groupes armés et des réseaux criminels[xiii].
A la différence des deux autres pays de l’A.E.S., le Burkina-Faso n’a pas octroyé de licence d’exploitation de Starlink pour fournir des services internet par satellite dans le pays parce que la société d’Elon Musk produisant et commercialisant Starlink n’a pas voulu respecter la réglementation burkinabè[xiv].
Il est avéré que des acteurs non étatiques comme le JNIM et l’État Islamique au Sahel exploitent Starlink pour leurs communications, notamment dans les zones reculées où les réseaux classiques sont absents.
Les États de l’A.E.S. ont voulu profiter de l’opportunité offerte par cette technologie dans les zones rurales ou enclavées avec la possibilité que ce « conduit » serve aussi à soutenir l’éducation, la santé, ou les projets industriels, à condition qu’un cadre réglementaire national robuste permette les contrôles et les sanctions. Or, en termes de sécurité, les autorités de l’A.E.S. redoutent que Starlink serve à contourner les écoutes et à coordonner des attaques. Par ailleurs, il y a clairement une faille dans la souveraineté numérique du fait même de l’absence de contrôle sur les flux de données satellitaires et l’impossibilité pour les régulateurs de procéder à des contrôles et à des sanctions.
Pour achever ce point, le JNIM, ce groupe de mercenaires-extrémistes et djihadistes violents et criminels au Sahel (Jama’at Nasr al Islam wal Muslimin) qui opère sur ce qu’il considère comme sa « Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) », exploite Starlink pour renforcer ses capacités opérationnelles. Il ne s’agit pas simplement de trafics de ventes de kits, mais de détournement de l’utilisation initiale et des dispositifs Starlink. C’est d’ailleurs cela qui permet à ces groupuscules d’être extrêmement mobiles et agiles et d’échapper aux forces de l’ordre et pérenniser les économies illicites.
Néanmoins, il existe en aval une chaîne d’approvisionnement illicite, bien connue des pays occidentaux, et que Elon Musk ne peut ignorer. Ce sont ces circuits logistiques huilés par la corruption de nombreux douaniers, un manque d’interdiction de l’Etat central et souvent une ignorance des usages de ces appareils par les douaniers, qui permet au JNIM de se déployer au Mali et d’être extrêmement bien renseigné grâce au dispositifs Starlink.
Autrement dit, si Starlink peut être très utile pour désenclaver des zones rurales en termes d’inclusion digitale, il peut servir à contourner les réglementations, -quand elles existent-, relatives à leur utilisation. Tous les pays voisins des pays de l’A.E.S. profitent de ce « trafic lucratif ». Compte tenu des relations de voisinage peu reluisantes entre les pays de l’A.E.S. et leurs voisins, il faut croire que certains de ces pays servent de base arrière aux terroristes-mercenaires-djihadistes, non sans quelques financements extérieurs pour huiler la déstabilisation de régimes militaires qui commencent à comprendre que le développement, ni d’ailleurs la guerre aux terroristes, ne se décrètent pas.
La solution passe par un retour à une inclusivité avec l’ensemble de la population et les pays voisins quant à la recherche commune de l’éradication des mercenaires-terroristes-djihadistes. A défaut de retrouver les chemins de la diplomatie, les efforts des Etats composant l’A.E.S. (Alliance des Etats du Sahel) pour graduellement atteindre leur objectif commun de « sauver » leur peuple de l’impérialisme par une souveraineté retrouvée, pourraient être compromis. En effet, en termes de sécurité, ce sont les renseignements et le financement qui constituent le nerf de la « guerre ». Sans le soutien d’une grande puissance s’opposant aux visées impérialistes des pays de l’OTAN sur les matières premières africaines, les pays de l’A.E.S. pourraient subir de graves défaillances notamment en matière de :
SECURITE DES DONNEES ET DU RENSEIGNEMENT AVECSTARLINK qui sert en définitive à contourner les écoutes et à coordonner des attaques contre les Peuples de l’A.E.S. et donc contre les militaires de cette nouvelle sous-région en Afrique occidentale ;
SOUVERAINETE NUMERIQUEAVEC UNE ABSENCE OU UN TROP FAIBLE CONTROLE SUR LES FLUX DE DONNEES SATELLITAIRES. Cela constitue un véritable défi pour les régulateurs locaux, surtout si en face les pays dits « amis » comme la Russie ou des BRICS+ monnayent clairement aussi leur soutien militaire ou en financement comme une alternative crédible.
