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Billet de blog 15 avril 2023

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MON POING DANS LA GUEULE

Pas de gagnant ni de perdant, la belle blague. E.MACRON a donc gagné par KO le bras de fer qu'il avait entamé directement avec le peuple de France. E.BORNE peut bien essayer d'en atténuer les effets, elle sera comptable de sa complicité dans ce qui est bel et bien un coup de force institutionnel.

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Le Conseil constitutionnel

Comment s'étonner qu'une majorité d'affidés au pouvoir l'ait servilement suivi dans cette entreprise d'escroquerie démocratique, lui qui n'a jamais pipé mot sur la pratique anticonstitutionnelle du pouvoir pratiquée par le président MACRON ? Il a manqué là une belle occasion de prendre de la hauteur et de redorer son blason. Il aurait pu pour cela invoquer non la lettre minuscule, mais l'Esprit de ces alinéas de la Constitution :

  • Art.2 : « le principe de la République est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Certes le peuple s'exprime au travers de ses élus, mais quid d'une élection à plus de 50% d'abstention, et comment ne pas voir, ne pas écouter, ne pas entendre ces millions de manifestants, ne sont-ils pas aussi le peuple, au même titre qu'un président et des députés si mal élus et si peu représentatifs ? Bien sûr que si. Et le Conseil aurait pu – aurait dû – souligner qu'en l'espèce l'esprit de cet article avait été manifestement bafoué.

  • Art.5 : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution » Gouvernant ouvertement et sur tout sujet en lieu et place du gouvernement, le Président MACRON viole au quotidien cette Constitution qu'il est censé défendre. Et qu'il ne soit pas le premier à le faire n'enlève rien à sa responsabilité en la matière. « Il assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat » En abandonnant à l'évidence son rôle d'arbitre, le Président, seul à vouloir ce projet et à l'imposer coûte que coûte a faussé ce vote entaché par le recours au 49-3. Quant au fonctionnement à venir des pouvoirs publics voire du fonctionnement de l'Etat, qui ne voit bien que le jusqu'auboutisme brutal du Président les a réellement mis en danger. Le Conseil Constitutionnel avait ici le devoir de censurer le Président lui-même.

  • Art.20 : « le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » Nul besoin d'insister, ne tirons pas sur une ambulance, le gouvernement n'a aucune marge de manœuvre vis à vis du président et sa démarche dans la conduite de cette réforme ne peut être considérée comme conforme à la constitution. Le Président a suffisamment dit que c'était son programme, que l'élection présidentielle l'avait validé (en oubliant que les législatives l'avaient sinon invalidé, du moins plus qu'édulcoré et délégitimé) et que si les français n'en avaient pas voulu, il ne fallait pas l'élire, lui. En l'espèce, le Président s'est substitué au gouvernement pour faire voter la loi, sa loi. Un Conseil moins pusillanime n'aurait pu l'ignorer.

  • mais aussi par exemple l'Art. 47-2 : « La Cour des comptes assiste le Parlement et le gouvernement ...dans le contrôle de l'exécution des lois de financement de la sécurité sociale...Les comptes des administrations publiques sont réguliers et sincères ».Où a-t-on vu que les comptes modifiés par cette loi pour l'année en cours et les suivantes étaient présentés ou certifiés de façon sincère ? Que ce soit sur les carrières longues, les différences de traitement selon l'année de naissance, les droits des femmes, l'emploi des seniors, la retraite minimale à 1200 euros ou le chiffrage de la quote-part de cette réforme sur le seul régime des retraites et/ou son affectation à d'autres budgets voire à rassurer les marchés, tout ici n'a été que mensonge, à-peu-près, non-dits, hypocrisie. Le Conseil Constitutionnel au regard de cet article avait le devoir impératif de censurer l'insincérité de l'ensemble de la procédure.

