Mesdames, messieurs, grands résistants de l’urne et experts en barrages, ô ministres intègres, ô politicards moisis et leurs serviteurs zélés de l’éditocrassie,
Ainsi donc, vous vous étonnez. Vous vous désolez. Vous lamentez. Ainsi donc le fascisme est à nos portes dans une quasi indifférence, en comparaison des réactions qu’avait provoquées la qualification de Le Pen père. Grosse différence, madame Michu : Le Pen fille est tout sauf un hasard. Sa présence est l'oeuvre délibérée de notre misérable classe politique. Celle qui va du PS au LR en y incluant Macron et son extrême centre.
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« Hollande et l’oeuvre de sa vie » (Photo : Louison - Légende : Louis de Corbière)
Mesdames, messieurs, si 2002 était un accident, 2017 était une volonté. Votre volonté.
Depuis deux ans vous nous répétez jusqu’à la nausée que le FN est d’ores et déjà au second tour, avec des scores annoncés à près de 30% Qu’il n’y a rien que nous puissions faire pour empêcher cela. Que LA question politique majeure qui nous est posée est celle de trouver un candidat providentiel pour battre la peste brune. Et tous, vous vous réjouissez avec une gourmandise cynique, à l’idée de ce second tour qui garantira votre élection dans un fauteuil.
Je ne reviens pas ici sur la filiation directe entre votre politique (néo-, ultra-, socio-) libérale (mettez le préfixe bidon que vous préférez) et son fruit le plus vénéneux. D’autres le font mieux que moi, mais à cet égard, ce n’est pas le moindre mérite de la campagne dont Jean-Luc Mélenchon était le porte-parole que d’avoir mis en lumière cette filiation… et par-là même d’avoir fait puissamment reculer le vote immonde.
Las, le résultat des courses est connu. Il faut nous y faire, il faut vous y faire. Dans vos beaux milieux où tout le monde trahit tout le monde, c’est le petit Salieri de la finance qui a été le plus retors. Ça vous fait mal au cul ? Tant mieux. Nous c’est au coeur et au cerveau qu’on est frappés. Ce garçon sera-t-il dévoré demain par cette détestable ambition personnelle qui suinte par tous ses pores, ou conservera-t-il deux doigts de raison ? L’avenir nous le dira, mais les premiers signaux ont de quoi nourrir notre inquiétude, pour ne pas dire nos angoisses.
Cela étant, quelques scènes mémorables de la comédie que vous avez jouée méritent d’être rappelées.
Ainsi le gars qui prétend encore être notre président - celui qui se contrefoutait de cette élection alors même qu’on annonçait Le Pen à 25% ou 26% - ainsi ce petit monsieur n’est-il sorti de son hibernation QUE lorsque Jean-Luc Mélenchon a commencé à monter au-delà de 18%, et que corrélativement Le Pen baissait vers les 20%. Branle-bas de combat, réaction et sursaut national : sonnez tocsin, LE grand danger pour la France, l’Europe, l’infini et au-delà est de voir Mélenchon au second tour.
Faut-il rappeler que toute la fin de campagne a été marquée par cette unique obsession ? Place de la République, le deuxième candidat du PS (le petit) se déchaîne dans un discours insensé, plaçant dans la même phrase « Jean-Luc Mélenchon, problème avec la démocratie, fasciné par Poutine, complice du bourreau Assad ». Même avec quinze jours de recul, je vomis encore de cette dégueulasserie. S’y ajoutent de purs et ridicules mensonges sur une prétendue volonté de sortir de l’Europe. La presse de pacotille, Cohen et Aphatie en tête, agitent frénétiquement la muleta de ce sujet majeur qu'est l’ALBA. Un auteur de BD mythomane et manipulateur se répand dans de pleines pages du Monde ou de L'Obs. On pourrait en citer d’autres, pardon pour ceux que j’oublie. Bien entendu, ce ramassis de conneries est relayé par tout ce que ce système génère d’idiots utiles.
Aujourd’hui, alors même que l’irresponsable Macron mène une campagne de second tour d’un niveau de cour d’école primaire, il prétend nous culpabiliser. Stop ! Que ceux qui ont organisé sciemment, cyniquement ce piège démocratique cessent de rejeter leur responsabilité sur ceux qui se sont battus pour l'éviter.
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D’après Plantu. Ben quoi ? Vous trouvez ça moins drôle que l'original ?
Sursaut républicain sans conscience sociale n'est que ruine de la politique. On l’a constaté en 2002.
On nous somme de plébisciter le Dr Frankenstein pour éviter sa créature. De voter Von Papen pour différer l’arrivée d’Hitler. On nous somme de nous prosterner devant le VRP de la caste qui a organisé tout ça. Et on nous somme. non seulement de le faire, mais en plus de le dire ! On croit rêver.
« Tu me sommes à moi ? Tu me sommes à ta mère ? »
Hé oh, Manu, si déjà vous nous appelez à l’aide pour ramasser vos déjections, vous serez gentil de ne pas la ramener. Votre arrogance et votre stupidité sont insupportables.
Bon, et maintenant on va être sérieux deux minutes. Faut arrêter de nous prendre pour des jambons. L’écart est trop important pour que Le Pen puisse le combler. Aussi nul soit-il, Macron va être élu avec cinq à sept millions de voix d’avance. Il n’y a aucun doute là-dessus. D’ailleurs il suffit de se rappeler la triomphale remontée des Champs-Élysées de votre Virenque de la banque ; la fête est déjà ouverte. Bref. Tout le monde va faire ce qu’il doit faire, dans le calme. En revanche, le fait de nommer clairement dès à présent ce à quoi on a affaire, ça nous évitera au moins les désillusions ultérieures.
Mesdames, messieurs, parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, une majorité ira voter Macron. Les autres préfèreront vous laisser faire votre boulot. Tous prendront leur décision en toute conscience, avec un niveau élevé d’exigence politique. N’essayez pas de leur donner des leçons. N’essayez SURTOUT PAS de leur donner des leçons. Vous risqueriez de provoquer des effets secondaires indésirables. De même, n’ayez aucun doute : tous font leur choix avec dégoût.
Le cadeau que nous ne vous ferons en aucun cas, c’est de nous diviser. Et vous nous retrouverez sur votre route pour le troisième tour - les législatives - voire pour un quatrième - social - dans la rue. Continuez donc à vous étouffer dans votre rage et votre frustration de ne pas nous voir nous déchirer. C’est à nous que ça fait plaisir.