Au total, on assiste plus à une perte d’opportunité positive car dans les zones rurales ou enclavées, Starlink aurait dû servir à diffuser le savoir, promouvoir l’éducation, la santé, ou les projets industriels, si, et seulement si, un cadre réglementaire robuste, contraignant et opérationnel est mis en place et que la corruption ne bénéficie pas d’impunités diverses. Or sur le terrain, il est difficile de contrôler les flux informels et surtout la décision de « vente » des kits Starlink au plus « offrant » …
29- RELATIONS AMBIGUËS ET OPPORTUNISTES ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LE MALI : BELLIGÉRANCE D’INFLUENCE, CAPTATION D’INFLUENCE, COERCITION TECHNOLOGIQUE ET NEUTRALISATION DE LA SOUVERAINETÉ NUMERIQUE
Lorsqu’on apprend que le président américain, Donald Trump, qui n’a jamais mis les pieds en Afrique et ne s’est jamais excusé, d’avoir traité l’Afrique de « pays de merde[xv] » au cours de son premier mandat, instruit l’ensemble de sa diplomatie officielle et parallèle de se positionner « discrètement » en Afrique, il y a lieu de s’étonner. Cela se fait par le biais de la « recette magique » de la raison du plus fort. On est loin du « deal » ou des négociations avec les dirigeants africains. Il ne s’agit pour eux que d’injonctions et de menaces et d’un système d’instrumentalisation subtile qui met en avant les pays arabes du Golfe[xvi], ces derniers étant d’ailleurs en concurrence sur le terrain pour des raisons idéologiques, d’accès au matières premières et d’enjeux de puissance.
Les Émirats Arabes Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite voient l’Afrique comme un espace stratégique pour renforcer leur sécurité, leur économie et leur stature mondiale. Leur présence apporte investissements et infrastructures, mais expose les États africains à des risques de dépendance et d’ingérences politiques et religieuses. La compétition entre ces puissances, notamment au Sahel en général, au Soudan en particulier et dans la Corne de l’Afrique, accentue les tensions régionales. L’implication des pays du Golfe en Afrique devrait s’intensifier, souvent avec le consentement des dirigeants africains qui oublient souvent les contreparties qui en résultent, et sont souvent contradictoires avec leur désir de souveraineté. Les Etats arabes du Golfe ont toujours pour le moment envisagé l’Afrique comme une « arrière-cour » stratégique à contrôler avec l’argent afin d’en profiter pour accéder aux matières premières non transformées devenues indispensables pour organiser leur propre souveraineté envers le Etats-Unis et préparer leur futur sans la manne des hydrocarbures. Il ne s’agit nullement d’une stratégie de décarbonisation, mais plutôt une tactique pour être utile aux Etats-Unis tout en défendant leur propre intérêt en Afrique. Certains vont jusqu’à penser que les Etats-Unis auraient supprimé leur « aide » en Afrique pour mieux faciliter la montée en puissance des pays du Golfe en Afrique. Beaucoup de dirigeants africains ont été pris à ce piège avec une dépendance grandissante envers les pays du Golfe. L’Afrique se caractérise par une dépendance croissante aux financements du Golfe, avec plus de 53 milliards de dollars américains ($EU) d’investissements annoncés en 2024 et une part significative de la dette africaine liée aux pays du Conseil de Coopération du Golfe (GCC en anglais[xvii]). S’il est vrai que l’exposition réelle du Mali est limitée et malgré l’absence de transparence dans la mise à disposition des comptes publics maliens, il est possible d’estimer à près de 1 milliard $EU[xviii] cumulés vis‑à‑vis des Émirats, de l’Arabie saoudite et du Qatar.