  • Quant à l'Article premier, qui édicte que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » comment ne pas voir qu'après cet épisode notre République loin d'être indivisible en sort profondément divisée, que notre République sociale est en lambeaux et que notre démocratie a été piétinée ?

Tout ceci, le Conseil Constitutionnel ne pouvait l'ignorer. Et qu'il soit une « institution » de notre République ne saurait le mettre à l'abri de justes critiques. Il avait le pouvoir de mettre un terme à cette séquence mortifère. L'eût-il fait, que tout restait possible, en sus d'être apaisé. Alors que son très petit « courage, fuyons » nous laisse face à l'irréparable. Car rien bien entendu ne sera réparé.

Le Président

E.MACRON a choisi sa devise en plagiant qui nous savons « :« L'État, c'est MOI ». En choisissant comme dit en introduction – et les termes que j'emploie ne réflètent que la stricte réalité – de flanquer au peuple de France son poing dans la gueule, il a délibérément failli au rôle – j'allais dire sacré mais à tout le moins irréfragable – d'arbitre. L'obligation absolue de promulguer la loi est par ailleurs une fable, puisque l'article 10 de la Constitution dit bien qu'avant celle-ci, le président a la possibilité « de demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles ». Il aurait repris là son rôle d'arbitre, mais il s'y est refusé. Il se comporte en fait comme si notre nation était une entreprise dont il se voudrait le PDG ayant tous pouvoirs. Que penser d'un Président qui a choisi de combattre – et avec quelle violence – le peuple auquel il est censé apporter le bien-être, sinon qu'il a failli à sa tâche et sali, de fait, sa fonction ? L'Histoire, n'en doutons pas, le jugera comme tel. Et le scandale BENALLA, l'hypocrisie d'un grand débat enterré mort-né et les années « covid » que nous venons de vivre avec leur cortège d'état d'urgence, de suspension des libertés publiques, d'inféodation aveugle aux puissances d'argent, de décisions prises en cabinet secret sans le moindre contrôle effectif, de propagande et de censure ne pourront que conforter ce jugement.

Après les non vaccinés, E.MACRON a choisi d'emm..., au delà des syndicats, le peuple de France défilant en responsabilité pour dire sa vérité. La question est : doit-on se laisser emm... par un tel président ?

Les comparses

Ne sont que des comparses, d'E.BORNE à tous ses ministres ânonant comme des perroquets (oui, je sais , le perroquet est censé jacasser, mais ça n'est pas mieux !) ânonnant donc durant des semaines les éléments de langage mensongers dictés en sous-main par le Président. Je ne suis pas certains qu'ils en soient tous très fiers. Mais d'autres par leur silence, comme ses alliés centristes (F.BAYROU, où es-tu, vois-tu ce qu'est devenu ta créature?) ou ses fausses oppositions (E.CIOTTI, déconsiré, à qui il ne reste qu'à accepter un portefeuille lors du prochain remaniement, ou B.CAZENEUVE et ses partisans), qu'en disent-ils ? Rien. Et pourtant, tous ceux-là sont co-responsables et devront en rendre compte..

Et maintenant, quoi ?

Je n'en sais rien. Si ce n'est que nous n'avons plus le temps de supporter ces palinodies. L'urgence climatique, la nécessité absolue d'en finir avec ce capitalisme prédateur et mortifère qui mènent l'humanité à sa perte ne seront pas réglés par une dissolution, ni même une démission du président. Mais ces deux décisions seraient un début de réponse propre à relancer le vrai, le seul changement de mode de vie à venir, celui du partage des décisions, des pouvoirs, des savoirs, des richesses naturelles et/ou crées, des choix et des capacités de production, des biens culturels et des plaisirs partagés. Et par pitié, que l'imagination revienne au pouvoir et que l'on cesse de nous agiter comme seule alternance l'arrivée aux affaires de l'exact contraire du partage, à savoir le désolant repli de chacun pour soi prôné par le Rassemblement National …

Frédéric PIC

Pau

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