DE LA CONSULTATION DE LA PRESSE
« Enquête ouverte après deux plaintes pour viol visant la secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou »
Le titre retenu par Mediapart appelle en lui-même plusieurs observations.
D'abord deux plaintes ont été déposées pour viol et auraient donné lieu à une enquête ordonnée par le parquet de Paris. Elles peuvent prospérer ou être classées sans suite sans que pour autant cela ne donne raison à Caroline de Haas quand elle accusait Madame Borne d 'envoyer les femmes se « faire classer sans suite ».
Ensuite , il n'est pas inutile de rappeler que la présomption d'innocence court jusqu'au jugement définitif dont le jugement en appel le cas échéant ; elle n'est remplacée à aucun stade de la procédure par une présomption de culpabilité.
Par ailleurs, le fait qu'une telle plainte vise une secrétaire d'Etat ou un ministre en exercice n'est pas une circonstance aggravante qui donnerait davantage de poids à une présomption de culpabilité et nous dispenserait de ce fait de les faire bénéficier de la présomption d'innocence qui reste en toute circonstance la règle.
Enfin, si en toutes circonstances, c'est bien à la police d'établir les faits et à l'institution judiciaire de les valider, les désignations d'un coupable présumé à la vindicte générale et les lapidations et lynchage même symboliques n'honorent en rien ceux et celles qui tentent d'en faire une arme politique.
DE LA CONSULTATION MÉDICALE
« J'en profite pour rassurer mon urologue. Je ne porterai pas plainte contre lui pour viol pour avoir introduit son medium ganté dans mon anus pour vérifier la souplesse de ma prostate et me rassurer qu'aucun cancer insidieux ne me menace.
Je ne suis pas sûr qu'il m'ait bien prévenu de son intention de pratiquer ce qu'en médecine clinique on appelle un toucher rectal. Je n'en suis pas sûr, mais peut-être ne l'ai-je tout simplement pas entendu étant moi-même un peu dur de la feuille », écrivais-je en première réaction à l'information donnée par le magazine Marianne, relayée par l'AFP et reprise par Mediapart.
Un « Sgronch gmeu gneu » de faction m'a reproché un humour déplacé et même nauséabond sans qu'il n'ait jugé utile de préciser le sens qu'il donnait à cette dernière qualification et si elle devait être prise dans son sens propre ou figuré.
Mon propos était féroce dans son ironie certes, mais il ne veut dire que ce qu'il dit et je ne pensais pas qu'il déclencherait votre nervosité extrême et relancerait aussitôt la machine à délires. Quoique...
Quand on se rend dans un cabinet médical pour une consultation, on est en principe soumis à un examen clinique qui peut être invasif, peu agréable, désagréable même, mais rarement douloureux en raison des perfectionnements des protocoles et des progrès dans le domaine des anesthésies locales utilisées chaque fois que c'est possible. Nous nous souvenons tous de la fraise du dentiste autrefois, elle mettait le nerf à vif à cru et nous faisait craindre son intervention plus que tout ; désormais même les soins d'une carie se font sous anesthésie locale sauf pour les plus bénignes.
Par ailleurs, je ne demande pas au médecin que je vois en consultation d'être souriant et sympathique, de me raconter sa vie, ni me me taper familièrement sur l'épaule ou la fesse et encore moins d'être un amuseur public. Je suis devant lui pour un examen qu'il fera selon le protocole en vigueur dans sa spécialité, avec les investigations complémentaires qu'il jugera utiles ou nécessaires qu'il m'expliquera, à plus forte raison si je lui pose la question.
Si un ami ou une amie a consulté pour des examens similaires et me les a décrits par le menu, si j'ai consulté tous les sites possibles sur internet, cela peut faire de moi un patient averti, mais certainement pas un nouveau professionnel de la spécialité. Je ne m'autoriserai donc pas à dicter sa ligne de conduite au médecin que je suis venu consulter. De la même manière, je ne sortirai pas subitement de ma poche ou de mon sac à main une boîte de médicament en la brandissant sous le nez du médecin pour réclamer la même prescription sous le prétexte que cette dernière m'a été chaudement recommandée par une relation qui s'est elle-même décerné un diplôme de médecine depuis sa dernière consultation.
Pour ce qui est de l'information du patient et plus largement de son consentement éclairé, quelques observation s'imposent pour éviter aux nouveaux spécialistes en toute chose de se répandre en âneries, y compris ici.
Avant de procéder à un examen clinique, le médecin dit ce qu'il va faire et l'assortit généralement d'un commentaire pour anticiper sur le ressenti possible du patient et sur les suites immédiates prévisibles ou non. Cet échange a été largement mis en scène dans des séries télévisées traitant des soins médicaux, comme “Urgences” il y a quelques années.
Le consentement éclairé porte comme son nom l'indique sur le consentement du patient à subir telle ou telle intervention et cela en parfaite connaissance de cause c'est à dire des risques et conséquences possibles. CONSENTEMENT + ECLAIRE = CONSENTEMENT ECLAIRE.
Enfin pour conclure, une autre série télévisée intitulée “ Dr House” met en scène un médecin prétentieux, peu respectueux des personnes, c'est à dire de ses collègues comme de ses patients. Elle a connu un succès immense et je me souviens encore d'une amie qui dans un même mouvement considérait ce “House” si détestable comme un génie et un homme amusant et sympathique et sa gynécologue comme une pimbêche froide et distante et même peu délicate.
Il est vrai qu'on s'accommode toujours davantage des excès réels dans une fiction que des excès prêtés aux personnes réelles, Qu'il est plus facile de zapper un médecin de série qu'un praticien en chair et en os par ces temps de pénurie de médecins.
Il convient également de rappeler que si le patient dispose de la liberté de choisir son médecin, ce dernier a celle de refuser de recevoir un patient au comportement inapproprié et ce d'autant plus si celui-ci se répand en propos injurieux et diffamatoires sur les réseaux sociaux ou les rubriques de notation de médecins. La seule limite est bien sûr l'urgence et s'il y a danger grave pour la personne.
Mais il est vrai que l'anonymat et les pseudos ont cette utilité aux yeux de certains de pouvoir dégoiser à leur aise et de donner libre cours à leurs besoins inextinguibles d'exprimer toutes leurs détestations.