Autrement dit, la diplomatie américaine après avoir supprimé la plupart des aides et autres avantages commerciaux ou douaniers dont bénéficiaient certains pays africains, a choisi la belligérance comme mode opératoire. Une belligérance d’influence et par instrumentalisation, mais aussi un positionnement ambivalent avec les mercenaires-terroristes-djihadistes dès lors qu’il s’agit de défendre les intérêts américains en Afrique et de contrer la montée inexorable de la Russie et de la Chine en Afrique.
Côté africain, il y a au moins trois groupes :
ceux parmi les chefs d’Etat africains qui se sont alignés à plat ventre ;
ceux qui tentent de négocier et enfin, ceux qui ont compris le manège ; et
ceux qui ont choisi de résister en défendant, avec leur Peuple, leur souveraineté et la préservation de l’intégrité de leur territoire et de leur richesse du sous-sol, du sol et du hors-sol.
C’est ainsi que le journal Washington Post a révélé que « Marco Rubio, le chef de la diplomatie américaine, a donné pour mission à ses équipes de tout faire pour faciliter l'adoption à l'international de Starlink » du milliardaire Elon Musk afin de « contrer la mainmise technologique chinoise sur le continent ». Les pressions sont suivies de menaces plus directes avec les pays considérés par les Etats-Unis comme vulnérables comme la Gambie. C’est ainsi que le média d'investigation ProPublica a aussi a révélé que face aux « réticences du ministre [gambien] à offrir une procédure d'accréditation accélérée à Starlink », l'ambassadrice des États-Unis en poste et dépendant directement du Président Trump, a clairement menacé de supprimer des financements si les réticences gambiennes à exiger que Starlink respecte les conditions de régulation des télécommunications et satellites de Gambie devaient se poursuivre.
Cela pourrait se traduire par « des conséquences sur un projet de développement des infrastructures en Gambie soutenu par les États-Unis à hauteur de 25 millions de dollars[xix] ».
Or, le fait de soumettre l’obtention une aide américaine à l’obligation de l’acceptation sans conditions du système satellitaire et internet d’Elon Musk, ce sans respect de la législation nationale des pays, relève au mieux du chantage, au pire de la corruption.
Mais cette pratique relève de la « coercition technologique » qui s’apparente à une forme de pression où l’accès sans concurrence à une ressource africaine ou à une aide américaine est conditionnée à l’adoption d’une solution technologique « propriétaire », souvent sans débat démocratique ni respect des cadres juridiques nationaux. Il s’agit clairement, non plus de négociation ou de « deal », mais bien d’une ingérence stratégique[xx] puisque l’acteur extérieur disposant de la capacité d’influence et de nuisance impose ses choix en contournant la souveraineté nationale. Cette conditionnalité abusive est un abus de droit et constitue une tromperie dolosive dans les relations internationales, surtout que l’aide liée -souvent d’ailleurs des prêts à rembourser-, est dotée d’exigences disproportionnées ou de conditionnalités non négociées et non négociables.
Mais l’objectif recherché repose sur la belligérance d’influence et se caractérise par la captation d’influence, c’est-à-dire une véritable tentative de verrouiller l’espace territorial, géopolitique, géoéconomique et technologique par des moyens non transparents, ou non contrôlables par le Gouvernement qui a pourtant été forcé de donner, partiellement ou totalement son approbation, le tout sous contrainte.
La coercition technologique qui a pour objet, sous des apparences « marketing » de faciliter l’accès à l’internet dans les zones rurales et reculées du Mali, a en fait, miné la souveraineté numérique, en forçant l’adoption de systèmes étrangers comme le Starlink, le tout sans aucun débat national, encore moins de contrôle sur les données récupérées par les actionnaires de Starlink. Ne s’agit-il pas là, tout simplement, de la version numérique ou digitalisée de la post-colonisation ? Ce d’autant que le système permet de court-circuiter les législations locales, en imposant des standards ou des opérateurs sans homologation. Au-delà de la diplomatie d’influence, il s’agit d’une forme contemporaine de domination non-douce, à la croisée de la technologie, de la géopolitique, de l’économie et conduit, en fait, à la recolonisation des outils de souveraineté africaine.
