Benoît Hamon, bilan de 147 jours au ministère de l'éducation
Par Freddy Mulongo, lundi 25 août 2014 Radio Réveil FM International
Benoît Hamon
147 jours rue de Grenelle. Si Benoît Hamon, le « démissionné », n'est pas renommé à son poste mardi par le premier ministre, son passage rue de Grenelle aura été un record de brièveté ministérielle. Le bilan de ce court passage est pour le moment mitigé. Il aura à peine eu le temps de se familiariser avec les problématiques très spécifiques de ce grand ministère qui gère 12 millions d'élèves, 2,3 millions d'étudiants et 1 million de professeurs.
ÉVITER LES VAGUES
Les premières semaines du ministre ont été polluées par la fronde contre la réforme des rythmes scolaires. Benoît Hamon a choisi de sacrifier partiellement l'esprit de la réforme Peillon d'aménagement des rythmes scolaires, pour en sauver l'application à la rentrée a-t-il répété tout le printemps. L'idée de base de la réforme Peillon était d'allonger la semaine de classe en remettant des cours le mercredi matin, et d'alléger la journée de cours des enfants de maternelle et de primaire. Le décret qu'il a produit autorise certaines communes à terminer les cours le vendredi midi.
Celui qui espérait calmer la fronde s'est retrouvé avec un large éventail de mécontents. Les opposants à la réforme sont restés vent debout. Ceux qui avaient mouillé la chemise dès la première heure se sont sentis trahis et abandonnés.
Sur l'autre dossier épineux, celui des ABCD de l'Egalité, le choix politique du nouveau ministre a été le même que sur les rythmes : éviter les vagues. Benoît Hamon a décidé en juin que l'outil pédagogique de promotion de l'égalité homme-femme, qui était expérimenté dans plusieurs centaines de classes ne serait pas généralisé à cette rentrée. La décision que certains ont jugée sage a là encore été perçue comme un renoncement par d'autres. « La gauche recule sur ses combats emblématiques », c'est « un renoncement déguisé devant la pression des opposants au Mariage pour tous », entendait-on de la part de nombreux enseignants et syndicalistes. En lieu et place, le ministre a promis de développer une formation des enseignants à l'égalité des sexes.
PLUS DE POLITIQUE QUE D'ÉDUCATION
En définitive, le ministre aura passé une bonne partie de ses 147 jours rue de Grenelle à gérer ces deux dossiers. Pour tenter de laisser une empreinte, Benoît Hamon a quand même ouvert un dossier qui lui tient à cœur : celui de l'évaluation des élèves. En finir avec la note sanction est un des ses credo, afin de rendre l'école plus douce, moins cassante et excluante. Un objectif noble, certes, mais qui oublie que dans ce pays, le débat sur l'évaluation des élèves est miné. A peine avait-il ouvert le dossier que les discussions se sont mues en un très réducteur : « faut-il supprimer les notes? ». Preuve qu'il est délicat pour un ministre – plus encore s'il est de gauche – de poser de façon aussi frontale et politique, la question de l'évaluation.
Comme les dossiers piégés sont nombreux rue de Grenelle, Benoît Hamon a aussi trébuché sur la rentrée scolaire. Face à l'opposition de certains syndicats à une pré-rentrée des enseignants le 29 août, et à la menace de grève en ce jour symbolique, le ministre a préféré retarder la rentrée des élèves au 2 septembre et supprimer de fait une journée de classe pour les 12 millions d'enfants durant l'année 2014-2015.
Si l'on voulait synthétiser en une phrase ce passage éclair, Benoît Hamon aura fait plus de politique que d'éducation. Ce qui n'a pas été démenti ce week-end à Frangy-en-Bresse lors de la Fête de la rose… mais ne signifie pas pour autant que Benoît Hamon ne reste pas Rue de Grenelle.