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Billet de blog 27 août 2024

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Un coup tu perds, un coup je gagne

Aux jeux olympiques de la politique, plus question de fair-play, place aux mauvais joueurs. Les perdants sont les gagnants, expulsant sans vergogne les lauréats du podium. Même l'essentiel supposé – participer – est refusé aux vainqueurs par ukase du tricheur en chef. La rue sera-t-elle le dernier recours, E.MACRON le souhaite-t-il pour s'en sortir en la réprimant ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Inutile de s'étendre, tout a été dit depuis le 7 juillet : Le Nouveau Front Populaire (NFP) en tête, le RN aux aguets tout près derrière. Et la Macronie qui n'évita la déroute que parce que la gauche a dû mener deux combats conjoints : présenter son programme, qui a été plébiscité, et se sacrifier pour rejeter, justement, le RN.

Les perdants sont donc les LR, bien entendu, et la macronie (j'ai du mal à les nommer « Ensemble » vu que ce sigle a été volé, escroqué au parti de Clémentine AUTAIN, qui préexistait) . Et que voit-on ? Ces deux partis maintenus la tête hors de l'eau par le front républicain, au lieu de remercier le NFP, l'insultent, le discriminent et font tout pour le rejeter.

Quant à notre président, après avoir reconnu sa défaite du bout des lèvres, le voilà qui « rassemble » comme toujours à coups d'exclusions et d'anathèmes. Et refait le match : battu à chaque éliminatoire depuis les législatives de 2022 (ce qui aurait dû le voir dissoudre dès lors puis éventuellement démissionner) il prétend « consulter », lui qui n'a jamais consulté personne, et s'accroche au pouvoir, pourtant vaincu, sans la moindre légitimité. . En fait il gagne du temps, laisse les médias jouer à longueur de journée la propagande du « tout sauf LFI » (au nom de quel argumentaire ? Aucun, c'est la vérité révélée, point barre) et joue sur le pourrissement de la situation.

Dernier épisode, les esprits étant bien imbibés de l'« évidence » quasi mystique de la censure automatique (avant même de savoir quel serait le premier texte proposé : on censure sans savoir, par principe, au nom probablement de cet esprit de conciliation et de responsabilité qui le pousse à son grand regret – tu parles ! - à tergiverser) Dernier épisode donc, on continue à ne pas nommer, et notre Attila des isoloirs, notre glyphosate de la représentation nationale s'en donne à cœur joie, desherbe, coupe des têtes, exclut, méprise : dès lors LFI n'est plus conviée (pftt, disparue, « LFI, vous avez dit LFI ? »), ni le RN (les deux vainqueurs donc), tandis que des « personnalités » seront appelées à donner leur avis (sur quel programme, mystère et boule de gomme.)

Le problème est que le NFP pour l'essentiel ne se désagrègera pas. Écarter LFI revient à écarter tout le NFP. Le RN (qui pourrait comme le NFP se sentir légitimement lésé) également viré, ne restent comme nominés aux oscars de la participation gouvernementale que la macronie et les malheureux 46 députés LR. Encore un effort, Mr le président, le LR ne pèse pas lourd, virez-les aussi, ne restera plus pour discuter avec vous … que vous-même. CQFD.

Ce président avait une obligation : nommer une ou un premier ministre. IL avait annoncé qu'il le ferait avec Jordan BARDELLA même avec une majorité relative. Celui-ci battu et refusant de toutes façons cette responsabilité, il se devait de nommer un élément du NFP, en y mettant tout son poids politique non pour le lyncher comme il le fait avec Lucie CASTETS, mais pour la faire accepter. En reconnaissant sa défaite, et en lui souhaitant bonne chance.

À ce stade de déni démocratique (« le président nomme le premier ministre », oui mais quand ? Dans un an, deux, jamais ?) il est certain que la « stabilité » tant vantée par notre enfant-roi ne saurait être plus stable. On s'étonne que l'on parle de destitution ? Il semble qu'elle ne soit pas matériellement possible, mais là n'est pas l'important, l'important est qu'elle s'avère si l'on y regarde bien amplement justifiée. Il y a là un président qui ne se préoccupe que de lui, qui refuse de nommer quand il FAUT nommer, qui ment comme il respire, qui bloque sans raison le fonctionnement de l'état, bref qui se moque des français. Nous assistons de fait à un vrai coup d'état institutionnel. J'ajouterai à mon avis qu'il n'est plus possible aujourd'hui d'écarter l'hypothèse d'un trouble psychiatrique bien compensé mais néanmoins bien réel, à l'évidence incompatible avec l'exercice de sa fonction.

Un mot toutefois pour tous les beaux parleurs qui plussoient à la fable macronienne : comment des LR par exemple, balayés aux élections, osent-ils ne serait-ce qu'évoquer la nomination de l'un des leurs à Matignon ? Comment osent-ils tous parler de compromis et de conciliation tout en excommuniant leur adversaires politiques ? Le président a été durant 7ans le champion de l'insulte et du mépris, il a fait bonne école et laisse derrière lui un champ de bataille politique et social dévasté. Après avoir tant nui à ce pays, il peut enfin lui rendre un service : nous infliger un de ses grands discours grandiloquents – le dernier, par pitié ! - pour nous dire que décidément nous ne méritons pas un astre de son gabarit, et qu'il démissionne.

Bon débarras.

Sans nomination de Lucie CASTETS et/ou sans sa démission, il est malheureusement à prévoir que c'est à bon droit que les citoyens viendront les exiger dans la rue, et l'on sait avec quelle violence cynique E.MACRON y répond chaque fois. Peut-être est-ce même ce qu'il recherche et ce qu'il espère, la violence et le désordre, fussent-ils légitimes, pour prétendre se présenter en sauveur et parachever son pronunciamiento.

Frédéric PIC

Pau

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