Après l’avoir interdit et sous pression américaine, le Gouvernement malien a été « gentiment » conduit à autoriser à nouveau le Starlink, mais a insisté sur un cadre réglementaire dont se joue le système Starlink. La réalité sur le terrain est que cela risque de générer une situation de guérilla permanente entre le JNIM et l’Etat malien, justifiant pour certains le maintien au pouvoir, pour d’autres, une instabilité permanente qui frapperait de manière aléatoire les populations prises en étau et victimes de l’absence de vérité des urnes.
30- DOUCE INGÉRENCE AMÉRICAINE : ENTRE POSTURE DE CONDAMNATION DIPLOMATIQUE ET PASSE-DROITS INDIRECTS
Dans les pays qui ont finalement accordé la licence à Starlink comme la République démocratique du Congo, le Tchad, le Niger par exemple, il a été constaté que Starlink opérait déjà sur ces territoires sans y avoir été autorisé[xxi], ce qui était contraire à la loi. Qui pourrait oser faire une telle chose dans les États-Unis de Donald Trump sans être condamné ou déporté ? Or Donald Trump ne voit pas de « corrélation » entre son ingérence et la promotion factuelle des intérêts de l’entrepreneur milliardaire américain qu’est Elon Musk. Les discussions qui ont lieu suite à ce viol des législations nationales africaines finissent pas des « acceptations » avec ou sans conditions de la part du pays disposant d’une capacité d’influence et de nuisance faible.
Or, il est maintenant documenté que Starlink, accepté sous pression des États-Unis par les États africains, était déjà opérationnel sur le terrain par des voies de contrebande. Ce qui fait dire que Starlink est devenu « l’outil de communication préféré des terroristes du Sahel[xxii] », sans que cela ne pose de problème aux dirigeants des pays occidentaux et du Golfe persique.
Au Nigéria voisin, l’armée nigériane en lutte contre les mercenaires-terroristes Boko Haram a pu prouver que ce groupe utilise le système Starlink pour communiquer avec le reste du monde, ce depuis leur repaire dans la forêt de Sambisa. Parmi les matériels confisqués lors des opérations de contre-terrorisme dites « Hadin Kai » dans les États d’Adamawa et de Borno au Nord-Est du Nigeria, il a été retrouvé des téléphones mobiles, des armes et les kits Starlink. Les vidéos et images que ces mercenaires-terroristes-djihadistes utilisent sur les réseaux sociaux, ce depuis 2023. Parmi le matériel confisqué, les preuves existent dorénavant que « le système de liaisons satellitaires montantes et de routeurs Wi-Fi de Starlink a été largement adopté par les groupes terroristes dans les vastes espaces du Sahel, où les autres infrastructures de communication sont rares[xxiii] ». Aussi, selon les experts de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, « l’innovation technologique a toujours fait face à l’exploitation précoce par les intérêts criminels ou les acteurs violents, et Starlink n’est pas une exception[xxiv]».
Boko Haram et sa branche État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) en concurrence avec le JNIM ont été identifiés comme utilisateurs de kits Starlink pour leurs communications. Ces groupes exploitent Starlink pour améliorer leur coordination, leur propagande et leurs opérations dans des zones reculées, ce qui indirectement facilite leurs activités criminelles, y compris les enlèvements.
Dans les zones contrôlées par ces groupes criminels, Starlink permet des rentrées substantielles d’argent, puisque les mercenaires-terroristes-djihadistes peuvent imposer jusqu’à 140 dollars américains par mois pour qu’un civil puisse utiliser le système, soit environ le double du coût d’un service Starlink autorisé par le Gouvernement du Niger. Comme peu de citoyens disposent d’un compte bancaire dans les zones rurales, il faut bien constater qu’en dehors de toute régulation et de contrôle, il s’agit là d’une forme moderne de « tributs » et de « rackets », ce qui constitue des revenus illicites[xxv] liés au faible taux de bancarisation, l’accès limité aux services financiers et la faible inclusion financière. La conséquence directe, outre la dépendance des communications privées du « bon vouloir » des groupes mafieux, est une institutionnalisation dans les « proto-califats » en formation d’un système de « blanchiment » ad aeternam de l’argent sale.
Or, les relations entre les États-Unis et le Mali sont marquées par une double ambiguïté stratégique. La critique de Washington envers les dirigeants militaires du Mali s’accompagne de la promotion forcée de défense de ses intérêts stratégiques, technologiques, en définitive d’espionnage via Starlink, propriété d’Elon Musk.
Depuis le retrait militaire américain et la montée en puissance de la Russie au Mali, les États-Unis ont adopté une posture de condamnation diplomatique, tout en maintenant des canaux d’influence indirects. L’un des plus visibles est Starlink, le réseau satellitaire d’Elon Musk, dont l’implantation au Mali a été d’abord interdite en mars 2024[xxvi], puis réautorisée temporairement en octobre 2024 pour six mois, malgré des soupçons d’usage par des groupes armés.
Le Département d’État américain aurait exercé des pressions sur plusieurs gouvernements africains, dont le Mali, pour faciliter l’adoption de Starlink. Cette stratégie s’inscrit dans une guerre d’influence technologique contre la Chine, tout en offrant aux États-Unis une présence numérique facilitant un espionnage explicite dans des zones reculées.
Le gouvernement malien, bien qu’hostile aux ingérences occidentales, semble opportuniste dans sa gestion de Starlink, cherchant à améliorer la connectivité nationale tout en gardant un contrôle réglementaire strict. Cette relation illustre une coopération tactique sans alignement politique, où chaque partie cherche à maximiser ses intérêts sans engagement durable.
En somme, les États-Unis et Elon Musk maintiennent une présence technologique et d’ingérence au Mali, malgré les tensions diplomatiques, tandis que le Gouvernement malien exploite cette ouverture pour renforcer sa souveraineté numérique, dans un contexte de reconfiguration géopolitique sahélienne. Mais c’est sans compter sur une diffusion en amont de kits Starlink par les voies de la contrebande.
Aussi, la douce ingérence américaine au Mali, et en Afrique en général, se présente comme une posture de condamnations diplomatiques assorties de passe-droits indirects promus par les entreprises multinationales américaines. Au-delà du sabotage de la souveraineté en émergence, il est plus question de condamner l’approche irresponsable des chefs d’Etat africains sur le dossier « Starlink » où pour la énième fois, les chefs d’Etat africains sont incapables d’anticiper le jeu américain et plus largement occidental, et surtout de s’organiser collectivement pour avoir une position commune au moins au sein de l’A.E.S., puis plus largement au sein des différentes sous-régions africaines en attendant la position commune africaine[xxvii].
La politique étrangère des Etats-Unis en Afrique, en particulier au Sahel, se caractérise par une ingérence douce qui oscille entre posture de condamnation diplomatique et octroi de passe-droits indirects. Dessin de Sébastien Thibaut (Canada)
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31- COMMENT DONALD TRUMP PEUT ESPÉRER OBTENIR LE NOBEL DE LA PAIX EN CONTRIBUANT A L’ÉLIMINATION DU JNIM ET DE L’ÉTAT ISLAMIQUE EN AFRIQUE ?
Lorsqu’un dirigeant américain menace de bombarder le Nigeria en se basant sur une information partielle et erronée -à savoir que seuls les chrétiens seraient victimes des mercenaires djihadistes-, il feint d’ignorer que l’agilité de ces groupes criminels repose en partie sur des équipements américains, notamment les kits Starlink diffusés par Elon Musk. Plutôt que de recourir à des menaces militaires disproportionnées, une mesure efficace consisterait à :
SOUMETTRE LES KITS STARLINK A DES TAXESd’exportation ciblées ; et
LES CLASSER COMME EQUIPEMENTS SENSIBLES RELEVANT DES LOIS ANTI‑TERRORISTES américaines.
Cela permettrait de :
SOUTENIR LES ARMEES AFRICAINESau lieu que ce soit les Etats arabes du Golfe qui soutiennent ces mercenaires-terroristes-djihadistes en payant des montants astronomiques en guise de rançons dans les cas de rapts et kidnappings ;
LIMITER L’ACCES DES GROUPES TERRORISTES (Boko Haram, JNIM, État islamique et autres dérivés) à des moyens de communication haut débit notamment Starlink qui renforcent leurs opérations spectaculaires et déstabilisent les Etats, à moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie planifiée pour obtenir des accès à des ressources des pays qui sont déstabilisés.
Au moins quatre lois américaines peuvent être mobilisées pour soutenir une telle décision de l’Etat américain. Par exemple :
La Loi fédérale adoptée par le Congrès en 1977 « International Emergency Economic Powers Act » (IEEPA, 50 U.S.C. §§ 1701‑1707)” permet au Président américain de restreindre ou interdire l’exportation de biens et technologies lorsqu’elles menacent la sécurité nationale ou la politique étrangère. Il suffirait de placer les kits Starlink sous contrôle en tant que technologies à risque d’usage terroriste, puisque c’est ce qui se passe au Mali, au Nigeria et ailleurs.
La Loi fédérale adoptée en 2018 « Export Control Reform Act » (ECRA, 50 U.S.C. §§ 4801‑4852) qui octroie au Département du Commerce (Bureau of Industry and Security) le pouvoir de contrôler l’exportation de technologies sensibles. A ce titre, il suffirait que les kits et terminaux Starlink soient ajoutés à la liste dite « Commerce Control List (CCL) » comme équipements soumis à licence spéciale pour éviter leur détournement par des groupes armés.
La Loi fédérale adoptée par le Congrès en octobre 2001 « Usa Patriot Act » (2001, Section 805) criminalise la fourniture de “matériel support” à des organisations terroristes. Comme ces kits Starlink sont utilisés par Boko Haram ou le JNIM, leur exportation non contrôlée pourrait être assimilée à un soutien matériel indirect.
La Loi fédérale adoptée en 1976 « Arms Export Control Act » (AECA, 22 U.S.C. § 2751 et seq.) permet de classer des équipements comme Starlink qui peuvent avoir un double usage civil et militaire comme des « munitions » ou « articles de défense » si leur usage est jugé stratégique. Il faudrait simplement « reclassifier » les équipements Starlink pour permettre de l’inscrire sous le régime de contrôle similaire aux armes de communication militaire.
En pratique, Si Donald Trump avait la volonté et une meilleure compréhension des enjeux, il pourrait influencer la position des États‑Unis en utilisant tous ces textes juridiques américains mentionnés plus haut pour contrôler et éventuellement restreindre l’exportation des kits Starlink vers l’Afrique. Il suffirait alors de considérer tout ou partie des équipements Starlink comme des équipements à haut risque de détournement terroriste. Cela serait plus efficace pour soutenir les armées africaines que des menaces militaires, et alignerait la coalition anti‑EI sur une stratégie de contrôle technologique plutôt que de simples velléités d’interventions armées au Nigeria par exemple.
Mais pourquoi Donald Trump ne veut pas, ou ne peut pas, utiliser ces textes pour stopper le JNIM au Mali, L'Etat islamique au Nigeria ou au Soudan par exemple, au lieu de menacer de faire des interventions militaires au Nigeria ? Il serait plus crédible et la coalition anti-Etat Islamique trouverait plus de soutiens parmi les dirigeants et les peuples africains. Est-ce un manque de volonté ou une simple incompréhension des enjeux, ou encore un besoin de ne pas « gêner la liberté d’exporter » ?
La vérité est que Donald Trump peut juridiquement utiliser ces lois pour limiter l’accès des groupes terroristes aux kits Starlink. Mais il ne le fait pas pour au moins trois raisons principales :
UN MANQUE DE VOLONTE POLITIQUE car il ciblerait une entreprise américaine, un lobby et soutien financier puissant de sa propre campagne électorale et préfère faire des annonces militaires plus visibles plutôt que de classer les kits Starlink comme équipements sensibles et limiter leur exportation vers l’Afrique. Formater pour ne donner aucune limite à la liberté d’entreprendre, Donald Trump ne peut restreindre l’exportation de Starlink, ce qui serait considéré aux Etats-Unis comme une intervention de l’Etat et donc une attaque directe contre l’entreprise américaine (SpaceX/Elon Musk), ce qui est plus que politiquement sensible et pourrait entraîner d’autres entreprises du même acabit à lui retirer leur soutien.
UNE INCOMPREHENSION STRATEGIQUE A GEOMETRIE VARIABLE puisqu’il semble sous‑estimer le rôle des technologies civiles dans la capacité opérationnelle des mercenaires-terroristes-djihadistes en Afrique, et semble en faire une fixation pour l’accès à l’énergie atomique pour des usages civils en Iran ;
UN BIAIS CONCEPTUEL QUI FONDE LE « TRUMPISME » à savoir le fait de privilégier des messages forts et immédiats (bombardements, interventions, menaces envers des Etats) pour son « protexpansionnisme[xxviii]» plutôt que des mesures techniques ou réglementaires respectant le droit international, les droits humains et qui en définitive, sont plus payants, plus visibles pour son électorat, même si cela n’est pas suivi d’effets sur le terrain, autre que les négociations à huis clos pour accéder aux matières premières stratégiques.
Pourtant, l’Afrique doit trouver des solutions et ne peut pas ne pas résister, même si les pays qui instrumentalisent le JNIM et l’Etat Islamique en Afrique sont devenus une partie du problème, au lieu de s’organiser pour être une partie de la solution du problème. Pourtant, Donald Trump aurait toutes les chances d’obtenir le prochain Nobel de la paix en contribuant à l’élimination du JNIM et de l’Etat Islamique en Afrique. Fin de la 4e partie […]
[i] Le lecteur(rice)/l’internaute est invité(e) à suivre le débat portant sur « la pénurie de carburant au Mali et ses conséquences » organisé par Samantha Ramsamy, Journaliste auprès de Global Africa Telesud dans son émission « Mutipolaire » : Global Africa Telesud (2025). « Pénurie de carburant : le Mali peut-il s'en sortir ? ». In Global Africa Telesud. Débat organisé par la Journaliste indépendante Samantha Ramsamy entre Seddik Abba, Président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES) et Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Directeur Afrocentricity Think Tank. Accédé le 30 octobre 2025. Voir https://www.youtube.com/watch?v=MfehLuuhrV4 et https://youtu.be/MfehLuuhrV4?si=b8s0BGye_-UuQAJM ; ainsi que le lien sous www.afrocentricity.info
[ii] Afrocentricity Think Tank ainsi que l’auteur remercient vivement Mme Brigitte Gaudet ainsi que François Fabregat qui ont pris sur leur précieux temps pour corriger les fautes et éditer le texte. Je les remercie sincèrement. Les erreurs qui auront échappé à mon attention relèvent de mon entière responsabilité.
[iii] Yaou, M. Z. (2024). Lutte contre le djihadisme dans l’Alliance des États du Sahel : Contributions et contraintes du Niger. Avec une préface de Seidik Abba. Editions l’Harmattan : Paris.
[vi] La Rédaction (2024). « Les terminaux Starlink interdits au Mali : des kits internet par satellite qui pourraient aider les terroristes ». In lejournalinfo.com. 21 mars 2024. Accédé le 20 octobre 2025. Voir https://lejournalinfo.com/non-classe/kits-starlink-interdits-au-mali/. Le gouvernement malien a annoncé son intention de démanteler et interdire les kits Starlink sur toute l’étendue du territoire national. Une commercialisation illicite de ces moyens d’accès à internet par Satellite a été constatée dans le pays, notamment dans les zones où l’armée combat encore les terroristes. Starlink est un fournisseur d’accès à internet par satellite de la société SpaceX du milliardaire américain Elon Musk. Il s’agit d’une fourniture internet plus rapide car basée sur une constellation de satellites comportant des milliers de satellites de télécommunications.
C’est à la suite d’investigations menées par l’Autorité malienne de régulation des Télécommunications, des Technologies de l’information et de la Communication et des Postes, que la découverte a été faite. En effet, une commercialisation incontrôlée et illicite des équipements de transmission et de communication dénommés Kit Starlink, est organisée par certains opérateurs économiques.
Ces ventes sont effectuées à Bamako et dans les zones du nord en conflit notamment Léré, Gao, Tombouctou, Ménaka et Kidal. Les acquéreurs sont des ONG et des particuliers selon le ministère de la Communication de l’Économie numérique et de la modernisation de l’Administration du Mali.
[ix] Starlink, une constellation de satellites en orbite terrestre basse, a lancé ses 60 premiers satellites en 2019. En mars 2025, elle en comptait plus de 7 100 en orbite. Elle a été saluée comme une solution permettant de combler la fracture numérique mondiale. Cela pourrait être particulièrement précieux dans certaines parties de l’Afrique rurale où des facteurs tels que les conflits, les investissements privés limités et un contrôle étatique précaire continuent d’entraver la connectivité à internet, voir GIATOC, 2025.
[x] Les kits Starlink se composent de petits éléments portables : une parabole, une alimentation électrique, des câbles, une base et un routeur Wi-Fi. Ils permettent aux utilisateurs de se connecter à l’internet par satellite, éliminant ainsi le besoin d’une infrastructure de télécommunication locale. Toutefois, cette technologie offre également de nouvelles possibilités aux groupes armés et aux réseaux criminels, ce qui aggrave les problèmes sécuritaires ; Voir GIATOC, 2025).
[xi] Les forces gouvernementales du Niger ont signalé que l’utilisation croissante de Starlink pour les communications sécurisées rend plus difficile l’interception des plans des groupes armés : voir Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GIATOC) (2025).
[xii] Tanner, J. (2025). « Starlink launches in Niger, signs operator licence in Chad ». In Developing Telecoms. 17 mars 2025; Voir aussi « Starlink enfin disponible officiellement au Niger: l’espoir d’une connexion fiable et rapide devient réalité ». In ActuNiger, 13 mars 2025.
[xiv] ARCEP (2024). « Communiqué sur la commercialisation irrégulière de Starlink ». In www.arcep.bf. 20 mars 2024. Accédé le 22 octobre 2025. Voir https://www.arcep.bf/communique-sur-la-commercialisation-irreguliere-de-starlink/ ; « L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes informe, les consommateurs que la Société Starlink n'est détentrice d'aucune autorisation de fourniture des services de communications ».
[xvii] Le Conseil de Coopération du Golfe (GCC en anglais qui signifie Gulf Cooperation Council) est une organisation régionale intergouvernementale créée en 1981, regroupant six États arabes du Golfe persique : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman et Bahreïn.
[xviii] Ces estimations proviennent des analyses d’Afrocentricity Think Tank à partir des données plus globales extraites d’Africa Center for Strategic Studies (juillet 2025) avec des investissements des États du Golfe autour de 75 milliards $EU en Afrique de l’Est et au Sahel, principalement dans les infrastructures, l’énergie et la sécurité, puis du World Economic Forum (2024) avec l’annonce des pays du Golfe de près de 53 milliards USD d’investissements directs en Afrique en 2024, répartis principalement entre Arabie saoudite, Émirats et Qatar, l’ECFR – European Council on Foreign Relations (2024) qui rappellent que ces financements créent une dépendance croissante des États africains, mais sans fournir une ventilation par pays des données éparses d’Afreximbank (2025).
[xxv] ADF (2025). La guerre irrégulière. Les forces de sécurité s’adaptent alors que des menaces apparaissent Les mercenaires jettent une ombre sur le continent. Volume 18. 2e trimestre. Revue trimestrielle de AFRICOM. Accédé le 20 octobre 2025. Voir https://adf-magazine.com/ADF_V18N2_FRN.pdf
[xxvi] Ekhator, O. (2024). “Mali temporarily lifts Starlink ban for 6 months to develop new regulatory framework”. In techpoint.africa. 11 October 2024. Accessed on 20 Octobre 2025. Retrieved from https://techpoint.africa/news/mali-lifts-starlink-ban/
[xxvii] Amaïzo. Y. E. (coll.) (2002). L’Afrique est-elle incapable de s’unir ? Lever l’intangibilité des frontières et opter pour un passeport commun. Avec une préface du Professeur Joseph Ki-Zerbo. Editions l’Harmattan : Paris.